INTERVIEW – Véronique Sanson et sa soeur Violaine : « On a toujours fait bloc »

Deux ans seulement les séparent mais, depuis l’enfance, l’aînée a toujours cherché à protéger sa petite sœur. Devenue aujourd’hui sa manageuse, elle nous raconte sa “Véro” intime.

Elle est aussi brune que sa sœur est blonde. Mais derrière le calme apparent, on devine la même fougue, la même flamme. Alors que Véronique Sanson triomphe en tournée, Violaine nous confie qu’à ses débuts, il fallait la pousser pour monter sur scène. Aujourd’hui, c’est l’endroit où elle se sent vivre, vibrer, dans une communion avec le public qui, chaque fois, bouleverse son aînée. Tout comme l’a émue ce livre qui revient sur l’incroyable discographie de sa sœur, illustré de photos qu’elle n’avait parfois jamais vues…

GALA : Vous signez la préface de Tout Véronique Sanson, album par album (éditions Gründ), dans laquelle vous racontez qu’au tout début de sa carrière, votre sœur avait refusé de passer dans l’émission de Guy Lux, véritable tremplin pour le succès, parce qu’il lui demandait de chanter en playback. Cette anecdote en dit long sur son caractère…
VIOLAINE SANSON-TRICARD :
Pour Véro, chanter en playback était une sorte de comédie ridicule, et elle se savait capable de faire du direct. Elle est comme ça, elle ne fait pas de compromis et, à mon avis, c’est une des raisons pour lesquelles elle tient depuis si longtemps. Même la modernité ne l’intéresse pas. Ce qui compte pour elle, c’est l’authenticité, la sincérité, l’envie. Véro est dans l’émotion permanente, ce qui est en fait d’ailleurs la personne fragile que l’on connaît. Mais de cette fragilité, elle tire une espèce de force, celle des gens qui n’ont peur de rien.

GALA : Comment avez-vous vécu sa naissance ?
V. S.-T. :
Maman savait que l’arrivée d’un deuxième enfant pouvait être un vrai drame pour le premier, alors, quand Véro est née, deux ans après moi, elle me l’a annoncé en disant : « On va avoir un bébé, c’est le mien, mais c’est aussi le tien, donc tu vas t’en occuper, tu es responsable.» Et voilà, ça fait soixante-treize ans, et c’est toujours mon bébé ! (Elle rit)

GALA : Les rôles ce sont-ils parfois inversés entre vous ?
V. S.-T. :
Non, je ne crois pas. Il y a toujours la grande sœur et la petite. Professionnellement, elle n’en a, en aucun cas, besoin. Mais je me suis toujours sentie très responsable de ce qu’elle était, concernée par tout ce qui pouvait lui arriver. Probablement même que j’ai pu être l’emmerdeuse qui lui a souvent fait la morale, mais c’est notre modus vivendi, et on vieillit bien comme ça toutes les deux !

GALA : Véronique parle souvent d’une enfance “fantastique” ?
V. S.-T. :
Merveilleuse, en effet, avec des parents extraordinaires, les gens les plus gais, les plus cultivés, les plus drôles de la Terre. Des musiciens aussi, qui nous ont transmis leur passion. Papa était héritier d’une grande famille juive. Son père, banquier, s’était suicidé à la suite de la crise de 1929, sa famille était ruinée, et donc papa n’avait pas d’argent. Il est devenu avocat et footballeur professionnel, il a été sélectionné six fois, je crois, en équipe de France. Maman aussi venait d’une famille extrêmement pauvre, mais cultivée. Nous, on habitait un très bel appartement qui était probablement la seule grande richesse de mes parents. Après, on faisait un peu attention à tout. Mais on n’a jamais manqué de rien.

GALA : Véronique dit que vous étiez plus folle qu’elle…
V. S.-T. : (Elle rit) On est à tour de rôle la plus folle des deux… Mais disons que, moi, je fais semblant de ne pas l’être !

