Principalement connue à travers la saga de films Sissi, dans lesquels Romy Schneider l’incarne, la véritable impératrice d’Autriche Elisabeth de Wittelsbach était loin de sa version sur le petit écran. Malheureuse en mariage, complexée, dépressive, le destin tragique de la souveraine s’achève en 1898, lorsqu’elle est assassinée.
Retour sur la vie d’une des figures historique majeures du XIXe siècle, qui a marqué les esprits par sa beauté et son refus de se conformer aux règles de la Cour.
Une enfance libre
Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach voit le jour le 24 décembre 1837, à Munich. Issue d’une fratrie de dix enfants, elle est la deuxième fille de Maximilien Joseph de Wittelsbach, duc en Bavière et la princesse Ludovica, fille du roi de Bavière Maximilien Ier.
Elle mène une enfance paisible et libre à Possenhofen, près du lac de Starnberg, entourée par la nature. Ce milieu décontracté va forger son caractère de rebelle et d’insouciante. Elle y développe sa passion pour l’équitation, qui ne la quittera jamais, mais également pour la poésie.
Mariée à 16 ans avec l’empereur François-Joseph Ier
En 1853, l’archiduchesse Sophie et sa sœur Ludovica décident qu’Hélène, l’aînée discrète et disciplinée sera la future épouse idéale de François-Joseph Ier, tout juste empereur d’Autriche.
Les deux femmes organisent une rencontre entre les deux cousins, à Bad Ischl, résidence familiale afin d’officialiser leurs noces. Elisabeth, qui ne devait pas voyager avec sa mère et sa sœur est finalement conviée. Lors de cette escapade, l’adolescente qui a le coeur brisé, souffrira du premier épisode dépressif d’une longue liste, qui ponctuera sa vie.
Bien que tout le destinait, à épouser Hélène, François-Joseph, âgé de 23 ans est subjugué par la beauté de sa jeune cousine, Elisabeth. François-Joseph se laisse porter par son coeur et décide de se marier avec Elisabeth, qui n’a que 16 ans.
Déjà très lucide pour son âge, la jeune fille se rend compte de leurs différences fondamentales. Lui a été préparé toute sa vie à régner, contrairement à elle.
Sa tante, l’archiduchesse Sophie, voit d’un très mauvais œil cette union. Pour elle, l’adolescente n’a pas l’étoffe d’une impératrice. Elle essaie tant bien que mal de faire renoncer son fils à cette union, mais il n’en démord pas. Celle qu’on surnomme « la Rose de Bavière », épouse François-Joseph le 24 avril 1854, dans l’église des Augustins à Vienne, face au peuple ravi.
Sissi, l’impératrice rebelle
Impératrice d’Autriche, Elisabeth est appelée Sissi par la Cour de Vienne. Installée au palais d’Hofburg, la jeune femme a du mal à composer avec le protocole royal strict et sa belle-mère rigide et envahissante Sophie.
D’autant que son époux lui accorde peu de temps, accaparé par ses occupations politiques. Très vite, la jeune Sissi s’aperçoit qu’elle est enfermée dans une cage dorée. Malheureuse, elle passe son temps à monter à cheval et à coucher ses blessures dans son carnet, en écrivant des vers.
Dans l’un d’eux, elle décrit sa nuit de noces cauchemardesque, où sa belle-mère prépare le lit conjugal « pour cette nuit de dépucelage », qui s’apparente à un viol organisé, avance Libération. Le lendemain, la jeune femme se voit offrir de l’or pour avoir fait don de sa virginité. Le caractère fougueux de Sissi se heurte à la personnalité plus conventionnelle de son mari. Bien qu’ils s’aiment, ils ne se comprennent pas.
C’est dans ce contexte chaotique que Sissi donne naissance à son premier enfant, une fille du nom de Sophie en 1855.
Mais peu de temps après la naissance de l’enfant, l’archiduchesse Sophie prend en charge l’éducation de la petite fille, estimant que Sissi ne peut l’élever selon leur rang.
Un an plus tard, en 1856, à la naissance de la deuxième fille du couple impérial, Gisèle, la mère de François-Joseph décide à nouveau de tout. Mais cette fois-ci, l’impératrice s’impose et récupère ses deux filles.
