Crashs d’avion, assassinats et overdoses : une série de tragédies hautement médiatisées a frappé le clan Kennedy au fil des années, alimentant les plus folles rumeurs d’une sombre malédiction…
Si l’Amérique avaient une aristocratie, les Kennedy en seraient la famille royale. Issu d’un émigré irlandais sans-le-sou avant de devenir l’une des dynasties les plus puissantes du vingtième siècle : le clan Kennedy est avant tout l’incarnation du rêve américain. Au détail près qu’il semble poursuivi, de génération en génération, par la mort et la tragédie. Une sombre affaire de famille.
« Ma famille a toujours pensé que nous sommes hantés par la tragédie, confiera en 2018, Patrick J. Kennedy dans un documentaire sur sa famille. Il ne s’agit pas seulement des assassinats et morts tragiques de mes oncles mais aussi de l’overdose de mon cousin David et le crash d’avion de mon cousin John… nous avions constamment cette idée en tête que la mort rôdait près de nous».
Le rêve américain selon Joseph Kennedy
L’histoire de cette dynastie américaine démarre au dix-neuvième siècle. Un irlandais, Patrick Kennedy met le cap sur les Etats-Unis, poussé par la famine de la pomme de terre. En débarquant sur la côte Est, il épouse sans tarder une certaine Brigitte Murphy. Le couple aura cinq enfants, mais en tant qu’émigrés catholiques, ils rencontrent bien des difficultés à se forger une place dans la bonne société, majoritairement protestante à l’époque. Un constat qui sera source d’une puissante frustration.
Leur petit-fils, Joseph Kennedy change de manière irréversible l’avenir de la famille en obtenant une place à la prestigieuse université d’Harvard. A 25 ans seulement, il devient le plus jeune directeur d’une banque américaine et s’avère être un investisseur hors paire. Pour assoir son arrivée parmi les rangs des bourgeois de Boston, il épouse Rose Fitzgerald, fille du maire de la ville, en 1914. De fervents catholiques, ils auront neuf enfants ensemble, et dès leur plus jeune âge, Joseph chérit l’espoir de voir l’un d’entre eux se lancer en politique. C’est avec cette idée en tête, que Joseph cherche sans cesse à augmenter sa fortune: il se lance donc dans la production cinéma à Los Angeles, où, fidèle à la tradition des studios d’Hollywood, il enchaînera une série de liaisons extraconjugales avec les actrices les plus populaires du moment.
Il a vu juste en délaissant la finance pour le grand écran et sa fortune croît à folle allure. Joseph Kennedy compte désormais parmi les hommes les plus riches du pays où l’argent tient lieu de lettres de noblesse. Il se pense intouchable. En 1932, il participe au financement de la campagne électorale de Franklin D. Roosevelt et six ans plus tard il obtient un poste d’ambassadeur au Royaume-Uni et surtout l’influence politique dont il rêve depuis toujours. Son bonheur sera de courte durée. La Seconde Guerre Mondiale éclate en Europe et, convaincu que les allemands vont soumettre les anglais, il s’empresse d’établir le contact afin d’apaiser les relations. Après deux ans en poste à Londres, Joseph Kennedy est renvoyé aux USA couvert de honte.
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Joseph Junior et Jack Kennedy : frères et rivaux
De retour de Londres, Joseph Kennedy, réalisant que sa propre carrière politique est définitivement terminée, transfère son ambition dévorante sur son fils ainé, Joe Jr. qui s’est engagé volontairement dans l’armée de l’air pendant la guerre. Son cadet, John Fitzgerald Kennedy, dit Jack, suit son exemple et décroche rapidement une médaille pour actes de bravoure et parvient ainsi à susciter l’intérêt de son père.
