Pause Simone : les 23 phrases que je ne veux plus entendre en 2023

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Dans moins de 72 heures, vous allez peut-être faire la fête avec vos potes (enfin galérer à trouver une soirée décente pour danser #tuconnais), dîner avec votre famille (enfin vous faire rincer par tata Delphine qui a plein de thune et un nouveau mari qui sait ouvrir les huîtres), ou juste passer le 31 décembre à boire du thé en pyjama avec vos chats devant Le Journal de Bridget Jones. Quel que soit votre plan : pas de jugement ! Moi-même, je ne sais toujours pas où le vent me mènera samedi soir. Ce que je sais, en revanche, c’est que je n’aurai pas envie de prendre de “bonnes résolutions”. Parce que je ne les tiens jamais. L’an dernier, je devais “me remettre au yoga” et “cuisiner”. Lol, 362 jours plus tard : je suis aussi souple qu’un tampon avec applicateur et j’ai passé l’année à manger des lentilles en conserve (celles qui sont cuisinées façon sud-ouest, la base). Alors, pour cet épisode de fin d’année de La Pause, j’ai réfléchi aux phrases que je n’ai plus du tout envie entendre l’an prochain. J’en ai retenu 23 parce que 2023 #duh, mais n’hésitez pas à m’envoyer les vôtres ! Allez, on fait le décompte…

“Bonjour Madame, je suis Guylaine, je vous appelle au sujet de votre Compte Personnel de Formation…” Voilà, donc ça, c’est fini. J’ai passé l’année entière à être harcelée de coups de fil de Guylaine et ses collègues et je ne sais pas comment j’ai fait pour ne jamais les insulter. Le pire, c’était vraiment toutes ces fois où j’attendais un appel important et que je me disais “Tiens, c’est peut-être ça” mais que non ! Non ! C’était Guylaine !

“En raison d’un bagage oublié, le trafic est interrompu sur la ligne 13 entre les stations Châtillon-Montrouge et Montparnasse-Bienvenüe.” Coucou la RATP,inventez une nouvelle façon de nous annoncer ce genre d’infos, je ne sais pas, mais c’est devenu trop difficile à encaisser (pas autant que le pass Navigo qui pourrait passer à 100 euros, vous me direz).

Toute phrase commençant par “Mes petites beautés” ou “Les chéris” On s’est compris.

“Le prends pas mal, mais…” Tut, tut, tut, Carole ! Si tu le précises, c’est que tu sais très bien que je vais mal le prendre donc de deux choses l’une : soit tu craches ta Valda direct, soit tu ne dis rien. (N. B. : s’applique aussi aux critiques faussement constructives accompagnées du passif-agressif “Moi j’dis ça pour ton bien”)

“Je ne suis pas féministe, je suis humaniste.”On la croyait perdue dans les années 2010, mais non ! Cette punchline est passée plusieurs fois par mes petites oreilles cette année… Une belle occasion de rappeler à tout le monde que le féminisme est la défense de l’égalité entre les hommes et les femmes, et non la volonté des femmes d’être supérieures aux hommes. Parler d’“humanisme“, c’est à la fois nier l’évidence d’un problème systémique (hashtag le patriarcat) et prouver qu’on a rien retenu de ses cours d’Histoire (coucou les penseurs de la Renaissance).

“Je n’ai pas été complètement sincère avec toi…” Ah, cette petite phrase murmurée par un homme alors qu’on vient de s’embrasser et qu’on est déjà installés sur un lit prêts à se dépoiler… Avis à mes futurs prétendants : s’il vous plaît, tâchez de vous rappeler que vous avez une meuf avant de me proposer un rencard, ça fera gagner du temps à tout le monde.

“Je ne supporte pas les capotes !” Et moi les imbéciles. En 2023, plus de débat, ce sera aussi rapide que ça.

Tu te prends trop la tête !” LA formule magique pour me rendre absolument ouf. Quand j’exprime ce que je ressens à un quelqu’un (souvent un homme), de vive voix ou à travers un joli petit pavé tapuscrit, et que la seule chose qu’il trouve à répondre à ma centaine de mots bien pesés est “Wow, tu te prends trop la tête”, j’ai la garantie instantanée qu’il ne prendra rien d’autre… que la porte. Arrêtons de dire aux gens sensibles qu’ils et elles pensent trop et se prennent la tête pour rien, d’acc ?

“Si je serais toi…”Non ben si tu étais moi tu ne dirais pas “si je serais toi“, donc fin de la phrase et interdiction de la prononcer à l’avenir #dictature.

