- Qu’est-ce qu’un aliment "brûle-graisses" ?
- La caféine et la théine
- Les protéines
- La yohimbine
- Les fibres solubles
- L’ananas et l’aubergine
- Comment "brûler" de la graisse ?
Pullulent régulièrement des listes d’aliments brûle-graisses, aux propriétés quasi-magiques. La faute, entre autres, aux régimes mono-aliment qui ont, encore aujourd’hui, la côte.
D’après ces derniers, il existerait donc des mets qui pourraient attaquer nos graisses quand nous les consommons (en clair, des produits dont « la digestion consomme davantage qu’elle n’apporte »).
Encore récemment, une synthèse de recherches publiées sur le site scientifique StudyFinds a listé les cinq meilleurs brûle-graisses (caféine, théine, protéines, yohimbine, fibres solubles) que l’on peut trouver dans notre alimentation. Mais cette dénomination pose question. Est-il réellement possible d’éliminer les graisses en mangeant ?
Avant de répondre à cette interrogation, il est important pour Caroline Seguin, diététicienne-nutritionniste d’apporter de la nuance dès le départ. “Il faut faire la part des choses entre les allégations de commerce et la médecine”, rappelle-t-elle d’entrée.
Qu’est-ce qu’un aliment « brûle-graisses » ?
Premier constat, le terme en lui-même veut “tout et rien dire en même temps”.
« Brûler par définition, c’est détruire par le feu et dans le métabolisme des graisses, le feu ne rentre pas en jeu. Encore une fois, ce genre de vocabulaire est principalement utilisé pour attirer notre attention”, explicite la spécialiste.
D’autant que l’experte insiste : c’est également une dénomination qui, dans l’inconscient collectif, est péjorative. C’est « éliminer quelque chose de malsain et ici, le gras est diabolisé. Alors que les acides gras ne sont pas malsains, notamment les AGE (acides gras essentiels) », poursuit Caroline Seguin.
De plus, « on ne peut pas dire qu’il y a des aliments brûle-graisses. Oui, certains augmentent ou limitent la dépense énergétique, mais on parle bien d’énergie et pas de graisse », démystifie la diététicienne-nutritionniste.
La caféine et la théine
Mais qu’en est-il alors de ces brûle graisse naturels cités par l’article scientifique susmentionné ? Pour Caroline Seguin, il convient, encore une fois, de nuancer.
« Il y a du vrai, mais c’est des raccourcis. Par exemple, la caféine et la théine vont avoir les mêmes actions. Les deux sont des stimulants métaboliques, notamment parce qu’ils augmentent la sécrétion d’adrénaline, qui favorise la lipolyse (dégradation des lipides, ndlr) », explique la spécialiste. Également, les deux contiennent des antioxydants et sont des excellents diurétiques. Mais pas de combustion de graisses en vue.
De même, la diététicienne-nutritionniste alerte quant à l’hyper-stimulation. « Si l’on en boit trop, on est en hypervigileance. On diminue donc notre temps de sommeil, ce qui est un facteur qui freine la perte de poids ». Elle recommande ainsi de se contenter de deux tasses par jour, café et thé confondus.
Les protéines
La synthèse de recherche cite également les protéines. Et Caroline Seguin n’est pas surprise.
« Jusqu’à récemment, les régimes hyperprotéinés étaient très plébiscités. Mais en manger ne brûlera pas non plus vos graisses. Là où elles sont intéressantes c’est qu’elles participent à la construction de la musculature et favorisent la satiété. Il est intéressant de noter qu’un gramme de protéines est deux fois plus calorique que les lipides (4kcal pour la protéine contre 9kcal pour le lipide). Mais les glucides contiennent la même charge calorique que les protéines ».
Toutefois, là aussi elle met en garde contre une sur-consommation, notamment de protéines en poudre. « Quand on en prend trop, l’organisme fabrique des corps cétoniques, des polluants qui encrassent les organes émonctoires et surtout les reins, cela freine le métabolisme et peut mettre notre santé en danger« , alerte-t-elle.