Piqué dans son orgueil, Joe Jr qui, jusqu’alors avait toujours été l’enfant favori de son père, décide de participer à une dernière mission militaire avant de rentrer aux Etats-Unis afin de regagner sa faveur. En aout 1944, le jeune homme meurt lors de « Opération Aphrodite » lorsque son avion transportant une bombe volante, explose en plein vol. Une tragédie qui pousse son père à désigner Jack comme son successeur en politique.
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Sexisme et eugénisme, la face cachée des Kennedy
Sous la surface scintillante de leurs photos de famille en vacances et leurs grands airs de nouveaux bourgeois, les Kennedy cachent une part d’ombre, dont leurs filles seront les première victimes. A commencer par Rosemary. Suite à un accident à la naissance, la fille aînée des Kennedy est handicapée mentale: un diagnostique médical ses parents vivent comme une sentence.
Ils tenteront par tous les moyens de cacher la fillette allant jusqu’à payer pour qu’elle subisse une lobotomie à l’âge de 23 ans. L’intervention chirurgicale est un désastre. La jeune femme est privée de toute son autonomie physique et est envoyée vivre dans un asile psychiatrique. Joseph Kennedy ne reverra jamais sa fille de son vivant, quant à sa mère Rose, elle attendra vingt ans avant de lui rendre visite pour la première fois.
En 1948, un autre drame aérien s’abat sur le clan. Kathleen Kennedy est tuée lors d’un accident de jet privé. Elle s’est rendue à Paris le temps d’un weekend en compagnie de son petit-ami, un aristocrate britannique marié avec qui elle vit une histoire d’amour jugée scabreuse par ses parents. Au retour, son avion s’écrase en raison d’une soudaine et violente tempête et ne laisse aucun survivant.
Plus soucieux de soigner leur réputation que de pleurer leur enfant disparu, Joseph et Rose Kennedy parviennent à étouffer l’affaire. La presse locale rapporte seulement qu’elle était en compagnie d’un groupe d’amis. Dans un excès de zèle ou de rage parentale, la jeune femme est également effacée des albums de famille. Les parents Kennedy apaisent leur conscience en s’assurant qu’ils ne font que préserver l’avenir en politique de son fils…Mais, à quel prix ?
Au nom du Père, du Fils et du Pouvoir
En 1953, JFK épouse Jacqueline Bouvier lors d’une somptueuse noce financée par son père, qui considère la dépense comme un investissement dans la future campagne électorale de son garçon. Joseph et Rose sont très enthousiastes à l’idée du mariage de Jack et Jackie et voient en elle la Première dame idéale. Quelques années plus tard, la jeune femme met au monde une petite fille Caroline, puis un garçon, Patrick.
Pourtant, derrière façade de la famille parfaite, Jack Kennedy a hérité du penchant pour l’adultère de son père et trompe son épouse sans relâche avec une flopée d’admiratrices, dont la sulfureuse Marilyn Monroe. Son couple bat de l’aile. Là encore, Joseph intervient et convainc sa belle-fille de jouer le jeu – toujours à l’aide de son portefeuille bien garni.
En 1960, JFK devient le 35ème président des Etats-Unis, accomplissant ainsi le plus grand rêve de son père. Mais seulement deux ans et quelques jours plus tard, le 22 novembre 1963, le célèbre politicien est assassiné lors d’une visite à Dallas au Texas.
Au tour de son petit frère, Robert dit Bobby de prendre la relève politique familiale et assouvir la soif de pouvoir de son père, très amoindri par un récent accident vasculaire cérébral. Peu de temps après l’assassinat de son aîné, Bobby aurait d’ailleurs plaisanté auprès de son entourage : « Vous feriez mieux de feindre de ne pas me connaître, tous ceux qui m’entourent semblent être maudits»…
S’il est profondément marqué par les tragédies qui ont frappé sa famille, Bobby ne perd jamais de vue l’objectif de son père Joseph : diriger l’Amérique. Son frère Jack est à peine mis en terre, il s’attèle déjà à la lourde de tâche de séduire le peuple américain à son tour et ramener au clan Kennedy une nouvelle élection présidentielle. Le destin en décide autrement : le 5 juin 1968, Bobby est abattu par balles lors d’une réception, sous les yeux de nombreux journalistes et membres du parti démocrate présents. La presse s’affole. Les Kennedy seraient-ils donc maudits ?
