Longtemps malmenée par Hollywood, l’actrice a remporté un Oscar, le dimanche 9 février, pour son rôle dans le biopic Judy, signé Rupert Goold. Retour sur les tribulations – bien réelles – de l’inoubliable Bridget Jones.
Quelques kilos en trop, un amour incommensurable pour Céline Dion et des tentatives désespérées d’arrêter la clope… En 2001, Renée Zellweger se glisse dans la peau de l’inénarrable Bridget Jones, héroïne des romans d’Helen Fielding. Dix-huit ans – et un break – plus tard, l’actrice de 50 ans aborde un tout nouveau registre dans le biopic Judy, de Rupert Goold (1). Et repart, le 9 février à Los Angeles, avec l’Oscar de la meilleure actrice. Une véritable renaissance pour la comédienne, longtemps malmenée par l’impitoyable machine d’Hollywood.
« Nous valons mieux que ça »
Il y eut d’abord les regards scrutateurs, à chaque apparition de l’actrice sur les tapis rouges. Épiant sa silhouette, à mesure qu’elle gagnait ou perdait du poids pour chacun de ses rôles. Vint ensuite l’examen minutieux de ses relations amoureuses. Sa romance présumée – puis officielle – avec Jim Carrey, rencontré sur le tournage de Fous d’Irène et devenu son fiancé, en 1999. Ses idylles (avérées ou non) avec le tout-Hollywood, de Matthew Perry (2002), à Bradley Cooper (2009-2011), en passant par George Clooney (2007), décortiquées par la presse. Surgirent enfin, en 2010, les rumeurs d’un présumé recours à la chirurgie esthétique, reprises par des tabloïds qui la qualifient alors de «pauvrette». C’en est trop pour Renée Zellweger. L’actrice met sa carrière entre parenthèses.
Une décision qui n’empêche pas un lynchage en règle en octobre 2014, au lendemain de de la cérémonie Elle Women in Hollywood Awards. Sur le tapis rouge de l’événement, Renée Zellweger apparaît amincie, les traits tirés. Mise au pilori sur les réseaux sociaux, elle est à nouveau accusée d’avoir eu recours à la chirurgie esthétique. Dépassée par l’ampleur de la polémique, l’héroïne de Jerry Maguire (1996) prend la parole dans une tribune du Huffington Post, intitulée «Nous valons mieux que ça». «Bien que cela ne regarde personne, je n’ai jamais fait de chirurgie esthétique», clame-t-elle, déplorant les réactions de gens «cruels» et «lâches derrière leur clavier d’ordinateur».
Étoile filante
Renée Zellweger, peu à l’aise avec l’exercice du tapis rouge. (1998.)
Pourtant, jamais la jeune Renée Zellweger, élevée au Texas, n’aurait imaginé vivre un tel tumulte. Née le 25 avril 1969 dans la ville de Katy, l’adolescente grandit aux côtés de son frère aîné Drew, et de ses parents Kjellfrid Irene, ex-infirmière norvégienne, et Emil, ingénieur suisse. Longtemps, l’adolescente se rêve écrivain ou journaliste. Des cours de théâtre au lycée, puis à l’université d’Austin, lui façonnent un tout autre destin. Elle décroche, d’abord, quelques petits rôles à la télévision locale, avant de faire ses premiers pas sur grand écran dans Génération rebelle (1993), avec Ben Affleck, Milla Jovovich et Matthew McConaughey (devenu son ami de toujours). Un an plus tard, son rôle dans L’amour & un 45 (1994) la pousse à déménager à Los Angeles.
Mais c’est bel et bien sa performance dans Jerry Maguire (1996), au côté de Tom Cruise, qui la propulse au firmament. En 2000, elle remporte un Golden Globe pour sa prestation dans Nurse Betty. Avec Le journal de Bridget Jones (2001), la réalisatrice Sharon Maguire achève de parfaire sa renommée internationale. Son ascension fulgurante est marquée par sa prestation dans la comédie musicale Chicago (2002), qui lui vaut une nomination aux Oscars. En 2004, elle remporte la précieuse statuette pour son second rôle dans Retour à Cold Mountain. Renée Zellweger est partout : sur les tapis rouges des avant-premières, sur les plateaux télévisés et en couverture des magazines. Elle est aussi la protégée d’un certain Harvey Weinstein, tout-puissant fondateur de la société de production Miramax – dont elle affirmera, lorsqu’éclate le scandale, ne «jamais avoir été victime».
Renée-ssance
En 2016, la comédienne revient sur le devant de la scène dans le troisième opus des aventures de Bridget Jones. Ses six années de pause – dont une année de dépression -, entre 2010 et 2016, se révèlent salvatrices. «Je n’étais pas en bonne santé, je ne prenais pas soin de moi, raconte-t-elle dans les colonnes de Vulture. J’étais la dernière chose sur la liste de mes priorités.» L’actrice, emportée par un tourbillon vertigineux, confie ne plus se souvenir de ses 30 ans, une période «floue» dans son esprit.
En 2017, elle passe les auditions pour incarner Judy Garland dans le biopic signé Rupert Goold. D’abord sceptique, le réalisateur la trouve «brillante». Cheveux noirs corbeau, veste chamarrée et lèvres parées d’un rouge discret, Renée Zellweger entonne de manière spectaculaire le légendaire Somewhere over the Rainbow dans ce long-métrage qui revisite les dernières années de l’actrice, décédée en 1969. Elle porte à l’écran le destin d’une figure majeure du septième art, longtemps rongée par la solitude, l’insomnie, et les affres de Hollywood – des tourments pour le moins familiers.
En vidéo, « Judy », la bande-annonce
Acclamée par la critique, Renée Zellweger s’est depuis lancée à la conquête des cérémonies de remises de prix. Elle a ainsi remporté les Golden Globe et Bafta de la meilleure actrice pour sa performance dans Judy, en janvier et février. Durant la cérémonie des Bafta, Hugh Grant, son ancien partenaire de tournage, l’a félicitée à sa manière en reprenant une réplique culte de Bridget Jones : «Avant tout, bien joué, Jones, a déclaré avec humour l’interprète de Daniel Clever dans le film, devant la superbe robe de gala de l’actrice. C’était une petite robe vraiment insipide.» Consécration ultime, Renée Zellweger a remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Judy. Les critiques cinéma, eux, s’interrogent : «Serait-ce le début d’une Renée-ssance ?».
(1) Sortie en France le 26 février.
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