Le Bazar de la Charité : plagiat ou coïncidence ? Une auteure en colère contre TF1

Alors que TF1 propose dès ce lundi 18 novembre les premiers épisodes de sa grandiose fresque historique Le Bazar de la Charité – qui revient sur le terrible incendie du lieu de bienfaisance survenu à Paris en 1897 -, l’auteure d’un livre intitulé La Part des Flammes et sorti en 2014 trouve d’étranges similitudes entre son ouvrage et la mini-série de TF1. Plagiat ou hasard ?

Après une campagne promo omniprésente et « agressive », TF1 diffuse ce lundi 18 novembre en prime et en grande pompe les deux premiers épisodes (sur huit) du Bazar de la Charité, sa mini-série-événement à gros budget et au casting de stars qui revient sur le dramatique incendie du bazar de la charité (un édifice parisien qui abritait la plus mondaine des oeuvres de charité, dont le principe était de vendre des objets au profit des plus démunis), à Paris, le 4 mai 1897, qui avait causé la mort de plus de cent vingt personnes, pour la plupart de riches femmes charitables issues de la haute société parisienne. Parmi les nombreuses victimes : Sophie-Charlotte, duchesse d’Alençon (sœur de l’impératrice Sissi), la célèbre peintre et céramiste Camille Moreau-Nélaton, mais aussi Madame de Valence et ses deux filles.

Une histoire tragique qui marquera longtemps la France au tournant du XXe siècle, et qui, avant d’inspirer cette nouvelle fiction à TF1, avait déjà suggéré à l’auteure Gaëlle Nohant l’idée d’un roman, La part des Flammes, publié en 2014 chez France-Loisirs avant de sortir en poche en 2016. Et le moins que l’on puisse dire en comparant les deux histoires, c’est que le pitch de la superproduction de TF1 – qui n’est pas une adaptation du roman mais bien une série originale, dixit la chaîne – est très, très proche de celui de l’ouvrage de Gaëlle Nohant : l’incendie dévastateur et les répercutions de ce drame à travers le prisme de trois personnages féminins venant de trois milieux différents. Ce sont les lecteurs du roman qui, après s’être informés du scénario de la série, ont mis le doigt sur certaines similitudes, ce qui n’a pas manqué de revenir aux oreilles de l’auteure qui s’est exprimée sur le sujet il y a quelques jours, non sans ironie mais avec une pointe d’agacement, sur sa page Twitter : « Comme vous êtes nombreux à me féliciter pour l’adaptation de La Part des flammes… La série Le Bazar de la charité n’est pas l’adaptation de mon roman, et ce serait pure coïncidence si le pitch de la série (trois femmes dont la vie est bouleversée par l’incendie) est le même.« 

Comme vous êtes nombreux à me féliciter pour l'adaptation de La Part des flammes… La série "Le Bazar de la charité" n'est pas l'adaptation de mon roman, et ce serait pure coïncidence si le pitch de la série (3 femmes dont la vie est bouleversée par l'incendie) est le même.

Contactée par nos confrères de Femme Actuelle, Gaëlle Nohant a cependant tenu à préciser après avoir vu les deux premiers épisodes : « Le pitch de la série de TF1 est similaire à celui de mon roman qui raconte trois femmes dont la vie est bouleversée par l’incendie et vont gagner une forme de liberté, mais j’ai vu deux épisodes de la série et les histoires développées sont très différentes des miennes. » Mais cela ne l’empêche pourtant pas de ressentir comme une certaine amertume : « Ça m’a mise en colère car cela fait plus d’un an que je reçois tous les jours des messages de gens qui me félicitent pour l’adaptation de mon roman. La série de TF1 surfe sur le même sujet que moi. Je ne suis pas propriétaire du fait divers, je ne peux donc rien faire, juste déplorer ces ressemblances. Parmi les dizaines et les dizaines d’histoires qu’ils pouvaient inventer sur cet incendie fascinant, je trouve pénible qu’ils aient choisi de reprendre exactement le même pitch que moi ! Ils ne peuvent pas faire comme si mon roman n’avait pas existé surtout avec le succès qu’il a recueilli. »