GALA : Étiez-vous dans la confidence quand votre sœur a quitté Michel Berger du jour au lendemain pour suivre Stephen Stills aux États Unis ?
V. S.-T. : Non. J’étais avec Michel et sa sœur Franka, dans l’appartement qu’il avait avec Véro à Paris, rue de Prony. On a passé une nuit à appeler les hôpitaux. Puis les commissariats. À la fin, on nous conseillait d’appeler la morgue… Je lui en ai voulu qu’elle s’en aille comme ça.

GALA : Vous êtes-vous éloignée pendant cette période américaine ?
V. S.-T. :
Par la force des choses, car elle a d’abord vécu au Colorado, avec huit heures de décalage, puis en Californie, avec neuf heures. On a oublié mais, à l’époque, il n’y avait pas WhatsApp, ni les réseaux, ni les mails. En plus, j’étais une toute jeune chef de pub, je ne gagnais pas beaucoup d’argent, et téléphoner aux Etats-Unis coûtait très cher. Et comme, avec Véro, on est incapables de se parler juste deux minutes, quand je l’appelais, mon salaire du mois y passait !

GALA : Avez-vous eu peur pour elle à cette époque ?
V. S.-T. :
Je ne me suis pas rendu compte qu’elle vivait des moments aussi terribles. Et elle n’en parlait pas vraiment. Bien sûr, il y a eu le jour de son mariage. Elle l’a déjà raconté. Quand j’ai vu qu’elle s’était entaillé les veines, je lui ai dit : « Viens, on se barre ! » Elle n’a pas voulu car il y avait les Beatles, les Rolling Stones, que les parents étaient là. Mais quand elle parlait de ce qui se passait dans son couple, ça ressemblait à une crise, une engueulade, pas plus. Je n’ai jamais soupçonné la violence… (La voix de Violaine se fait soudain à peine audible). C’est après que j’ai eu peur pour elle… Mais du coup, maintenant, elle va très bien.


GALA : Votre sœur a surmonté bien des addictions, et récemment un cancer. C’est un phénix?

V. S.-T. : C’est une force de la nature du haut de son 1,60 mètre, un être exceptionnel. Je pense qu’on tient ça de nos parents : maman s’était évadée d’une prison, elle pesait 35 kilos pour 1,68 mètre. Papa était juif et résistant, ce qui n’était pas si facile… Je ne sais pas si ça s’apprend, mais je pense qu’on a été élevées elle et moi dans le culte de la résilience, de l’effort, du « Rien n’est jamais perdu », et « On n’abandonne pas » !

GALA : A quel moment avez-vous décidé de travailler à ses côtés, de devenir sa manageuse ?
V. S.-T. :
Dans les années 2000, quelqu’un est venu me dire qu’elle se faisait arnaquer par une personne de son entourage professionnel proche. En vérifiant, j’ai découvert qu’elle ne se faisait pas arnaquer, elle se faisait véritablement piller. J’ai plongé dans le dossier et suis devenue, de facto, le pilote de toute cette équipe. Donc, travailler ensemble est vraiment le fruit du hasard.

GALA : Est-ce que vous vous dites que vos parents seraient fiers de vous voir toujours si complices, si soudées ?
V. S.-T. : Sûrement, oui. D’abord on a toujours fait bloc contre tout le monde, Véro et moi. Quand il y avait une bêtise et que papa et maman demandaient qui l’avait faite, aucune des deux ne dénonçait jamais l’autre. Et la famille a toujours été la priorité chez nous. Alors, si jamais ils nous voient, je sais qu’ils sont contents. En tout cas on a fait comme ils ont dit. Et c’est la chose la plus importante.

GALA : Est-ce que ce sentiment familial si ancré, si essentiel, se prolonge à travers les enfants, les petits-enfants ?
V. S.-T. : Oui. D’autant que Véro et moi avons eu nos garçons, (Christopher, le fils de Véronique et Julien celui de Violaine, ndlr), à trois mois de différence. Ils sont comme des frères. C’est très fusionnel.

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Crédits photos : zz.Archive Julien De Rosa/Starface

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