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- Aujourd’hui, « La chanteuse de bal » de Julien Rampin paru le 19 avril 2023 aux Éditions Charleston.
Marceline Bodier, bookstagrameuse et contributrice du groupe de lecture 20 Minutes Books, vous recommande « La chanteuse de bal » de Julien Rampin, qu’elle a interviewé. Son nouveau roman est paru le 19 avril 2023 aux Éditions Charleston.
Sa citation préférée :
Je ne pouvais pas affronter le regard des autres. C’est tout.
Pourquoi ce livre ?
- Parce que le livre est en deux parties. C’est d’abord une intrigue à suspense : quel est le lien entre la mort de deux jeunes dans les années 1970, et une chanteuse de bal aujourd’hui ? Puis il devient plus militant – mais chut, je ne vais évidemment pas lever le suspense ! D’autant plus que je suis sûre que si vous connaissez l’auteur, vous êtes déjà en train de faire des suppositions. Mais si vous le connaissez vraiment, alors vous vous doutez bien aussi qu’il sait se renouveler et que pour tout savoir sur la chanteuse de bal, il va falloir lire le livre.
- Parce que Julien Rampin tient le cap de convictions humanistes qu’il défend au travers d’un livre aux allures de conte de fées. (Re) lisez Bettelheim : sous leurs dehors inoffensifs, les contes de fées sont un support de choix pour mettre en scène la violence et les drames… Ici, les événements relatés n’épargnent personne, et même les vies apparemment tranquilles menacent toujours de se finir dans l’amertume. Comme dans le feel-good, l’auteur habille ses histoires de légèreté et de bulles de fête ; comme dans la vie, le strass et les projecteurs masquent les larmes.
- Parce qu’une fois de plus, Julien Rampin signe un livre sur la difficulté à être soi dans un monde où des normes nous écrasent dès la naissance. Le livre commence par un incendie, bûcher des vanités du village dans lequel sa jeunesse est dévorée. Il continue à l’autre extrémité de la vie, où la sécheresse du cœur est le lot d’années passées à côté de ses désirs, faute d’avoir su les assumer. Il se termine dans les paillettes, comme une manière d’accepter les pertes et les renoncements, mais non sans accepter la beauté des destins cabossés.
Julien Rampin, après « Grandir un peu », « La chanteuse de bal » nous ramène dans le sud-ouest, où nous croisons même Lucas et Benjamin le temps d’une fête. C’est votre sud-ouest natal : que s’y passe-t-il de si propice à un cadre de fiction ?
Je ne sais pas si c’est un cadre propice à la fiction mais je sais que par la force des choses, il m’inspire ! Ce sont mes racines, là où tout commence pour moi et j’ai une tendresse infinie pour ces lieux. J’avais envie de revenir sur ce terrain de jeu, déjà évoqué dans mon premier roman. Le canal du Midi a bercé mon enfance. J’aime faire des clins d’œil à mes différents romans en ancrant mes histoires dans un univers commun où on peut croiser d’anciennes connaissances d’un livre à l’autre. Il s’agit d’un clin d’œil, d’une connivence avec mes lecteurs.
La chanteuse de bal porte un message de lutte contre les discriminations à la fois affirmé et sans aucune ostentation (d’autant plus que pour comprendre, il faut lire l’histoire jusqu’au bout). Est-ce votre manière personnelle d’être militant ?
Je n’aime pas le terme de militant, il y a une certaine violence derrière ce mot-là qui ne correspond pas à ma nature profonde. Disons que j’aime passer des messages, en douceur, dans le cadre d’un roman populaire. Je peux ainsi faire passer ces convictions qui m’animent, mon regard sur le monde. C’est d’ailleurs ce qui me touche le plus dans l’écriture, cette possibilité de se livrer derrière le rempart de la fiction.
« La chanteuse de bal » donne à lire des extraits de journal intime qui ont de forts accents de vérité et auxquels il est facile de s’identifier. Ce n’est pas étonnant : nous avons tous envie de devenir qui nous sommes, comme Antoine. Et vous, est-ce que cela fait écho à votre histoire ?
Je pense que nous passons tous, à un moment donné, par ce besoin de se construire, de se révéler. La quête de soi est universelle et je ne fais pas exception à la règle. Dans ce roman, par exemple, les chansons jouent un rôle important. La variété française a été, pour moi, un moyen d’évasion, de compréhension de qui j’avais envie d’être et un baume sur les douleurs intimes. La musique m’a mené vers la littérature et je ne peux me passer ni de l’un, ni de l’autre. Mon seul regret, c’est que je chante comme une casserole !
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. 1978 : l’incendie d’une boîte de nuit prend la vie de deux jeunes dans un village du sud-ouest. 2022 : les survivants semblent aigris, tandis que leurs descendants ne sont pas épargnés par le deuil. Surgit une septuagénaire inconnue, dont l’élégance dénote : qui est cette chanteuse de bal ?
Les personnages. « Dans la famille Adams, je voudrais le fils » : Antoine, vraiment ? C’est mal le connaître… pourtant, oui, ses parents sont peut-être plus mortifères que Morticia et Gomez. Et que dire d’un village où l’on préfère passer à côté de sa vie plutôt que laisser éclater la vérité sur une tragédie ?
Les lieux. Pas facile de vivre dans un village où tout le monde se connaît, où chacun en sait plus long que ce qu’il veut bien dire, mais où personne ne veut être le premier à bousculer les conventions. Eh oui… mais c’est dans le manoir que le drame s’est noué : il faudra aussi qu’il s’y dénoue.
L’époque. Le livre se passe dans un monde post-Jean-Pierre Pernault (2022, donc), mais il revient inlassablement au 15 juillet 1978 qui a traumatisé tout un village. Et aussi à un certain 3 mai 1987, date où Dalida est morte de « solitude imposée ». Un tel destin ne devrait-il pourtant pas être évité ?
L’auteur. « On ne peut pas se battre contre toutes les discriminations […], mais je ne ménage pas mes efforts », dit l’un des personnages. C’est aussi ce que fait Julien Rampin livre après livre, cette fois en entrecoupant l’histoire d’un journal intime aux forts accents de sincérité. Une nouvelle réussite de ce bookstagrameur aux 16.600 abonnés sur son compte @labibliothequedejuju.
Ce livre a été lu avec la conviction que plus encore qu’œuvre de divertissement, Julien Rampin fait œuvre de pédagogie dans un pays qui compte 36.000 villages de Beautemps-Lauragais et 68 millions d’Antoine Piquemal : rien d’autre que des êtres désireux de devenir qui ils sont.
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