Chanteuse, actrice et icône, Juliette Gréco s’est éteinte, chez elle, à Ramatuelle. Elle restera à jamais la Jolie Môme de Saint-Germain, muse de Gainsbourg, Sartre ou Vian, l’amante de Miles Davis, Sacha Distel ou Françoise Sagan. Album-photos de la Panthère du Faubourg, décédée à 93 ans…
Née le 7 février 1927 à Montpellier, Juliette Gréco monte à Paris dans sa jeunesse avec sa mère et sa sœur Charlotte. Danseuse, elle est petit rat de l’Opéra avant d’entrer dans la Résistance.
Capturées, sa mère et Charlotte sont envoyées au camp de concentration de Ravensbrück, en Allemagne et n’en reviendront pas…
L’adolescente échappe à la déportation en raison de son jeune âge. Emprisonnée à Fresnes (Val-de-Marne), d’où elle est libérée en 42, elle trouve refuge chez une amie de la famille, à Saint-Germain-des-Prés. Chez Hélène, pensionnaire de L’Odéon, la gamine découvre la vie culturelle et intellectuelle parisienne, ainsi que la politique, avec les Jeunesses communistes…
Jeune femme fascinante, pétillante, sauvage, La Gréco maîtrise son apparence, exprime ses sentiments, transcende ses émotions et suscite l’intérêt (et davantage) de Merleau-Ponty, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Boris Vian, Raymond Queneau, Mauriac, Camus…
Amoureuse des lettres, mais aussi grande passionnée, Juliette Gréco a su provoquer la passion chez Miles Davis, son premier grand amour. Le trompettiste tombe fou d’elle, mais renonce à la mener jusqu’à l’autel dans une Amérique où la mixité fait scandale.
La jeune femme succombe finalement au charme de l’acteur Philippe Lemaire, quelques années après sur un tournage. Ils resteront unis 3 ans. Fruit de leur amour, leur fille Laurence-Marie naît le 24 mars 1954.
La passion qui marque sa vie reste son mariage de 11 ans avec Michel Piccoli, rencontré au cours d’une soirée mondaine. L’acteur du Mépris et l’interprète de Déshabillez-Moi forment l’un des couples les plus emblématiques des années 60.
Depuis 1988, elle partageait la vie du pianiste Gérard Jouannest.
Juliette Gréco a marqué la société par son féminisme, sa liberté, son engagement.
Celle qui disait « avoir ce physique incertain des gens des îles traversés par tant de choses », a délivré le corps des femmes, porté leurs choix, leurs combats, leurs désirs. Convaincue, exaltée, elle les a aimées, « touchées », gourmande de plaisirs…
Juliette Greco l’Audacieuse, l’Elégante, l’Envoûtante, a incarné avec classe une époque, interprété les plus grand rôles. Epoustouflante Belphégor à la télévision, elle a collaboré avec d’immenses noms de la Chanson française et du Cinéma, reçu les insignes de Chevalier Légion d’Honneur et une Victoire de la Musique pour couronner sa carrière. Victime d’un AVC en 2016, elle a vaincu un cancer, aussi.
Juliette Gréco a également posé sa voix sur les mots de Jacques Brel, Guy Béart, Charles Aznavour ou Léo Ferre. Serge Gainsbourg lui a écrit La Javanaise et Jean-Paul Sartre La Rue des Blancs-Manteaux.
Plus récemment, Benjamin Biolay lui a dédié un texte. Abd Al Malik a composé sur elle et Ibrahim Maalouf et son public lui ont fait une ovation. Comme nous… alors qu’elle quitte la scène. Adieu à une Grande Dame…
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