Jill Biden : “J'ai mené une double vie”

À 71 ans, l’épouse du président des États-Unis a réussi à tromper son monde durant huit ans…

La première dame des États-Unis n’a vraiment rien à voir avec sa prédécesseur.

Contrairement à Melania Trump, Jill Biden n’est pas du genre à s’effacer. Ni à garder sa langue dans sa poche. À 71 ans, celle qui a grandi en Pennsylvanie, a passé sa vie à se battre pour sa liberté. Financière, pour ne surtout pas déprendre des hommes. Et intellectuelle, sans jamais lâcher ce métier de prof d’anglais et d’histoire qu’elle affectionne tant. Preuve de son sacré caractère, elle raconte dans ses mémoires, dont la version française vient de paraître (Là d’où jaillit la lumière, éd. L’Archipel), cet acte de rébellion à l’adolescence, quand son père la contrariait un peu trop. « Au moment de repasser ses caleçons, j’abusais volontairement de la bombe d’amidon, sachant que ça le gratterait aux endroits les plus délicats. J’ai savouré ma vengeance, jusqu’au jour où ma mère m’a démasquée », écrit Jill. Elle a 24 ans quand, en 1975, elle rencontre Joe Biden. Lui en a 33 et mène déjà une carrière de sénateur. L’homme a vécu un drame personnel trois ans plus tôt, à une semaine de Noël, quand son épouse et sa fille de 13 mois décèdent dans un accident de voiture.

C’est seul qu’il élève ses deux fils rescapés : Beau, 6 ans, et Hunter, 5 ans. Jill aussi panse des plaies. Divorcée de son premier amour, un garçon qui avait eu l’outrecuidance de vouloir faire d’elle une femme au foyer, elle ne croit plus au couple. Jusqu’à ce coup de fil surprise de Biden, qui l’a repérée sur une affiche publicitaire. « Comment avez-vous eu mon numéro », lui demande sèchement Jill.

Avant de se radoucir et d’accepter un rendez-vous. Puis beaucoup d’autres. C’est en réalité le frère cadet de Joe, étudiant dans la même université que Jill, qui a donné ce coup de pouce au destin. Entre le démocrate et la jeune femme, les atomes crochus sont évidents et leur romance avance sereinement sur le chemin de l’amour. Même Beau et Hunter sont charmés par Jill. Mais cette dernière ne peut s’empêcher de freiner des quatre fers quand Joe la demande en mariage.

Elle va décliner ses quatre propositions ! « Contrairement à ce que j’avais toujours cru lorsque j’étais jeune, former un couple est une aventure ardue, écrit la First lady. Je savais, qu’en dépit de tous mes efforts, je ne pourrais jamais tout contrôler. En offrant mon cœur à Joe, je lui donnais le pouvoir de le briser. » Le sénateur va finir par perdre son sang-froid et lui poser un ultimatum. Cette cinquième demande sera la bonne. Après deux ans de relation, le couple se marie enfin.

Et accueille une fille, Ashley, en 1981. La soif de pouvoir de Biden, élu vice-président puis président des États-Unis, n’aura pas fait dévier Jill de ses idéaux. Elle restera libre envers et contre tous. « Huit années durant, j’ai mené une double vie, révèle-t-elle dans ses mémoires. Chaque lundi, je rejoignais l’aile Eisenhower de la Maison-Blanche où se trouvait mon bureau, avec ses colonnes en marbre (…) Le lendemain, à douze kilomètres de là, je retrouvais mon petit box du campus de Nova, à Alexandria, en Virginie, de sorte que je passais ma semaine à naviguer d’un monde à l’autre. » Jill va feinter avec maestria. Se cachant parfois dans les toilettes du campus pour enfiler une robe de soirée et des escarpins avant de filer à un rendez-vous officiel.

« Cette double vie, entre les partiels semestriels et les réceptions d’État, m’a toujours plu, ajoute-t-elle. Dîner avec les responsables les plus puissants de la planète et donner des cours à des mères célibataires désireuses de décrocher un emploi… Le rôle de professeur est celui qui m’a toujours le mieux convenu. » Preuve suprême de modernité, pour celle qui a réussi sa vie personnelle et professionnelle. 

LOÏC TORINO-GILLES

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