Sylvain Augier : "Je suis frappé par une dépression violente !”

L’ancien animateur de "La Carte aux trésors" révèle pour la première fois souffrir de bipolarité…

Il est descendu sur la voie du TGV et a attendu que le train vienne le faucher… Quel désespoir a pu pousser Sylvain Augier a en arriver là ? Cette pathologie que l’on nommait autrefois une psychose maniacodépressive, un trouble bipolaire, se caractérise par des changements d’humeur variables en intensité et en durée. À des phases d’excitation succèdent des phases de fortes dépressions. Pour l’ancien animateur de La Carte aux trésors, les premières manifestations de cette maladie sont apparues il y a trente-trois ans. Il l’a raconté à Pascale de La Tour du Pin, dans l’émission PAF, sur C8 : « J’ai passé une semaine extraordinaire à l’arrivée de la Route du Rhum, en 1990. Ça m’a donné une surexcitation absolument anormale, une folie circulaire comme on dit… J’ai loué des avions, des bateaux, j’ai emmené tout le monde se promener. »

Dans une euphorie sans limite, il le fait jusqu’à ce qu’il n’ait pratiquement plus d’argent ! « Je profite à fond, comme un roi, puis je rentre à Paris, et subitement, après une émission de radio en direct, je suis frappé par une dépression violente, suicidaire, et je me suis dit que je n’allais pas m’en sortir. » Sylvain prend rendez-vous avec un psychiatre. Le verdict l’anéantit : il souffre d’une maladie bipolaire de type 1. « Ça ne se guérit pas mais on peut le soigner », lui assène le spécialiste. « C’est la génétique. Mon père était bipolaire, mon grand-père était bipolaire… J’ai hérité de ça plein pot. »

Il a alors 35 ans et sa vie ne sera plus jamais la même. On peut lire sur le site du dictionnaire médical Vidal cette description : « Une personne en phase maniaque est anormalement euphorique, énergique, hyperactive ou agressive. Elle est exaltée et conçoit une confiance déraisonnable en elle-mêmeElle n’a plus d’inhibition, fait ou dit ce qui lui passe par la tête, sans se soucier des conséquences […] Elle fourmille de projets, bouge sans arrêt, ne se sent jamais fatiguée. Elle peut oublier de manger pendant plusieurs jours et dort peu. Ses pulsions sexuelles sont accrues. […] Certains malades apprécient ces épisodes maniaques au cours desquels ils se sentent invincibles et pensent que rien ni personne ne peut leur résister. Quelques-uns se révèlent d’ailleurs très performants professionnellement ou très créatifs. » Évidemment, la phase descendante est inversement proportionnelle.

Plus l’euphorie a été grande plus la détresse le sera. Sylvain explique « Le grand danger de la maladie bipolaire, c’est quand on est en dépression, c’est suicidaire. On ne pense qu’à une seule chose, c’est disparaître. » Désespéré, certain de ne pouvoir en sortir, Sylvain se met face à un TGV. Au dernier moment pourtant, au milieu de toute la noirceur, une pensée le sauve : dans son esprit apparaissent son épouse, ses enfants… Au dernier moment, il s’écarte de la voie ferrée. Il était si proche, qu’il dit être passé à quelques centimètres, et avoir senti le souffle du train…

Pour diminuer l’impact de la maladie, Sylvain suit depuis trente-trois ans un traitement lourd qu’il ne pourra jamais arrêter. Tout cela, l’ex-animateur a décidé de le raconter. Le 12 octobre, sortira son livre Je reviens de loin, dans lequel il évoque sa lutte.

Divorcé de son épouse, Carol, en 2009, il vit à Lecques, dans le Gard. Il s’y consacre à l’écriture et organise régulièrement, dans le village de Sommières, des rencontres littéraires avec des auteurs de renom. Il a trouvé là-bas un équilibre salvateur, une sorte de paix de l’esprit qui, sans nul doute, participe à l’apaiser. Il a d’ailleurs adressé un message d’espoir aux deux millions de Français qui souffrent de ce mal : « On peut en revenir. On peut se guérir et s’en soigner ».

JEAN MARC

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