La Hongrie se retire de l'Eurovision sur fond de polémique anti-LGBTQ

La Hongrie ne participera pas à l’édition 2020 du concours Eurovision de la chanson qui se déroulera du 12 au 16 mai à Rotterdam, aux Pays-Bas. Les raisons officielles de ce retrait ne sont pas encore connues, mais la politique et le discours ouvertement homophobes du gouvernement populiste de Viktor Orban et de certains médias nationaux pourraient être à l’origine de cette absence à la compétition, que le pays n’avait plus manquée depuis 2011.

« Il n’est pas rare que nos membres quittent temporairement l’organisation » a réagi l’Union européenne de radio-télévision (EBU), détentrice des droits de diffusion de l’événement.

« Je salue cette décision. C’est moralement bon de savoir que la Hongrie ne prendra pas part à la flotille homosexuelle que ce concours international de musique est devenu. », s’est de son côté enthousiasmé Andras Bencik, célèbre éditorialiste du Magyar Demokrata, un hebdomadaire hongrois.

Sur Twitter, Zoltan Kovacs, secrétaire d’État à la communication internationale, a affirmé qu’aucun membre du gouvernement n’avait dit que l’Eurovision était « trop gay », criant à la fake news.

What are you talking about? This is shameless muckraking, gossip from your liberal press organs. Nobody in the HU government ever said Eurovision is, in your words, “too gay.” But don’t let the facts get in the way of your sensational, liberal story line. #fakenewshttps://t.co/yLc0TW8CUr

Une source au sein de la télévision publique hongroise (MTVA) a cependant révélé au Guardian que l’exaltation de la culture LGBTQ+ de l’Eurovision et ses participants allaient à l’encontre de la propagande d’Orban, et que sa diffusion, ainsi que celle de tout autre contenu célébrant les droits de la communauté, était fortement déconseillée, à l’exception de la Gay Pride de Budapest, la capitale du pays. « Je n’étais pas surpris. Cela ressemble beaucoup à la culture organisationnelle de MTVA », a confié l’employé du réseau au quotidien britannique.

Une information qui met de nouveau en exergue l’instrumentalisation des médias publics par le gouvernement, dénoncée en 2018 par un ancien rédacteur en chef de MTVA à l’issue des élections législatives. Le journaliste avait avoué avoir été chargé de créer une « atmosphère de peur » chez les citoyens hongrois en faisant le biais entre les fluctuations du taux de criminalité et l’immigration. « La tolérance relativiste était régulièrement critiquée pour présenter les positions anti-immigrationnistes comme les seules valides. »

À la tête de l’État depuis 2010, Viktor Orban mène en effet une lutte acharnée contre l’immigration et prône les valeurs de la « famille traditionnelle ». Son « sommet démographique », grande messe du nativisme, organisé à Budapest le 5 septembre, avait réuni des représentants religieux et politiques du monde entier, dont un membre du Congrès des États-Unis.

Les opérations de protestation contre l’expression des droits et libertés de la communauté LGBTQ ne sont pas rares au sein de Fidesz. Le parti fondé par le Premier ministre avait appelé au boycott de la marque Coca-Cola suite à sa campagne de pub mettant en scène deux hommes homosexuels. En mai, Laslo Kover, président de l’Assemblée nationale, avait assimilé le désir de parentalité des couples de même sexe à de la pédophilie, arguant que « dans les deux cas, l’enfant est un objet, un élément de plaisir, un outil contribuant à la satisfaction et à la réalisation de soi. ». Une semaine plus tard, le chef de cabinet du Premier ministre avait ajouté qu’il serait « égoïste » de priver un enfant de parents de sexes différents, se félicitant que la constitution hongroise soit « basée sur le principe juste et clair que seuls les hommes et les femmes peuvent se marier. »

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