Sissi, une mère dévouée et féministe
En 1857, la famille part pour la Hongrie, contre l’avis de l’archiduchesse Sophie, qui juge les enfants trop petits pour un tel voyage. La vie lui donnera raison, les conditions sanitaires hongroises sont déplorables, et la petite Sophie meurt de la dysenterie, le 29 mai 1857 à Budapest.
Rongée par la culpabilité, Sissi sombre une nouvelle fois dans la dépression. Encore marquée par la tragédie, elle donne naissance à l’héritier du trône, Rudolphe, archiduc d’Autriche, en 1858. Résolument triste, la santé de Sissi inquiète. Elle est envoyée se ressourcer à Madère.
À son retour, elle s’investit dans l’éducation de son fils. Elle refuse qu’on lui impose une formation militaire et des méthodes sévères. Le garçon grandit à son image, sensible et instruit. Au début des années 1860, Sissi qui ne supporte pas la vie au palais, part à l’aventure à travers l’Europe, se passionne pour la Méditerranée, et la culture grecque.
Sissi sera tout de même très présente aux côtés de François-Joseph Ier, dans la résolution du conflit austro-hongrois. Très appréciée des Hongrois, elle se rapproche du beau Gyula Andrássy, un colonel de l’armée hongroise.
En œuvrant pour la paix, Sissi se met à dos la cour viennoise et sa belle-mère, mais elle ne s’en préoccupe pas. Les deux puissances s’allient et forment l’empire austro-hongrois, et Sissi est couronnée reine de Hongrie le 8 juin 1867. L’année suivante, elle donne accouche de sa troisième fille, Marie-Valérie, son enfant préféré.
Culte de la minceur
Les années suivantes, Sissi n’est jamais à la cour. Elle enchaîne les voyages en Europe centrale avec sa fille Marie-Valérie. L’impératrice est anorexique et contrôle son image. Elle mesure 1,72 m, mais s’attèle à ne jamais peser plus de 50 kg, en s’imposant des corsages de plus en plus serrés et un régime drastique. Admirant les portraits de femme nues, elle complexe et s’acharne à l’entrainement dans son gymnase personnel, une extravagance pour son entourage.
Ces lubies fragilisent son mariage. Dans les années 70, le couple s’aime mais bascule dans une relation amicale. C’est Sissi elle-même qui choisit l’actrice Katharina Schratt, pour être la maîtresse de son mari, car elle sait qu’elle pense qu’il sera plus heureux auprès d’elle.
Plus tard, Sissi, défend farouchement les choix de ses enfants de se marier par amour. Mais elle craint que Rodolphe se soit trompé, lorsqu’il s’unit avec Stéphanie de Belgique, qu’elle pense arriviste, malveillante et trop traditionnelle pour son fils aux convictions libérales.
Le corps de Rodolphe est finalement retrouvé sans vie, le 30 janvier 1889, en compagnie de sa maîtresse Marie Vetsera, dans le pavillon de chasse de Mayerling. Les rapports concluent à un suicide, car le prince héritier avait une santé mentale fragile. Mais Sissi n’y croit pas, et accuse l’Autriche du meurtre de son fils.
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Une fin tragique
La souveraine n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle plonge dans une dépression nerveuse, dont elle ne sortira jamais. Les disputes avec François-Joseph se multiplient. Les rares fois où elle est en Autriche, elle ne réside pas au palais impérial, mais seule dans une villa, construite dans le parc de Lainz, sous les ordres de son mari.
S’apprêtant à retourner en Autriche, après un énième voyage en Suisse, elle prend le ferry qui doit l’amener à Montreux. Mais Sissi est assassinée sur le quai par un un anarchiste italien, Luigi Lucheni, qui lui plante une lime dans le coeur, le 10 septembre 1898. Elle avait 61 ans.
Meurtri, François-Joseph ignore les dernières volontés de son épouse, qui souhaitait reposer à Corfou, et préfère respecter le protocole. Le 17 septembre 1898, l’impératrice d’Autriche est donc inhumée dans la crypte des Capucins à Vienne, une ville qu’elle a pourtant tant détesté.
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