Le doyen des présentateurs français, très proche de l’étoile du football, a été frappé de plein fouet par sa disparition.
Sa mort, le 29 décembre dernier, a ému le monde entier. Des témoignages de footballeurs mythiques (de Platini et Messi à Cristiano Ronaldo et Mbappé) sont venus saluer la mémoire de celui qu’on a toujours présenté comme le plus grand de son sport ; du vainqueur unique de trois Coupes du monde (1958, 1962 et 1970) et de l’auteur d’on ne sait plus combien de buts en carrière – le chiffre de plus de 1 000 est contesté, on serait davantage aux alentours de 800.
Complices
©JEAN CLAUDE PIERDET
Pelé a non seulement marqué l’histoire du jeu mais il a aussi incarné une certaine idée de la jeunesse, du bonheur et de l’insouciance. Une icône du XXe siècle à coup sûr, prophète en son pays où il a donné une visibilité bienvenue aux minorités noire et métisse. Souffrant d’un cancer du côlon détecté en 2021, Pelé n’a pas réussi à gagner son dernier match contre la maladie. Il avait 82 ans.
“Son souvenir ne m’a jamais quitté.”
Une personnalité très appréciée des Français a approché de près cette idole planétaire. Son idole. Michel Drucker, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a témoigné, avec une vive émotion, de sa relation amicale méconnue avec la légende brésilienne dans les colonnes du Parisien. Il est notamment revenu sur la fameuse Coupe du monde 1970, au Mexique, qu’il commentait avec Michel Dhrey pour le monde francophone, où il a fait la connaissance du roi Pelé qui disputait là son dernier grand tournoi, celui de la postérité absolue qu’il illustra de sa classe folle.
« Gamin, je l’avais vu en Normandie à l’occasion d’un tournoi où jouait son équipe brésilienne du Santos, s’est remémoré Michel Drucker. Mais c’est lors de cette Coupe du monde que je l’ai rencontré. […] Le hasard a voulu que nous logions à Mexico au Camino Real, dans le même hôtel que l’équipe du Brésil. […] Des journalistes brésiliens m’ont présenté à Pelé. Très vite, on a sympathisé. »
Les deux hommes, quasiment du même âge (le Français a deux ans de moins), deviennent tellement complices que Pelé accepte de participer, quelques semaines après son sacre, à une émission du jeune présentateur, Sports en fête. Signe de son amitié pour notre confrère, le footballeur brésilien ne s’y rend pas les mains vides… « Il était d’une immense gentillesse, confirme Michel Drucker, et m’a fait un beau cadeau : sa paire de crampons avec laquelle il avait joué la Coupe du monde 1970. Vous imaginez le trésor que ce serait aujourd’hui ? Je ne l’ai plus car, quelques années plus tard, je l’ai offerte à une personne handicapée, fan de foot, et devenue paraplégique après un accident. Je me suis dit que cela lui ferait encore plus plaisir qu’à moi. »
“Passe caviar”
Les anecdotes ne s’arrêtent pas là. Les deux hommes se sont en effet retrouvés trois ans plus tard, en 1973. Toujours en activité – il a alors 33 ans, un âge canonique en foot à l’époque ! –, Pelé accepte de participer à un match caritatif en Belgique, en présence de la reine Fabiola. L’événement oppose l’équipe du Standard de Liège aux Polymusclés, ce club créé par Jean-Paul Belmondo en 1962 et réunissant des vedettes du spectacle, des médias et des sportifs. Michel Drucker, l’un des piliers, est bien évidemment présent. Il raconte. « Dans notre équipe, il y avait des sportifs de renom comme Guy Drut et Michel Jazy [demi-fond, ndlr], Emerson Fittipaldi [Formule 1, ndlr], Jan Janssen [cyclisme, ndlr]. Et des vedettes [du foot, ndlr] comme le Hongrois Ferenc Puskas et, donc, Pelé. À un moment, je jouais devant et Pelé a fait tout le boulot et m’a servi une passe caviar. J’étais comme un enfant : le meilleur joueur du monde m’avait fait marquer. Croyez-moi, c’est un souvenir qui ne m’a jamais quitté. » L’histoire ne dit pas, en revanche, si Michel Drucker avait aux pieds les crampons que lui avait offerts Pelé.
Louis-Paul CLÉMENT
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