12 000 musiciens jouant en même temps et au même endroit, en l’occurrence à Caracas au Venezuela. L’idée est née dans l’esprit d’Andrès David Ascanio, 34 ans, directeur du programme orchestral académique El Sistema, qui permet à tous les enfants Vénézuéliens, quel que soit le revenu de leurs parents, d’apprendre la musique gratuitement. Il a proposé un défi à ses élèves : décrocher le record du plus grand orchestre du monde, actuellement détenu par un orchestre russe qui avait rassemblé 8000 musiciens en 2019.
Il a donc fallu trouver un lieu pour faire jouer 12 000 enfants (de 12 ans et plus) et leurs professeurs. Un lieu qui, épidémie de Covid oblige, se devait d’être en plein air. C’est donc la place de l’académie militaire à Caracas qui a été choisie, immense esplanade aux pieds des montagnes qui bordent la ville, ce qui a donné, samedi 13 novembre, au coucher du soleil, un spectacle saisissant : 12 000 chaises, pupitres, instruments et autant de paires d’yeux tournées vers Andrès David Ascanio, debout sur son estrade. « Si une corde casse, leur a t-il lancé, ne vous arrêtez pas, pareil si vous vous perdez dans la partition, continuez de mémoire, mais surtout ne vous arrêtez pas. » Et pour cause, selon les critères du Guinness World Record, tout musicien qui s’arrête empêche le record d’être homologué. Alors, avec un peu de stress et après une courte répétition, le chef a levé sa baguette et le concert a commencé.
Le morceau choisi était la Marche Slave de Tchaïkovsky, une pièce de 10 minutes, assez technique, que tous les élèves apprennent systématiquement à l’académie. Tous, comme Andres David Ascanio qui a découvert la musique au piano à quatre ans, avant de passer à 11 ans à la trompette avec laquelle il est devenu virtuose, jouant pour les plus grands, de Claudio Abbado à Simon Ratel. Jusqu’à diriger aujourd’hui le programme d’enseignement musical pour la jeunesse. Au milieu d’une telle carrière, le record, qui sera validé dans les heures qui viennent, peut paraitre anecdotique, mais le chef le dédie à ses élèves, lui qui il y a quelques années décrivait à la presse spécialisée à sa philosophie ainsi : « Tout ce que nous faisons avec ces enfants – travailler des notes, des partitions, apprendre à jouer ensemble – c’est pour leur créer un meilleur avenir, parce que, même si le présent est difficile, on peut le dépasser, en jouant, et en chantant, car la musique permet de tout transcender. »
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