Après des années dans le négoce de pierre, cette jeune créatrice s’est mis à son compte il y a un peu plus de deux ans en conservant son ancien fournisseur. Résultat ? Des bijoux colorés, d’une qualité rare chez les indépendants, qui lui attirent de nombreuses demandes spéciales avec le privilège rare d’avoir carte blanche.
C’est le lot de nombreux créateurs et d’ateliers indépendants, voir une horde de futurs mariés en quête d’une bague de fiançailles classique ou d’une copie d’un grand nom de la Place Vendôme franchir la porte. Alice Fournier a la chance d’y échapper. Première raison, même si elle en travaille certains, ce ne sont pas pour ses diamants que cette jeune franco-suisse s’est taillée une réputation, mais plus pour son nuancier complet de pierres de couleur. Mais surtout, Alice Fournier met un point d’honneur à répondre à chaque personne pour leur expliquer dans le détail l’intérêt de telle ou telle pierre, le travail des ateliers derrière chaque bijou ou la précision d’un devis, forcément plus conséquent car tout est fait à Paris. Au final, si certains repartent avec leur idée toujours en tête, beaucoup se laissent convaincre. Voire même, certains lui font entièrement confiance pour proposer une création unique, du dessin, à la pierre, en passant par le bijou.
Pierres de taille
Collier Muzo en or jaune, émeraude trapiche, Alice Fournier.
Car ses bijoux méritent une vraie explication. S’il est devenu classique de voir des bagues de jeunes créateurs en tourmaline par exemple, il est moins fréquent de croiser des Paraïba cabochon de taille ovale sur une chevalière graphique. Tout simplement car la mine brésilienne où l’on trouve ces dernières est éteinte depuis déjà de nombreuses décennies. Alors comment se les procure-t-elle ? Car, les pierres, c’est le premier métier d’Alice Fournier. Diplômée du Gemological Institute of America, cette dernière a d’abord fait ses classes chez Stone Paris en dessinatrice, avant de revenir à ses premières amours minérales auprès d’un des plus grands négociant de pierres. Si la compagnie est allemande, Alice a fondé et tenu le bureau parisien pendant de nombreuses années. Bien qu’éduquée sur le sujet, c’est sur le terrain, des salons de pierres de Hong Kong ou de Basel aux rendez-vous avec les grands gemmologues qu’elle a plongé dans le détail. Qu’est-ce qui fait la beauté d’une pierre ? Pas seulement sa couleur ou sa forme, mais aussi une foule d’autres critères techniques qui font qu’elle écarte aujourd’hui en un coup d’œil les pierres qui ne sont pas à la hauteur de ses attentes.
Bagues à part
Chevalière Yukon en or blanc, tourmaline Paraïba, diamants, Alice Fournier.
Il lui aura fallu dessiner une première collection à son image pour montrer de quoi elle était capable dans ce secteur hautement concurrentiel. Des bagues pop oscillant du rose bonbon au bleu lagon, en passant par des perles et des émeraudes atypiques, qu’elle monte sur des montures minimales et solaires. Grâce au bouche à oreille, son nom circule et à la faveur du boom digital, c’est aussi beaucoup sur Instagram qu’on la contacte. Bien plus que sur son site internet.
Au final, ses plus grandes clientes sont des femmes qui ont déjà amassé bon nombre de trésors signés dans leur malle aux trésors et qui veulent une qualité irréprochable, le twist créatif en plus. Pour elles, Alice Fournier continue à acheter régulièrement des pierres pour garnir ce stock qu’elle s’est constitué au fil du temps. Et c’est là aussi le secret d’une professionnelle, bien acheter pour ne pas suivre les tendances et anticiper d’éventuelles ruptures de stock. Ce que son fournisseur de pierres a bien compris quand il a mis au coffre bon nombre de tourmalines Paraïba au moment où les mines tournaient encore à plein régime. Pour autant, Alice Fournier continue inlassablement à dessiner de nouvelles collections entre deux coups de téléphone, pour continuer à présenter une vitrine à ceux qui voudront ensuite se projeter sur un spécimen unique, rien qu’à eux.
Alice Fournier dans son atelier parisien.
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