Le jour où Marilyn Monroe a été retrouvée morte dans sa chambre

Il est de ces icônes que leurs fans refusent de voir mourir. Alors, ils négocient avec les circonstances de la disparition de ceux qu’ils ont érigé au rang de légendes immortelles, les réinventent, optent pour leurs propres théories. Diana Spencer pour certains, Michael Jackson pour d’autres, ou encore la star hollywoodienne intemporelle par excellence, Marilyn Monroe, à qui Netflix consacre un biopic adapté du roman éponyme Blonde de Joyce Carol Oates (Stock), dévoilé sur la plateforme le 28 septembre 2022.

Disparition brutale d’une icône

Dans la nuit du 4 au 5 août 1962, dans son domaine de Brentwood, à Los Angeles, Eunice Murray, la gouvernante de Marilyn Monroe, découvre son corps nu et inanimé. Autour du lit de l’actrice morte brutalement à 36 ans : plusieurs bouteilles d’alcool et un flacon de somnifères, des pilules de Nembutal.

Eunice Murray aurait immédiatement téléphoné au Docteur Ralph Greenson, le psychiatre de la défunte comédienne aussi talentueuse qu’engagée (et trop souvent réduite à sa plastique), puis à son médecin personnel, qui auraient tous deux débarqué au domicile californien. Ce dernier constate son décès, puis, 35 minutes plus tard, à 4 heures 25, le sergent Jack Clemmons arrive sur les lieux.

Le médecin légiste rendra ses conclusions : l’Américaine au sommet de sa gloire, qui souffrait dans l’ombre dune grave dépression, a succombé à une overdose de puissants barbituriques.

La police privilégie la thèse du « suicide probable », selon ses termes, et ne classe pas le dossier. Quelques jours après la funeste nouvelle, le doute s’est immiscé dans certains esprits, qui s’étonnent de l’arrivée « tardive » des policiers sur place, ou encore, qu’aucune trace de Nembutal n’ait été retrouvée dans l’estomac de leur icône (ce qui ne constitue en rien une preuve, de tels résidus ne sont pas toujours détectables). Bref, les théories fleurissent, la rumeur d’un assassinat à cause d’un triangle amoureux avec les frères Kennedy enfle.

Les ravages de la rumeur Kennedy

« Les circonstances de la mort de Marilyn ont été dissimulées en raison de son lien avec les frères Kennedy », lâche le journaliste d’investigation Anthony Summers, auteur de l’ouvrage Déesse : Les vies secrètes de Marilyn Monroe, dans le documentaire Netflix Marilyn Monroe : les bandes inédites.

D’après les enregistrements audio qui y sont dévoilés, l’interprète du culte Happy Birthday Mr. President aurait téléphoné à Robert Francis Kennedy, dit Bob Kennedy, petit-frère de « JFK » avec qui elle entretenait une liaison, la nuit de sa mort. « Ne me dérange pas. Laisse-moi tranquille. Restez en dehors de ma vie », lui aurait-elle lancé au bout du fil. 

Dans une interview donnée en 1983 et citée dans ce même documentaire, la gouvernante de Marilyn Monroe, qui a souvent changé de versions quant au déroulé des évènements de cette nuit-là, soutient que Robert Kennedy se serait rendu au domaine de Brentwood, et qu’ils se seraient disputés.

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Une décennie après la disparition de l’actrice, le romancier Norman Mailer publie Marilyn – une biographie, qui rencontre un succès considérable, et diffuse, légitime la rumeur d’un assassinat commandité par Robert Kennedy. 

Quelques mois après cette parution, en juillet 1973, sur le plateau de 60 minutes, l’écrivain avouera avoir imaginé cette théorie parce qu’il avait « besoin d’argent ».

Et face caméra, dans ce documentaire Netflix, Anthony Summers tient à ne laisser planer aucune ambiguïté. Il assure n’avoir « rien découvert qui [l]’ait convaincu qu’elle avait été délibérément assassinée ».  

Un suicide mal traité dans la presse

Pour ce journaliste d’investigation demeurent deux options : le suicide ou l’accident. Donald Spoto, auteur de Marilyn Monroe : la biographie (Presses de la Cité), croit également à une possible erreur médicale du psychiatre et du médecin personnel de la jeune artiste. Selon lui, tous deux auraient pu lui administrer un lavement à l’hydrate de chloral pour dormir, ignorant qu’elle avait auparavant absorbé des pilules de Nembutal. Un mélange de substances mortel.

L’actrice disparue il y a six décennies luttait contre une profonde dépression. Elle avait plusieurs fois tenté de mettre fin à ses jours. « Il y avait quelque chose de spécial chez moi. J’étais le genre de fille qu’on retrouve morte dans une chambre minable, un flacon de somnifères vide à la main », confiait-elle à l’écrivain Ben Hecht, pour ses mémoires qu’ils préparaient ensemble dès 1954, alors qu’elle n’avait que 28 ans. Co-signé, Confession inachevée (Robert Laffont) paraîtra à titre posthume en 1974.

Cette année-là, le sociologue David Philips analyse les statistiques du suicide après la mort de la célèbre comédienne. D’après l’auteur de L’influence de la suggestion sur le suicide : Implications substantielles et théoriques de l’effet Werther, le taux de suicide aux États-Unis aurait augmenté de 12% le mois suivant la disparition de la star. Des inquiétants chiffres dus, selon son étude, au traitement de l’évènement par les médias, à la fois trop descriptifs et peu formés au sujet capital de la santé mentale.

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