La réalisatrice Blandine Lenoire nous raconte l'histoire du Mouvement pour l'avortement

Dans les années 1970, le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception va changer le destin de millions de Françaises, comme celui d’Annie, l’héroïne du dernier film de la cinéaste.

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« Aujourd’hui, en 2022, les médecins militants de l’époque prennent leur retraite. Il y a toute une nouvelle génération de médecins qui arrivent en disant : je ne pratique pas les IVG. Il y a 180 centres IVG qui ont fermé depuis 15 ans en France. Pour défendre une loi, c’est très important de connaître son histoire et très important pour continuer de la défendre aujourd’hui.« 

Blandine Lenoire est la réalisatrice du long-métrage Annie Colère, sorti dans les salles obscures le 30 novembre 2022, dans lequel elle raconte l’histoire d’une femme qui s’inscrit dans la lutte pour la légalisation de l’IVG. En 1974, Annie, une ouvrière mère de deux enfants (jouée par Laure Calamy), tombe enceinte accidentellement. Accueillie par le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception, qui pratique les avortements illégaux, Annie rejoint le groupe militant et trouve dans son combat un nouveau sens à sa vie.

L’actrice Laure Calamy (Dix pour cent, Antoinette dans les Cévennes) incarne à merveille cette héroïne timide, presque effacée parfois, et nous captive. Avec une mise en scène aux couleurs vintages et une sororité prégnante, ce film choral est déjà salué par l’ensemble de la critique.

L’histoire d’une lutte mémorable

Le MLAC, né en février 1974, a œuvré pendant 18 mois, jusqu’à l’adoption du projet de loi porté par Simone Veil à l’Assemblée. Prônant la bienveillance et l’éducation, le mouvement permet aux femmes d’avorter clandestinement grâce à une nouvelle méthode d’avortement, par aspiration : la méthode Karman. « Une méthode qui était sans douleur, sans danger, peu couteuse, rapide…« , indique la réalisatrice, qui rappelle que la diffusion de cette méthode dans divers groupes de soignants au sein du territoire était un geste politique de la part des médecins. Avec l’apparition de cette méthode, fini les avortements avec les aiguilles à tricoter ou les cintres, responsables de drames parfois mortels, ils deviennent « un soulagement », souligne Blandine Lenoire.

Au travers de son long-métrage, la cinéaste souhaite remettre en lumière les personnes qui l’ont porté dans l’ombre : « Moi, j’ai fait ce film pour rendre hommage et rendre grâce à ces militants et militantes à qui on doit tellement de notre liberté d’avoir des enfants ou pas, du coup notre liberté sexuelle. » Pour elle, cette histoire devrait être enseignée à l’école afin d’être inscrite dans la mémoire collective.

Un objet de cinéma qui laissera sa trace, c’est certain. Bientôt au programme des cours d’Histoire au lycée peut-être ?

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