Alors, TF1 et sa nouvelle série, plagiat ou coïncidence ? Pour le diffuseur, la question ne se pose même pas : Le Bazar de la Charité est une série originale.« Catherine Ramberg et Karine Spreuzkouski (les créatrices de la série, NdR) ne se sont pas du tout inspirées de ce livre pour écrire la série. La productrice Iris Bucher avait été approchée par l’éditeur avant même de partir en tournage, et dépôt SACD à l’appui, son projet a bien été identifié en tant que création originale », a ainsi martelé la chaîne la semaine dernière pour éteindre ce début de polémique. L’actrice Julie de Bona (qui incarne l’une des trois protagonistes principales) a pour sa part confié, toujours dans les pages de Femme Actuelle, avoir bien lu le roman de Gaëlle Nohant pour s’en inspirer afin de composer au mieux son personnage, mais elle ne semble pas être la seule, comme riposte l’auteure du livre : « Je sais de source sûre que les producteurs de la série ont lu mon livre ainsi que plusieurs acteurs. » Mais quoi de plus normal que de se documenter sur un sujet quand on travaille sur un projet qui le traite ?

Après ces sorties médiatiques successives de l’auteure, la productrice de la mini-série, Iris Bucher (Quad Télévision), a tenu à rédiger un droit de réponse que le site internet de Femme Actuelle a publié en intégralité, et dont nous vous proposons quelques extraits : « Vous demandez si TF1 a plagié le roman La part des flammes de Gaëlle Nohant pour leur série événement Le Bazar de la Charité. La réponse est non. La scénariste Catherine Ramberg, à l’origine du projet de série, avait développé, en 2007, donc sept ans avant la première publication du roman en question, un projet de série télévisée racontant trois destins de femmes suite à la catastrophe de l’incendie du Bazar de la Charité. Ce projet a été soumis à la société de production Cinétévé mais n’a, à l’époque, pas abouti. La télévision française n’était pas prête pour une telle saga romanesque en huit épisodes. Catherine Ramberg a récupéré son projet, et quelques années plus tard, a retenté sa chance auprès de Quad Télévision, société que je dirige. Parallèlement, le projet a été déposé au Fonds d’Aide à l’Innovation du CNC (date du dépôt : 20 janvier 2015). J’ai optionné le projet en question, nous l’avons retravaillé ensemble, je l’ai  proposé à TF1 qui a signé une convention de développement, puis une mise en production. Lorsque le roman La part des flammes est sorti, le synopsis de la série reposant sur le destin de trois femmes victimes de l’incendie était déjà écrit, il n’y a strictement aucun doute là-dessus.«  Voilà qui devrait clore le débat. A quelques heures du début de la diffusion, et vu les enjeux énormes pour la chaîne, il était nécessaire de clarifier cette situation pour ne pas attiser une éventuelle polémique.

Chacun aurait d’ailleurs pu y trouver son compte : le succès potentiel – et attendu – de la série risque de faire une grande publicité à La Part des Flammes qui en tirerait alors aussi de grands bénéfices, malgré ce que peut en penser son auteure qui se sent spoliée ; sauf que… la question ne va malheureusement pas se poser, car TF1 a aussi prévu de publier prochainement un livre adapté de sa propre série. D’où, peut-être, cette colère de l’auteure.

https://youtube.com/watch?v=4uPJio5xcyo%3Frel%3D0%26showinfo%3D1

Les premiers épisodes du Bazar de la Charité – avec notamment Audrey Fleurot, Camille Lou, Julie de Bona, Josiane Balasko, Gilbert Melki, Antoine Duléry et Stéphane Guillon – seront diffusés ce lundi 18 novembre sur TF1, et tous les épisodes seront disponibles en même temps dans le monde entier sur la plateforme Netflix. Et pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez lire La Part des Flammes, de Gaëlle Nohant, publié chez Pocket.

Crédits photos : TF1

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