« Les Kennedy ne pleurent jamais »
Quelques mois après le meurtre de JFK, le benjamin de la fratrie, Ted, est victime lui aussi d’un crash d’avion. Plus chanceux que d’autres, il en ressort vivant, avec, certes de nombreux os brisés mais aussi une bonne humeur à tout épreuve, puisqu’il donne des interviews depuis le brancard qui le transporte à l’hôpital. Porté par l’ambition familiale, il poursuit, tout comme ses grands frères, une carrière en politique et est élu sénateur.
Alors que son avenir s’annonçait brillant, l’assassinat de Bobby le bouleverse. Miné par l’anxiété, Ted se réfugie dans l’alcool et les médicaments. La première d’une série de mauvaises décisions. En 1969, le clan Kennedy se retrouve mêlé à un scandale judiciaire qui fera la Une de tous les journaux. Dans la nuit du 18 juillet, une ancienne collaboratrice de Bobby, Mary Jo Kopechne, trouve la mort par noyade après une soirée en compagnie du sénateur sur l’île de Chappaquiddick. Ted signale sa disparition à la police le lendemain matin et il est immédiatement soupçonné d’être responsable de l’accident. Il écope de deux mois de prison avec sursis. Une peine suffisante pour asséner le coup de grâce à sa carrière et surtout ternir considérablement la réputation de la famille.
Génération oubliée
Après les meurtres des frères Jack et Bobby, les générations suivantes ne seront pas épargnées par le destin. Au fil des années, les drames et scandales ne cessent de déferler sur la famille Kennedy. Les enfants peinent à se faire une place, en politique ou ailleurs mais l’intérêt médiatique rend toute tentative de « vie normale » impossible.
En 1973, Joseph, l’un des fils de Bobby, est au volant lors d’un grave accident de la route qui laisse sa petite-amie de l’époque paralysée des deux jambes. Son frère, David présent dans la voiture est aussi gravement blessé et se voit prescrire de puissants antalgiques auxquels il développe une sévère dépendance. Une addiction qui finira par lui coûter la vie dans une chambre d’hôtel à Palm Beach en avril 1984, à l’âge de 28 ans.
En 1991, William Kennedy-Smith, le neveu de Jack et Bobby est accusé de viol. Son procès suscite un tel interêt médiatique, qu’il est retransmis à la télévision. Comme toujours en périodes de crises: le clan se serre les coudes et William plaide non-coupable, défendu par les meilleurs avocats du pays. Il est acquitté mais les torts causés à la réputation familiale sont irréparables.
Parmi tous les cousins, c’est John Fitzgerald Kennedy Junior, dit John John, le fils de Jack et Jackie Kennedy qui émerge comme l’étoile montante du clan. Il a hérité du charisme et du glamour de son père et après de brillantes études de droit, il compte suivre ses pas en politique… En 1996, le jeune homme épouse Carolyn Bessette et ensemble, ils deviennent instantanément le couple le plus en vogue du moment. Leur règne sur la société new-yorkaise sera pourtant de courte durée car en 1999, le couple meurt tragiquement dans un accident de d’avion.
La disparition de John John et de son épouse provoque une une émotion particulièrement vive chez les américains encore nostalgiques des années Kennedy. Depuis, d‘autres membres de la famille ont péri lors de terribles accidents de ski, de bateau, ou encore d’overdose comme la petite-fille de Bobby, Saoirse Kennedy Hill, en 2019. Chacune de ces tragédies venant accroître la fascination du public pour cette dynastie maudite au destin brisé.
Crédits photos : Zuma Press / Bestimage
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