Des retrouvailles inespérées. Dans une interview accordée au Vogue américain le 17 novembre 2022, la mannequin et actrice russe Natalia Vodianova et sa demi-sœur racontent leurs incroyables retrouvailles des années après avoir été séparées.
L’une, Natalia Vodianova, vit à Paris et défile sur les podiums du monde entier. L’autre, Jennifer Burns, est diplômée en génie mécanique dans l’état américain Caroline du Nord, elle a été adoptée par une famille américaine en même temps que son frère Ethan. La réunion de ces deux femmes a failli ne jamais se produire, après plusieurs chassés-croisés.
Une famille précaire tourmentée par la mafia russe
D’après le magazine de mode, ce récit rocambolesque débute lors de la quatrième grossesse de la mère du top modèle, Larisa Kusakina, entre les années 1998 et 1999. Selon la mannequin, cette dernière a vécu « une série de relations très malheureuses » à commencer par le père de Natalia Vodianova, avec qui elle s’est mariée à l’âge de 19 ans.
Larisa Kusakina a également donné naissance à deux autres filles Oksana, autiste, et à Kristina, toutes les deux nées du même père, qui fut son époux jusqu’à ce qu’il décède en 2021. Quand la matriarche de 36 ans est enceinte de Maria Mashinka, dite Masha, demi-soeur de Natalia Vodianova, cette dernière a atteint les 16 ans.
Le père, lui, est un homme qui se présente comme « un gars parfait », se souvient la star russe des défilés, qui paraît « très sérieux » et lui propose même de l’appeler « papa ». Malheureusement, la relation tourne au fiasco et l’homme en question laisse d’importantes dettes au foyer. À cette époque, la mère et ses filles vivent « dans une petite pièce de 20 mètres » avec des « meubles à crédit », raconte Natalia Vodianova. Pour gagner sa vie, sa mère vend des fruits.
La mère de famille, très précaire, est contrainte de se tourner « vers la mafia locale pour emprunter de l’argent à des conditions exorbitantes », explique Natalia Vodianova à Vogue.
Au huitième mois de sa grossesse, l’épouse actuelle d’Antoine Arnault – fils du milliardaire Bernard Arnault – suggère alors à sa mère de faire adopter son bébé. « Je lui ai dit : ‘Tu ne peux absolument pas mettre un autre enfant dans cette situation' », confie-t-elle.
Selon ses mots, elle a « toujours assumé la responsabilité » de la mise à l’adoption de demi-sœur et ne le regrette pas. La mafia se montrait de plus en plus malveillante, alors cette décision était « la bonne », estime Natalia Vodianova.
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Les adieux de Natalia Vodianova à sa demi-sœur
La star russe raconte qu’il y a eu une période difficile, durant laquelle sa mère « aurait pu revenir sur sa décision ». Elle se souvient des perches tendues envers sa mère : « [Les services de l’État, ndlr] nous ont appelés et ils nous ont dit : ‘C’est un si bon bébé, elle ne pleure jamais, elle est si belle, êtes-vous sûre de vouloir continuer la procédure ?’. »
Elle va avoir une bien meilleure vie qu’avec nous.
L’actrice russe a toujours campé sur ses positions et se souvient avoir dit à sa mère : « Il y a une file d’attente de parents qui veulent cet enfant. Elle va être aimée, elle va avoir une bien meilleure vie qu’avec nous. »
Le nourrisson a vu le jour en 1999, à Nizhny Novgorod, en Russie. Lorsqu’elle a vu pour la première et dernière fois sa petite sœur, elle a passé sa main à travers les barreaux du lit et celle-ci a attrapé son doigt : « Elle ne voulait tout simplement pas le lâcher. » Aux yeux de sa grande soeur, déjà, Masha était « une combattante ». Avant de la quitter, elle lui a glissé : « Je te promets que l’on se reverra. »
La même année, débarque à Paris et décroche son premier contrat en tant que mannequin à l’agence Viva. L’adoption de sa sœur est en cours tandis que sa situation personnelle et financière s’arrange : « Dès que j’ai eu un peu de succès et que je me suis sentie en sécurité, je suis revenue la chercher, mais elle était déjà partie. J’ai même engagé un détective privé pour essayer de craquer le système. Personne ne nous donnait d’informations », explique-t-elle avec regret.
