Anne Laurenson-Hollander, chez Google : "L’Afrique est le challenge de demain"

La directrice des partenariats Android chez Google pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique défend une technologie au service du plus grand nombre. Trait particulier : le goût des autres.

Madame Figaro. – Une heure de réveil ?
Anne Laurenson-Hollander.
7 heures, avec ma dernière fille.

Le pitch de votre poste ?
Je gère le développement d’Android pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Mes interlocuteurs sont les constructeurs et les opérateurs locaux, qui fournissent la connectivité et participent à l’innovation. Le même produit est en permanence adapté par les constructeurs à leur marché. Ce logiciel est open source, ce qui lui permet d’être à la pointe de l’innovation, de s’adapter au dernier smartphone à écran pliable de Samsung par exemple, mais aussi de rendre la technologie hyperaccessible.

Des résultats à donner ici et maintenant ?
Notre nombre d’utilisateurs : 2,5 milliards dans le monde.

Un défi pour demain ?
Aider à ce que le plus grand nombre ait accès à un smartphone abordable et donc à Internet. L’Afrique est le challenge de demain. Là-bas, le téléphone est souvent le seul moyen de travailler ou de s’éduquer, surtout pour les femmes. Nous devons adapter nos produits et les interfaces car tout monde ne sait pas lire. Et aider l’écosystème à développer des applis qui intéressent davantage les populations locales.

S’il faut remonter à l’origine ?
Une enfance à Lyon, dans une famille un peu stricte : il fallait être bonne à l’école. Ma force, c’est ma fratrie : nous sommes quatre frères et sœurs hypersoudés. Cela m’a construite et appris que rien n’est plus important que les personnes.

Un moment qui a tout déclenché ?
Après mon bac, j’ai intégré Centrale Lille. J’ai commencé dans la finance, mais ce n’était pas ma voie. Je voulais allier tech et business. Baigner dans un milieu masculin ne m’a jamais dérangée. Dans mon équipe, nous sommes à parité. Les profils féminins prennent juste plus de temps à trouver.

Un accélérateur de parcours ?
À 29 ans, un MBA à HEC, qui m’a permis d’entrer chez Google et m’a appris à travailler dans un environnement international. J’ai aussi toujours su lever la main pour les projets compliqués. Cela assied la légitimité.

Des mentors ?
Chez Google, j’ai eu des chefs qui m’ont fait confiance. Je n’ai pas besoin qu’on me challenge, mais la bienveillance aide à prendre des risques et à trouver des solutions. J’ai un sponsor en interne, que je rencontre tous les mois et qui m’ouvre son réseau.

Une digital addiction ?
Je n’envoie jamais de mail professionnel le soir ni le week-end, mais je suis en lien permanent avec mes frères et sœurs sur WhatsApp. Mes enfants trouvent que je suis trop sur mon téléphone !

Un moment off ?
Le sport en famille (vélo, ski, natation). Avec mon mari, nous avons trois enfants. On partage les tâches, on ne rentre pas tard et on habite à côté du travail et de l’école.

Votre définition de l’influence ?
Donner du sens à grande échelle.

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