Un autoportrait de Vincent Van Gogh, dont l’authenticité a longtemps été mise en doute, a officiellement été reconnu comme œuvre de l’artiste par des experts néerlandais lundi 20 janvier. La toile, qui appartient au Musée National de Norvège à Oslo, a été peinte par l’artiste en août 1889, alors qu’il était interné dans l’hôpital psychiatrique de Saint-Rémy-de-Provence. Elle constituerait à ce jour son unique œuvre connue réalisée durant sa psychose, selon Louis Van Tilborgh, expert du Musée Van Gogh d’Amsterdam, auquel la peinture est actuellement prêtée.
La toile représente donc l’artiste néerlandais émergeant d’une crise psychotique, le visage décharné, l’air hagard et les épaules tombantes. Son visage n’est que partiellement tourné vers le spectateur, son regard fuyant et ses yeux vides d’un bleu profond traduisant une profonde tourmente rarement exprimée dans les 35 autres autoportraits du peintre.
Autoportrait de Vincent Gogh (1889). Huile sur toile. 51.5 x 45 cm. (NATIONAL GALLERY D’OSLO (NASJONALMUSEET OSLO))
Lorsque le Musée National de Norvège a acheté la toile en 1910, il s’agissait alors du premier autoportrait de Vincent Van Gogh à intégrer une collection publique. À partir des années 1970, l’origine de l’œuvre fut remise en question en raison du peu de soin apporté à sa réalisation. En 2003, le conservateur Johannes Rød émis l’hypothèse qu’il s’agissait d’un faux.
Mai Britt, l’actuel conservateur du Museum d’Oslo a d’ailleurs précisé à l’AFP qu’avant son envoi à Amsterdam en 2014, Self-portrait, était seulement « attribué » à Vincent Van Gogh.
Mais après cinq ans de recherche, l’équipe de Louis Van Tilborgh a publié les résultats attribuant la paternité du tableau au peintre batave.
« C’est une œuvre d’art qui, pour beaucoup de raisons, était de lui mais qui présentait néanmoins certains aspects différents des autres tableaux. Nous avons donc dû trouver une explication à cela, ce qui a été difficile, mais je pense que nous avons résolu cela et nous sommes fiers d’avoir plus ou moins restitué son travail ».
Les chercheurs ont estimé la date de réalisation de l’œuvre à la fin de l’été 1889 en se référant notamment à une lettre écrite par l’artiste à son frère Théo, datée du 20 septembre de la même année, dans laquelle il évoque « un essai de quand j’étais malade ».
Frappé par une série de crises psychotiques deux mois mois plus tôt, durant laquelle il tenta d’avaler de la peinture, l’artiste n’avait pu réclamer son matériel à son frère que le 22 août.
« Même si Van Gogh avait peur d’admettre à ce moment-là qu’il se trouvait dans un état similaire à celui des autres personnes à l’asile, il a probablement peint ce portrait pour se réconcilier avec ce qu’il voyait dans le miroir: une personne qu’il ne voulait pas être mais qu’il était », avance M. Van Tilborgh, professeur d’histoire de l’art à l’Université d’Amsterdam.
« Cela fait partie de ce qui rend le tableau si remarquable et même thérapeutique. C’est la seule œuvre de Van Gogh dont on est certain qu’elle a été peinte lorsqu’il souffrait de psychose », poursuit-il.
Offert par Van Gogh au début des années 1890 à Joseph et Marie Ginoux, propriétaires du Café de la Gare d’Arles, dans lequel il a séjourné en 1888, Self-portrait a été revendu en 1896 à Ambroise Vollard, marchand d’art avant-gardiste parisien, qui l’a laissé pour 10 000 francs (100 000€) à la National Gallery d’Oslo quatorze ans plus tard. Intégré à l’exposition « In the Picture », du 24 février au 21 mai 2020, du musée Van Gogh d’Amsterdam, il devrait regagner la capitale norvégienne en 2021, année d’ouverture de son nouveau musée national.
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