Patrick Dewaere avait tout juste 35 ans lorsqu’il s’est suicidé par balle, le 16 juillet 1982 dans son appartement parisien. Interviewé au JT de 20h, le réalisateur Bertrand Blier ne parvient pas à y croire… lui qui l’avait vu, “en forme” la veille au soir.
Le 16 juillet 1982, il y a 41 ans jour pour jour, Patrick Dewaere mettait fin à ses jours. Vers 15 heures, à son domicile du 25 Impasse du Moulin Vert situé dans le 14e arrondissement de Paris, l’acteur s’est saisi d’une carabine offerte par son ami Coluche pour en terminer avec la vie… à seulement 35 ans. Il est pourtant à l’époque au sommet de sa gloire. En à peine 15 ans, il avait su s’imposer au long d’une trentaine de films, comme un acteur générationnel, empreint de tourments et de fragilités, écorché vif et toujours juste, brillant représentant de la fébrilité sociale de l’après Mai-68. C’est le film Les Valseusesqui a fait basculer son destin. Un rôle de voyou offert sur un plateau par Bertrand Blier, un costume sur mesure pour cet homme impulsif de 27 ans qui, dès lors, a vu s’ouvrir devant lui toutes les portes du cinéma, et travailler avec les plus grands noms. L’annonce de sa mort résonna en une grande déflagration… Son comparse de tournage, Gérard Depardieu, lui adressa une lettre posthume, dont ces quelques mots bouleversants et lucides en même temps : “Cher Patrick, je te le dis maintenant sans gêne et sans drame. J’ai toujours senti la mort en toi. Pire, je pensais que tu nous quitterais encore plus vite. C’était une certitude terrible que je gardais pour moi. Je ne pouvais rien faire. J’étais le spectateur forcé de ce compte à rebours. Ton suicide fut une longue et douloureuse maladie.”
“Pour moi, aujourd’hui, Patrick ce n’est pas un acteur, c’est quelqu’un de ma famille qui vient de disparaître”
Si Depardieu avait “senti la mort” roder autour de son acolyte de plateaux, d’autres –et ils sont nombreux- n’ont pas vu venir le drame. A l’instar de Bertrand Blier, interrogé “à chaud” pour le journal de 20h de l’époque, en bas même du domicile de son défunt ami. L’intervieweuse lui demande : “Bertrand Blier, c’est vous qui avez révélé Patrick Dewaere au grand public, quand vous l’avez choisi pour jouer dans « Les Valseuses », qu’est-ce qui vous avez plu en lui ? Pourquoi l’avez-vous choisi ?”. Sous le choc, le réalisateur répond : “Je ne sais plus, vous savez, je suis tellement sous le choc, c’est difficile de parler de cinéma, j’ai l’impression de… (pause). Pour moi, aujourd’hui, Patrick ce n’est pas un acteur, c’est quelqu’un de ma famille qui vient de disparaître, c’est tout.” Face à l’émotion de son interlocuteur, la journaliste rebondit : “Mais comment expliquez-vous ce geste ?”. Bertrand Blier, les yeux fixés au sol, semble se parler à lui-même : “Je crois que c’est un geste qu’on ne peut jamais expliquer, il y a des gens qui portent ça en eux, d’autres pas… ça n’a rien à voir avec un problème de l’existence. Enfin, je l’ai vu hier soir, il est venu chez moi pour bavarder… j’étais loin de m’attendre à ce genre de surprise…”, “Vous n’avez pas parlé de…”, relance-t-elle. “Non, il était même assezen forme.Il sortait de son entraînement de boxe pour le film de Lelouch (Edith et Marcel où Patrick Dewaere devait incarner le boxeur Cerdan, au côté d’Evelyne Bouix, ndlr). Il m’a demandé de l’eau minérale. Il était en forme, il était content, il avait des projets… je n’arrive pas à réaliser encore”. Père de deux filles, Lola et Angèle, Patrick Dewaere ne surmontait pas sa rupture d’avec son épouse, Elisabeth Malvina Chalier. Cette dernière l’avait quitté pour… Coluche. Les deux amants étaient partis s’installer en Guadeloupe. L’acteur avait trouvé refuge auprès de son ex-femme, Sotha, à qui il avait fait part de son intention funeste. Elle était un temps parvenu à l’en dissuader d’autant qu’elle lui avait annoncé attendre un enfant. Malheureusement, la tragédie l’a rattrapé.
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F.V.
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