“La planète bat de nouveaux records de chaleur.” – Ok là on déguste nos raclettes avec nos petits pulls col roulé (coucou le conseil mode du ministre Bruno Le Maire), mais cela ne doit pas nous faire oublier la catastrophe climatique à laquelle le monde entier fait face.

“Qu’il retourne en Afrique !” C’est ce qu’a dit le député Rassemblement national Grégoire de Fournas le 3 novembre 2022 alors que le député La France insoumise Carlos Bilongo Martens s’exprimait à l’Assemblée nationale. Ces mots sont racistes, indignes, et n’ont leur place ni dans l’hémicycle ni dans l’Hexagone.

“On ne peut plus rien dire !” En réalité, ce n’est pas qu’on ne peut plus rien dire, c’est qu’il y a des sujets avec lesquels on n’a plus envie de rire… Au hasard : le viol, les féminicides, l’homophobie, le racisme… Mais les humoristes ne se privent (toujours) pas de le faire, comme en témoigne cette vidéo très instructive des géniales Camille et Justine.

“Pour moi, Marie Cau c’est un homme.”Sur le plateau de Quelle époque !, le 16 octobre 2022 sur France 2, Dora Moutot a nié la transidentité de la maire Marie Cau. Pour rappel, les mots “Tu n’es pas un vrai homme“, “Tu n’es pas une vraie femme“ tuent. La transphobie tue.

“Vous étiez habillée comment ?“ – C’est la question qui revient encore et toujours lorsqu’une femme est victime de violences sexistes et/ou sexuelles. Mais AUCUN vêtement ne justifie une agression ou un viol et la société doit cesser cette inversion systématique de la culpabilité.

“Calmez-vous Madame, ça va bien se passer !” Cette phrase a été prononcée le 8 février 2022 par Gérald Darmanin, au micro d’Apolline de Malherbe sur BFMTV. La journaliste a su répondre fermement à ce sexisme et ce paternalisme affichés, mais on aimerait bien qu’il n’y ait plus de nouvelle occasion de recadrer le ministre de l’Intérieur. En fait, d’une manière générale, on aimerait vraiment que nos hommes politiques ne soient pas accusés de violences sexistes, sexuelles et conjugales.

“Il n’avait pas besoin de violer”Le 16 octobre 2022 sur TF1, dans l’émission Sept à Huit, Emmanuelle Seigner s’est exprimée au sujet des accusations de viol concernant son mari, Roman Polanski, expliquant que lorsqu’elle l’a connu, toutes les femmes avaient envie de coucher avec lui et qu’il “n’avait pas besoin de violer“. Mais le viol n’est jamais un besoin irrépressible, c’est un crime.

“Not all men”En effet Michel, tous les hommes ne sont pas dangereux, et heureusement. Cela étant dit, j’aime rappeler cette phrase : “Pas tous les hommes, mais suffisamment pour qu’on ait toutes peur“. S’il n’y avait pas de raison d’avoir peur, alors pourquoi le premier réflexe des papas est de dire à leur petite fille de faire attention aux garçons ?

“Elle veut juste faire le buzz”Les victimes de violences ne s’amusent pas à dire des mensonges pour faire parler d’elles et ont bien plus à perdre qu’à gagner lorsqu’elles prennent la parole. Si les fausses accusations existent, elles ne représentent qu’entre 2 et 6% des faits rapportés à la police.

“Une gifle n’est pas égale à un homme qui bat sa femme tous les jours”-Cette phrase a été  prononcée par le député Manuel Bompard en réaction à l’affaire Adrien Quatennens. Il n’y a pas de violences plus acceptables que d’autres. Par ailleurs, la gifle est rarement le premier signe de violence dans le couple mais plutôt le symptôme d’un schéma d’emprise psychologique déjà bien installé.

“S’il était si dangereux, pourquoi elle n’a pas porté plainte ?” – Les femmes portent plainte. Mais dans les affaires de violences conjugales, il faut savoir que 80% des plaintes sont classées sans suite. Et concernant les violences sexuelles, 0,6% des violeurs sont condamnés. Oui : 0,6%.

“Une femme a été tuée par son (ex) compagnon, c’est le 1er féminicide depuis le début de l’année 2023. Je rêve si fort d’un monde où nous ne lirions pas cette phrase entre deux photos de réveillon sur Instagram. Malheureusement, en moyenne en France, une femme est tuée tous les trois jours par son conjoint ou ex-conjoint. Et les chiffres ne s’améliorent pas.

“Tu vas faire Dry January ?” – Patience zéro envers la personne qui me posera cette question, j’annonce !

