Depuis le 1er janvier 2021, une entreprise basée à Montpellier autorise ses employées à prendre une journée de congé en cas de règles douloureuses, sans justification ni perte de salaire. Une première en France, qui serait pourtant “une fausse bonne idée” selon le collectif Osez le féminisme.
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C’est une grande première dans le monde du travail français. Comme le rapporte Le Parisien / Aujourd’hui en France, une entreprise basée à Montpellier a décidé d’expérimenter le congé menstruel. Depuis le 1er janvier 2021, les employées de La Collective – coopérative spécialisée dans le recrutement de donateurs pour des ONG – peuvent bénéficier d’une journée de repos par mois en cas de règles douloureuses. Et ce, sans donner de justification, ni perdre un centime de salaire. Nul besoin de présenter un certificat médical : “un simple mail au directeur administratif, y compris le jour même, permet de s’absenter”, indique le journal francilien. L’entreprise s’engage ainsi “à respecter la confidentialité de l’information et à payer cette journée comme un congé classique, supplémentaire et facultatif”. Ce congé menstruel n’est donc pas considéré comme un arrêt de travail, contrairement à un arrêt maladie, et est pris en charge à 100 % par l’employeur.
Il s’agit pour l’instant que d’une simple expérimentation, conclue pour une durée d’un an “afin de décider ensuite de son maintien ou d’éventuels aménagements”. Mais le cogérant de La Collective, Dimitri Lamoureux, se montre optimiste pour l’avenir : “Nous sommes confiants sur notre capacité à assumer et pérenniser le congé menstruel. Et nous espérons même que cela puisse à terme faire bouger les choses dans le pays”, a-t-il confié à nos confrères.
“Une fausse bonne idée” selon l’association Osez le féminisme
Selon un sondage Ifop réalisé pour 20 Minutes en mars dernier, 68 % des Françaises seraient favorables à l’instauration d’un congé menstruel. Et si l’initiative paraît révolutionnaire dans l’Hexagone, le collectif Osez le féminisme alerte pourtant sur les problèmes que cela peut engendrer. “C’est une fausse bonne idée”, assure la porte-parole Céline Piques au Parisien. Des propos repris par sa collègue auprès de France Info : “L’intention est bonne. On ne pense pas que les résultats de cette petite boîte peuvent être généralisés. Dans notre société, les règles sont toujours stigmatisées”, explique Fabienne El-Khoury, elle aussi porte-parole de l’association. Elle estime ainsi que “beaucoup de femmes hésiteront à prendre ce congé par peur d’être stigmatisées”.
Pour éviter la discrimination sexiste au sein de l’entreprise, Osez le féminisme appelle à déconstruire l’image que la société se fait des menstruations, et surtout des règles douloureuses. Fabienne El-Khoury rappelle aussi que l’endométriose est encore aujourd’hui une maladie méconnue des soignants : “Il faut attendre sept ans en moyenne pour que les femmes soient diagnostiquées.” Comme l’explique le collectif, le congé menstruel “pourrait être une bonne idée” que lorsque l’on aura réussi à “déstigmatiser” les règles. “Et pas juste un seul jour, car pour beaucoup de femmes, cela dure plus longtemps”, conclut finalement la porte-parole du mouvement.
Quid des autres pays ayant déjà mis en place un congé menstruel ?
Le problème soulevé par Osez le féminisme s’observe notamment dans certains pays d’Asie ayant adopté le congé menstruel, comme le rapporte L’Obs. En Corée du Sud, les femmes qui ne le prennent pas sont récompensées par une prime de présence, tandis qu’à Taïwan, cette absence est suivie d’une baisse de salaire conséquente. En Indonésie, un examen médical est demandé en guise de preuve. Au Japon – selon une étude réalisée en 2016 par le Zenrôren, principal syndicat national – seules 0,09 % des femmes osent prendre leur congé menstruel. 21 % des femmes interrogées estimaient honteux d’évoquer le sujet des règles avec leurs supérieurs.
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