Réalisatrice, militante, apprentie-avocate : Halle Berry (re)ssort les griffes

L’actrice américaine, qui vient de célébrer son 54e anniversaire, s’apprête à dévoiler son premier film en tant que réalisatrice. Entre militantisme, premiers pas de cinéaste et clins d’œil à James Bond, la rentrée lui appartient.

Dans Meurs un autre jour (2002), elle jaillissait de l’océan, vêtue d’un bikini orange désormais mythique. Le tout, sous le regard fasciné d’un certain Pierce Brosnan, retranché derrière ses jumelles. Dix-huit ans plus tard, Halle Berry a redonné vie à son personnage de James Bond Girl le temps d’un post Instagram. Ses quelques 6,5 millions d’abonnés ont ainsi découvert, le 10 août, un cliché récent de l’actrice rejouant sa scène culte. «L’orange a toujours été ma couleur», plaisante-t-elle sur Twitter. À l’aube de son 54e anniversaire, la comédienne donne le ton. Et amorce, l’air de rien, son retour sur le devant de la scène.

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Never been a shady beach. ?

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Après un long passage à vide – marqué par l’échec critique et commercial de Catwoman (2004), puis l’arrêt de la série Extant (2014) après deux saisons -, Halle Berry sera prochainement à l’affiche de Moonfall, un blockbuster de Roland Emmerich qui se déroule dans l’espace. Mais elle a surtout choisi d’officier derrière la caméra. Dans Bruised, son premier film en tant que réalisatrice, elle incarne une mère célibataire, ex-championne de MMA (les arts martiaux mixtes), contrainte de remonter sur le ring pour conserver la garde de son fils. Le long-métrage sera présenté au festival international du film de Toronto (TIFF) courant septembre. L’actrice en a, par ailleurs, partagé un premier cliché sur son compte Instagram, le 30 juillet.

Éloge de l’indépendance

Néo-gourou de la confiance en soi, la quinquagénaire a également distillé tout l’été ses conseils lifestyle et bien-être sur les réseaux sociaux, à grand renfort de photos topless, d’exercices de fitness et de mantras comme «L’amour-propre n’est pas égoïste». Le 18 août, elle posait également en minirobe dans les rues de Los Angeles, à l’occasion d’un shooting organisé par le magazine Variety. Bref, Halle Berry rayonne. L’actrice de 54 ans a même laissé entendre qu’elle avait retrouvé l’amour entre les bras d’un mystérieux inconnu – en témoignent deux clichés de ses pieds, entrelacés à ceux d’un homme, publiés sur son compte Instagram. Mais elle revendique, avant tout, sa vie de femme indépendante.

Séparée de son ex-époux Olivier Martinez depuis 2015, elle a décidé de devenir sa propre avocate durant leur procédure de divorce, a révélé le magazine People fin août. Le couple, qui s’était rencontré en 2010 sur le tournage de Dark Tide, avait scellé son union en France, en 2013, et donné naissance à un petit garçon, Maceo, en octobre de la même année – Halle Berry étant déjà mère d’une petite fille, Nahla, née en 2008 de son union avec Gabriel Aubry. Le divorce de l’actrice et d’Olivier Martinez avait été finalisé en décembre 2016. Mais la comédienne avait relancé la procédure en 2018, afin de revenir sur certains détails de l’accord. Un défi qu’elle affronte avec son aplomb légendaire, qu’elle s’efforce aussi de transmettre à ses pairs et à sa communauté.

#SayHerName

Très impliquée dans la représentation des femmes noires, l’interprète de Tornade dans la saga X-Men a notamment convaincu la productrice Oge Egbuonu de passer derrière la caméra, afin de réaliser le documentaire (In)Visible Portraits, sorti le 19 juin, qui dénonce les préjugés dont elle ont souffert en l’Amérique. Un projet qui a bien failli être avorté, en raison des doutes de sa réalisatrice. «J’étais sur le sol de sa cuisine (celle de Halle Berry, NDLR), en pleurs, et j’ai dit : « Je ne peux pas faire ça, je dois dire non », se souvient Oge Egbuonu dans les colonnes de Variety. Elle m’a répondu : « Qu’est-ce que tu veux dire ? Bien sûr que tu vas le faire.(…) »» L’actrice aurait alors poursuivi : «Sais-tu combien d’hommes blancs ont eu l’opportunité de réaliser des films à Hollywood alors qu’ils ne l’avaient jamais fait auparavant ? Et ils ont dit oui.»

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#SayHerName #BreonnaTaylor

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Dans une année marquée par le mouvement #Blacklivesmatter, Halle Berry combat elle aussi le racisme, notamment à travers des posts militants. Première femme noire à avoir remporté l’Oscar de la meilleure actrice en 2002, grâce à sa prestation dans À l’ombre de la haine, elle soutient Kamala Harris, potentielle vice-présidente démocrate des États-Unis. Dans un message publié le 11 août, elle demandait également justice pour Breonna Taylor, une ambulancière afro-américaine de 26 ans, tuée par des policiers le 13 mars. La jeune femme est, depuis, devenue l’une des figures du mouvement #SayHerName, qui rappelle que les femmes noires aux États-Unis sont tout autant victimes de violences policières que les hommes. «Cela fait 150 jours que #BreonnaTaylor a été tuée dans sa maison par #JonathanMattingly, #BrettHankinson, et #MilesCosgrove, rappelle Halle Berry dans la publication. Ils n’ont toujours pas été inculpés. Nous devons nous révolter et ne pas abandonner pour elle.»

« Je veux mettre en avant les femmes noires »

Halle Berry après avoir remporté l’Oscar de la meilleure actrice. (Los Angeles, le 24 mars 2002.)

En parallèle, la quinquagénaire a interviewé l’actrice Laura Harrier, 30 ans, dans l’édition de septembre de V Magazine.Au coeur de leur conversation : le racisme à Hollywood. «Après avoir réalisé ce film (Bruised, NDLR), je vais peut-être faire appel à toi, explique Halle Berry à sa nouvelle protégée. Je veux mettre en avant les femmes noires (…) et m’assurer que nos histoires soient racontées.» «Je ne veux pas vous effrayer, mais vous êtes la raison pour laquelle j’ai voulu devenir actrice, lui confie Laura Harrier, révélée par la série Hollywood. Je vous vois comme un modèle depuis toujours.»

En 2002, lors de la cérémonie des Oscars, Halle Berry évoquait déjà le fait d’ouvrir la voie à ses pairs. «Cet instant me dépasse, déclarait-elle dans son discours de remerciements, après avoir remporté la prestigieuse récompense. Je le dédie à Dorothy Dandridge, Lena Home, Diahann Carroll. Il est dédié aux femmes qui assurent mes arrières : Jada Pinkett, Angela Bassett, Vivica Fox. Et à toutes les autres femmes de couleur, qui ont désormais une chance car cette porte leur a été ouverte.» Trente ans après le début de sa carrière, Halle Berry a d’ores et déjà laissé une trace indélébile dans l’histoire de Hollywood. Et si elle incarne une femme «meurtrie» (bruised, en anglais) dans son premier film en tant que réalisatrice, cela ne fait aucun doute : elle n’est pas prête d’abandonner la lutte.

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