INTERVIEW – Rossy de Palma discrète sur sa vie privée : « Le mystère me paraît plus poétique »

Rencontre avec l’égérie de Pedro Almodóvar, visage baroque entré dans notre panthéon esthétique. Sa forte personnalité ne cesse de nous inspirer.

lle est attentive à son image. Avec Rossy de Palma, pas question de normalité. Dadaïste revendiquée, cette mère de famille, qui vit ses amours et son quotidien en coulisses pour mieux briller sur scène, n’a pas attendu la mode du body positive ou de l’inclusivité pour imposer son visage atypique. Parfois surnommée La Picassa, une allusion à ses traits asymétriques, elle s’apprête à imposer son univers onirique au Bon Marché, à Paris. Du 26 août au 15 octobre s’y tiendra l’expo Olé Olé et la Villa Rossy. Sa maison idéale, toute en couleur et en fantaisie. Espagnole de naissance, mais Parisienne de cœur, fan de mode, actrice, cette artiste éclectique nous livre sa douce excentricité.

GALA : Vous allez exposer à Paris. Que représente cette ville pour vous ?
ROSSY DE PALMA
 : Je dirais que c’est une licorne… avec la Tour Eiffel pour corne !

GALA : On vous présente comme la muse du réalisateur Pedro Almodóvar. Pour nombre de stylistes, vous êtes une source d’inspiration… Quelle est la vôtre ?
R. D. P.
 : Je suis surtout très inspirée par la nature. Les fleurs, le ciel. Par les personnes aussi… en me laissant guider par des valeurs comme l’empathie ou la bonté.

GALA : A quoi ressemble votre été ? Est-ce que vous suivez, par exemple, les conseils pour vous protéger du soleil ?
R. D. P.
 : Pour moi, été rime avec mer, forcément, puisque je suis une femme de la Méditerranée, née à Majorque ! Mais ça fait longtemps que je ne m’expose plus. Enfin disons que je bronze par intermittences car, ce qui me paraît délicieux désormais, c’est de me rendre à la plage très tôt, dès les premiers rayons du soleil, et le soir quand il se couche.

GALA : Vous avez une fille, Luna Garcia, mais on sait très peu de choses de votre vie privée.
R. D. P. :
Je ne me cache pas vraiment, mais je pense que la vie doit être traversée pour soi et en soi, dans une sorte de recueillement. Je n’éprouve pas le besoin de mettre mon espace privé en lumière. A l’ère des réseaux sociaux, où l’on peut presque tout montrer tout le temps, c’est une démarche volontaire. Le mystère me paraît plus poétique.

“J’ai toujours su comment me défendre”

GALA : Vous avez beaucoup d’allure. Qu’avez-vous appris dans ce domaine que vous pourriez nous transmettre ?
R. D. P.
 : L’allure, c’est un mix entre l’audace, l’authenticité et l’auto-acceptation, mais surtout une grande part d’indépendance et de liberté. Dans un univers parfois très conformiste, il faut rester fidèle à ses codes et apprendre à parler son propre langage, notamment à travers les vêtements. Evidemment, ça suppose d’être bien dans sa peau et de pouvoir faire usage du second degré. Bref, il faut s’amuser !

GALA : Trouvez-vous qu’en 2023, on s’affranchit davantage des normes de beauté avec l’approche inclusive ?
R. D. P.
 : Au début, si l’inclusivité ressemblait à un concept marketing pour justifier l’arrivée de nouveaux produits sur le marché, désormais, je crois que les mentalités ont vraiment changé. La diversité des morphologies ne peut pas être une idée abstraite, c’est une évidence. Qu’il serait aberrant de ne pas prendre en compte, non ?

GALA : On vous a découverte dans Femmes au bord de la crise de nerfs, en 1988. Vous avez aujourd’hui 58 ans. Vieillir, qu’estce que cela nous apporte ? Et qu’est-ce que ça nous enlève ?
R. D. P
. : J’aurais du mal à répondre à cette question parce qu’en réalité, dans ma tête, je suis toujours une gamine. [Rires.] Et je suis convaincue d’une chose : le meilleur antidote au vieillissement, c’est la curiosité. Et puis comme je suis vivante et en bonne santé, je suis plutôt philosophe. Peu importe le reste, je me dis que c’est déjà pas mal.

GALA : Votre définition de la séduction ?
R. D. P.
 : Je trouve que c’est un jeu. Il peut être très drôle si on est conscient qu’il s’agit d’une fabrication, d’une construction. L’important, c’est la spontanéité sinon on a vite l’impression d’une manipulation, d’un piège tendu par l’autre pour obtenir quelque chose. Je suis très séduite par l’honnêteté et la liberté chez les autres.

GALA  : En tant qu’ambassadrice de l’Unesco, vous avez milité pour l’égalité salariale homme-femme. Avez-vous souffert du sexisme dans votre métier ?
R. D. P.
: Comment ne pas militer pour l’égalité salariale surtout ? Ça me dépasse ! Et non, je n’ai pas vraiment souffert d’être une femme dans mon milieu. Quand il y a eu des tentatives d’abus de pouvoir, j’ai toujours su comment me défendre et ne pas justifier l’injustifiable. J’ai toujours su me sauver de situations délicates. L’humour est mon arme principale, mais je suis aussi très forte pour démasquer les comportements honteux dès le début. Je ne me fais pas avoir.

GALA : Qu’est-ce qu’un mois d’août réussi pour vous ?
R. D. P.
: La nature, un peu de solitude, du silence, un peu de méditation, du jardinage, lire, écrire et prendre soin de soi. Des choses assez sages et contemplatives en fait.

Cet article est à retrouver dans le Gala N°1575 disponible dans les kiosques ce jeudi 17 août 2023.

Crédits photos : Zuma Press / Bestimage

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