L’entretien accordé par Brigitte Macron à Paris Match la semaine dernière fait couler beaucoup d’encre. Et ce n’est pas pour avoir donné un cours de littérature sur le campus de l’association Live à Clichy-sous-Bois que les éditorialistes étrangers sont en PLS, mais bien pour ses confidences sur les débuts de sa relation avec Emmanuel Macron.
Dans l’Hexagone, il semble que tout le monde a accepté sans broncher, mais non sans moqueries, les différences au sein du couple présidentiel. Et si, en France, c’est surtout l’âge de la première dame qui est commenté (et jugé), notamment sur son apparence physique à 70 ans, en dehors de nos frontières, l’âge en question est surtout celui qu’elle et son époux avaient lorsqu’ils ont entamé leur relation. Tout est parti du quotidien britannique The Telegraph qui a relayé cet entretien de Paris Match en titrant sur une phrase de Brigitte Macron : « Je pensais qu’à 15 ans Emmanuel tomberait amoureux de quelqu’un de son âge. » Et en sous-titre, un autre extrait qui lui est prêté : « C’était le bazar dans ma tête quand il a été transféré dans une école différente. »
L’importance de la traduction
Sauf que Brigitte Macron n’a pas exactement dit cela. Dans les pages du magazine, elle déclare : « C’était le bazar dans ma tête. Au moment de la mort de mon père, j’étais prise dans un ouragan intérieur. Pour moi, un garçon si jeune, c’était rédhibitoire. Emmanuel devait partir à Paris. Je me suis dit qu’il allait tomber amoureux de quelqu’un de son âge. Ce n’est pas arrivé. » Un petit raccourci de traduction qui a donné lieu à pléthores d’articles.
Le quotidien conservateur Times titre : « J’ai attendu dix ans pour épouser Emmanuel Macron. » Le plus à gauche Guardian donne la parole à Joe Gibson, pseudonyme de l’auteur du livre Seventeen : A Coming of Age Story, qui raconte la relation entre un adolescent de 17 ans et sa professeure de 35 ans. Dans son éditorial, l’écrivain fait le parallèle entre l’histoire de Brigitte et Emmanuel Macron et la sienne, qu’il qualifie « d’abus de pouvoir », se considérant comme « victime d’une telle relation ». Du côté des tabloïds, le New York Post reprend le titre du Telegraph et rappelle la législation française sur l’âge du consentement qui est de 15 ans depuis 2018, reliant cette information à un précédent article dans lequel la publication qualifiait l’histoire du couple de « passé sordide ». Il en va de même chez Fox News qui reproduit le même article (les deux médias sont la propriété de Rupert Murdoch via sa société News Corp). Le Daily Mail est, une fois n’est pas coutume, le moins trash, expliquant que Brigitte Macron a préféré « retarder son mariage avec Emmanuel pour ne pas déstabiliser les vies de ses enfants », sans se priver pour autant d’insister sur l’âge du fils aîné de l’ancienne professeure qui a « trois ans de plus » que son actuel époux.
Une chose est sûre, la réputation des Français sur la légèreté supposée de leurs mœurs a encore de beaux jours devant elle. Une réputation alimentée régulièrement par la vie politique française qui ne semble pas ébranlée par les divers scandales de la sphère privée, comme les accusations de viol contre Gérald Darmanin qui ont été très suivies en dehors de nos frontières, ou plus récemment l’affaire Joël Guerriau qui provoque également la stupeur, au Royaume-Uni comme aux États-Unis.
Source: Lire L’Article Complet