En réalité, la petite Masha a été adoptée par une famille américaine de Caroline du Nord et s’appelle désormais Jennifer Burns alias Jenna. Le foyer a également recueilli un autre bébé russe, nommé Ethan.
Premiers échanges passés à la trappe
Puis, des années plus tard, un soir de juillet 2021, la vie de Jenna Burns a basculé. À ce moment précis, celle qui était alors une étudiante en génie mécanique de 22 ans, est assise dans un parking Walmart à Clemson, en Caroline du Sud, lorsqu’elle reçoit « une rafale de notifications par e-mail », raconte-t-elle a son tour.
« Bizarre », se dit-elle, avant de réaliser que ses mails proviennent du site de tests ADN auquel elle s’était abonnée lorsqu’elle était adolescente, curieuse d’en savoir plus sur ses parents biologiques russes. Elle lit notamment qu’un « nouveau parent ADN vous a envoyé un message ». Il s’agit de Kristina, l’une de ses demi-sœurs russes.
En 2019, déjà, elle avait été informée d’une autre correspondance par ce même service de tests ADN. Elle avait alors reconnu le prénom de la mannequin à la carrière internationale et lui avait envoyé le message suivant via le site : « Je vais bien. J’espère que tu vas bien aussi. Tu n’as même pas besoin de répondre à ce message. Je voulais juste te faire savoir que je vais bien, si tu te poses la question, et j’espère que toi aussi. » Elle n’aura jamais de réponse.
Natalia Vodianova, pourtant, s’était inscrite sur ce même site en 2016 : « J’avais très peu d’espoir de trouver quoi que ce soit. Pendant un moment, j’ai regardé mes e-mails tous les mois en pensant, qui sait ? Mais ensuite, c’est devenu trop douloureux. » C’est pour cette raison que la top a malheureusement manqué le message de sa demi-soeur.
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Retrouvailles émouvantes à Paris
Après la prise de contact de Kristina, les sœurs échangent entre elles. Si au début, elles se montrent hésitantes, elles apprennent avec le temps à se faire confiance et finissent par organiser un appel vidéo. L’étudiante raconte avoir « séché les cours » pour cela et évoque à Vogue ses aprioris concernant la mannequin : « Je ne sais pas ce que je m’imaginais d’elle. Peut-être le stéréotype du ‘top modèle’ mais elle était assez naturelle et c’était facile de parler avec elle. »
Au total, la rencontre virtuelle a duré trois heures et a permis aux soeurs d’aborder l’adoption et l’enfance de Jenna.
Natalia et sa demi-sœur – accompagnée de son frère Ethan – se sont finalement rencontrées à Paris lors du premier séjour en Europe de l’Américaine. « Nous nous sommes longuement pris dans les bras à l’aéroport », confie la jeune femme au magazine de mode.
Elle a également rencontré Larisa, sa mère biologique, avec qui la compréhension était difficile puisqu’elle ne parle pas anglais et que Jenna Burns ne parle pas russe – elle est en train de l’apprendre -. « J’étais assez anxieuse mais ça s’est passé aussi bien que possible. C’était un moment très intime », explique-t-elle.
Leur mère transformée par cette réunion
Selon les mots de la star, sa mère n’a jamais été « plus paisible » que depuis les retrouvailles avec sa fille : « Je ne pouvais pas la reconnaître. Elle a été tel un nuage sombre pendant la majeure partie de sa vie, et à présent elle était un rayon de soleil. »
Aujourd’hui, les deux sœurs se découvrent malgré leurs chemins de vie différents : « Je viens d’obtenir mon diplôme universitaire. Je commence mon premier emploi. Et elle, elle travaille, et est mère de cinq enfants. Mais je pense que nos personnalités vont très bien ensemble. Elle dit des choses et je me dis, ‘Oh mon Dieu, c’est tellement quelque chose que je pourrais dire' », ajoute Jenna.
Pour Natalia Vodianova, malgré le temps perdu, cette relation est une évidence : « J’ai senti qu’elle avait toujours fait partie de ma vie, même si je ne la connaissais pas. (…) Il y a quelque chose de beau dans la génétique et nos gènes. L’amour vient très naturellement. Et Dieu merci pour la technologie, car sans elle nous ne nous serions jamais trouvées. »
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