La yohimbine
Plus problématique, l’article scientifique américain cite la yohimbine – substance active à effet thérapeutique, inhibiteur sélectif des récepteurs alpha2-adrénergiques présynaptiques, sympatholytique, vasodilatateur et hypotenseur, définit le Vidal -.
Si cet alcaloïde de l’écorce de la yohimbe (un arbre d’Afrique de l’ouest) est réputé pour ses vertus aphrodisiaques, il est aussi connu pour « exciter » littéralement le corps et le plonger dans un état de surrégime. « C’est typiquement un produit qui fait travailler notre corps à fond, jusqu’à ce qu’il casse », assure l’experte.
D’ailleurs la yohimbine est interdit à la vente, en France, depuis 2019 (pour son utilisation dans l’alimentation), souligne-t-elle. « Il a des effets délétères sur la santé, il augmente le rythme cardiaque et peut créer des hallucinations », liste Caroline Seguin.
Les fibres solubles
Enfin, sont citées comme alliées brûle-graisses naturels les fibres solubles. Parmi elles, les légumineuses, l’avoine, les pommes ou encore les agrumes.
Mais encore une fois, la spécialiste désapprouve. « Il y a deux types de fibres. Les insolubles agissent comme des éponges, se gorgent d’eau et régulent l’appétit. Les solubles forment un gel qui diminue le mauvais cholestérol et favorisent l’absorption des glucides, ce qui limite le stockage du gras », explicite-t-elle.
L’ananas et l’aubergine
Si les fruits et les légumes ne sont pas mentionnés dans l’article de recherches, il n’empêche que selon ce qu’on peut lire ici et là, l’ananas et l’aubergine aurait également des propriétés brûle-graisses. « J’ai eu des patients qui venaient me voir en me disant qu’ils ne mangeaient que des fruits et des légumes, par panier, et que pourtant, ils ne maigrissaient pas », témoigne la diététicienne-nutritionniste.
L’ananas est particulièrement plébiscité parce qu’il est doté bromélaïne dite « mangeuse de graisses ». « La bromélaïne est une enzyme protéolytique qui permet une bonne digestion des protéines, et non des graisses. Aujourd’hui, les scientifiques lui reconnaissent seulement une action anti-inflammatoire intéressante. De plus, il faut souligner que cette enzyme se trouve majoritairement dans la tige et dans les feuilles de l’ananas. Par conséquent, manger le fruit ne permet pas d’en profiter pleinement », clarifie Passeport Santé.
De son côté, l’aubergine aurait un rôle « d’éponge » et absorberait ainsi graisses et toxines. « Les aubergines sont riches en fibres et pauvres en calories, ce qui en fait un excellent complément à tout régime de perte de poids », confirme Healthline. Mais aucune étude n’a pour le moment démontré un effet « destructeur de graisses ».
Comment « brûler » de la graisse ?
Ainsi, Caroline Seguin est formelle : aucun aliment ne fera magiquement fondre nos cellules graisseuses. « Simplement, si je mange quelque chose, je consomme des calories, je ne dépense pas de l’énergie », résume-t-elle.
Les « brûleurs de gras » mentionnés ci-dessus sont avant tout des « stimulateurs métaboliques » qui ne font pas que travailler notre système digestif, mais aussi notre cœur, notre cerveau ou encore nos niveaux d’attention. Et quand une sur-stimulation se produit, l’organisme peut être en danger.
Alors, si vous souhaitez vraiment dépenser de l’énergie, « il n’y a pas de magie », appuie la diététicienne-nutritionniste. « Déjà, on ne s’interdit aucun aliment (sauf contre-indication médicale), on mange équilibré, avec des apports qui correspondent à nos besoins énergétiques et on pratique une activité physique ».
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