“Je ne suis pas abonné·e à La Pause.”Non vraiment, cette phrase-là est in-to-lé-rable ! Nous en sommes à l’épisode 13 de la newsletter, cela fait donc trois mois que vous avez pu constater à quel point ce rendez-vous hebdomadaire était bénéfique à votre moral… Tsss, la voici votre seule et unique bonne résolution de 2023 : vous abonner, vos proches et vous, à La Pause Simone !

DERNIERS JOURS – ENQUÊTE LA PAUSE SIMONE x EN AVANT TOUTE(S) : Nous avons lancé une enquête s’adressant exclusivement aux hommes, qui a pour objectif de leur donner la parole sur le sujet du consentement et des violences sexistes et sexuelles. Si vous êtes une femme, nous comptons sur vous pour l’envoyer aux hommes de votre entourage, les réponses sont anonymes et nous seront très précieuses !

Cliquez ici pour accéder au sondage.

Simone kiffe : les recommandations de Chloé Thibaud

“À force de chercher l’amour romantique, ne passé-je pas à côté de l’amour tout court ? Celui de mes proches, de mes amis ? Celui pur et simple que l’on me donne sans que je ne le réclame, sans que je ne le supplie.“ Je vous parlais en intro du Journal de Bridget Jones d’Helen Fielding, mais pour terminer l’année en étant bien accompagnée, je vous conseille le Journal cru et trop intime d’une fille qui voulait se taper la terre entière (chez Larousse). Rien que le titre on adore, non ? C’est le premier livre de Sarah Treille Stefani, comédienne et créatrice du podcast Frootch. Cœur avec les doigts (et entre les cuisses) pour la page 141 sur laquelle se trouve 135 fois le mot “vulve“ écrit en majuscules.

Je ne sais pas vous mais 2023 sera l’année de mes… 33 ans ! Damn, le temps passe tellement vite (“t’as vu comment on a changé“ – j’espère que vous avez la réf’) mais il y a un livre qui me fait me sentir moins seule dans mes galères de trentenaire : Chroniques de la trentaine par @latrentainetmtc (éditions Mango Society).Et maintenant que Noël est passé, mention spéciale pour la page sur “les cadeaux“ où l’autrice se moque de la liste des jeunes ieuv qui ont commandé un Dyson, un robot de cuisine, des bougies parfumées, une cocotte ou encore des oreillers à mémoire de forme… Vous vous reconnaissez ? En tout cas, découvrez vite l’édition collector de cet ouvrage déjà culte.

“En primaire, si t’étais un petit garçon qui se ramenait avec une boucle d’oreille, t’étais le petit pédé quoi…“ Dans le podcast Garçons, Mathilde Quartino et Lucie Weeger tendent leur micro à leurs amis masculins – six hommes blancs, cisgenres et hétérosexuels – pour leur demander comment ils définissent la masculinité. Très intéressants, joliment illustrés et réalisés, n’hésitez pas à écouter ces épisodes qui durent entre 15 et 20 minutes chacun et qui ne manqueront pas, j’en suis sûre, de vous rappeler des conversations que nous avons toutes et tous ouvertes depuis quelques années.

Il y a UNE chanson que vous devez écouter pour commencer 2023 avec les meilleures vibes possibles : la version live du titre “Escapism“ de Raye au Metropolis Studios (ici). Si vous ne connaissez pas encore Rachel Keen, alias Raye, c’est une autrice-compositrice-interprète londonienne de 25 ans qui cumule déjà plus de 20 millions de streams et sortira son deuxième album My 21st Century Blues le 3 février.

Le post Simone de la semaine

Dans son ouvrage Politique du clitoris, l’historienne et sociologue Delphine Gardey propose une relecture de l’histoire de la recherche scientifique autour du clitoris. Elle pointe la dimension politique de son invisibilisation.

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Simone Shop

Vous le savez sûrement déjà mais plastique et cosmétique ne riment plus avec éthique. Ce qui rime avec cosmétique, maintenant, c’est le savon solide et artisanal.

Les créateurs de Ciment ont réussi à mettre dans un savon le savoir-faire français, des produits aux compositions simples, naturelles, efficaces et du beau.

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Par Chloé Thibaud, journaliste, spécialiste des sujets culture et société. Elle est l’autrice de plusieurs ouvrages : Toutes pour la musique (chez Hugo & Cie), Hum Hum – Et si on parlait vraiment de sexe ? (Webedia Books) et En relisant Gainsbourg (Bleu nuit éditeur).

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