Richard Anconina : "La société n’a pas d’autre choix que d’organiser la réinsertion des détenus"

Dans la peau d’un professeur respecté dont la vie bascule quand son passé de délinquant est révélé, Richard Anconina plaide pour le droit à la réinsertion. Ce qu’il défend avec conviction, à la ville comme à l’écran dans le téléfilm Un mauvais garçon, mercredi 5 février à 21 h 05 sur France 2.

Qu’avez-vous appris en travaillant ce personnage ?

Richard Anconina : Cela m’a passionné. En me documentant, j’ai découvert que de nombreux détenus décident de passer le bac en prison et – c’est ça qui est touchant -, que 100 % l’obtiennent ! Pour rester connectés avec l’extérieur, certains se lancent dans de grandes études, d’autres apprennent un métier. Leur vie ne se résume pas à ce qu’ils ont commis pour se retrouver là. C’est le sujet du film.

Croyez-vous à la rédemption pour tous ?

Non. Il y a un pourcentage incontournable de récidivistes. Mais les autres, ceux qui veulent grandir, il va falloir les aider quand ils seront dehors. Pas pour leur faire plaisir ni pour les victimiser – je veux être très clair là-dessus – juste parce que c’est compliqué de retrouver une vie "normale". La France compte 71 000 détenus qui, tous, vont finir par sortir. La société n’a pas d’autre choix que d’organiser leur réinsertion et de faire en sorte qu’ils ne soient plus dangereux.

N’avez-vous jamais pensé à devenir avocat ?

Non, mais j’ai toujours fait le parallèle entre le métier d’acteur et le métier d’avocat. Dans un cas comme dans l’autre, on tente de défendre l’indéfendable en revenant vers l’humanité des accusés ou des personnages.

Le citoyen que vous êtes intervient-il dans les choix du comédien Richard Anconina pour faire passer certains messages ?

Si vous avez ressenti ces choses-là, je suis content. Même dans des pures comédies comme La vérité si je mens !, il y a toujours un petit fond.

Aujourd’hui, les beaux rôles ne sont-ils pas plus à la télévision qu’auparavant ?

Oui, car la télévision a été obligée d’attirer des metteurs en scène et des scénaristes de talent. Quand on voit ce qui se passe sur Netflix ou à l’étranger, c’est du haut niveau, on a intérêt à assurer. Le Bureau des légendes, par exemple, c’est costaud !

Vos apparitions à l’écran se font avec parcimonie. Pensez-vous qu’on pourrait passer la vitesse supérieure ?

(Il rit.) Je suis ravi que vous me posiez cette question ! Disons qu’on est en première et qu’on pourrait peut-être passer la troisième, sinon on n’est pas arrivé !

Croyez-vous avoir une part de responsabilité dans le fait que les propositions ne vous arrivent pas assez vite ?

Probablement. Il y a plein de choses qui ne me plaisent pas. Sans compter que, physiquement, j’ai fait jeune assez longtemps. À un moment, mon image était tellement lisible que les gens ne m’imaginaient pas autrement. Ça prend du temps pour montrer que l’on est un homme plus vieux, plus dur.

Et le théâtre, pourquoi ne vous y voit-on pas ?

Parce que c’est dur et parce que j’ai peur. La seule chose qui pourrait dissiper ma peur, c’est un texte fort. Là encore, je suis difficile dans mes choix.

L’avantage, c’est que vous pouvez vous regarder en face, non ?

Je suis en paix, c’est vrai.

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