Interview – Marie Dorin-Habert : “J'ai toujours été attirée par la nature et l'écologie”

La championne olympique 2018, quintuple championne du monde de biathlon, s’est mise au service de la biodiversité dans le Vercors.

Elle et son mari, Loïs Habert, ont découvert le Vercors à 15 ans, alors qu’ils venaient d’intégrer le lycée sport-études de Villard-de-Lans. Après leurs carrières de champion de biathlon, ils y sont revenus et ont ouvert Zecamp avec leur ami Robin Duvillard, médaillé olympique (ski de fond). Leur auberge séduit les vacanciers et les sportifs amoureux de la nature. Un écrin que Marie Dorin quitte à vélo plusieurs fois par semaine pour descendre jusqu’à Grenoble où elle travaille pour le département de l’Isère.

France Dimanche : Pourquoi avoir choisi le Vercors ?

Marie Dorin-Habert : À Belledonne d’où je viens, le plat n’existe pas et il faut du temps pour arriver au sommet. Ici, ce n’est pas de la haute montagne, c’est un plateau, les parcours sportifs sont donc accessibles à tous les niveaux. C’est agréable !

La montagne a-t-elle changé depuis votre adolescence ?

Quand on habite en montagne, on la voit se métamorphoser. Je fais partie de la génération qui, l’été, s’est entraînée sur glacier. En seulement quinze ans, j’ai vu fondre le glacier de Tignes et disparaître celui de l’Alpe d’Huez. C’est indéniable qu’on assiste à un réchauffement rapide.

En quoi consistent vos missions pour le département de l’Isère ?

Je travaille pour que l’impact des activités sportives et de loisirs sur le milieu naturel soit le moins important possible. Je m’occupe essentiellement de l’escalade, du canyon et du vol libre. Je vois donc beaucoup d’espèces rupestres, essentiellement des rapaces : l’aigle royal, le faucon pèlerin, le hibou grand-duc. Je sensibilise sur les moments propices pour pratiquer et informe quand il faut éviter un secteur pour ne pas déranger les animaux qui y nichent. Pour la flore, il n’y a pas de notion de dérangement, mais il ne faut rien arracher.

Quelles sont vos recommandations pour cet automne ?

La période du rut chez le cerf va commencer. C’est une expérience formidable de les entendre bramer, mais s’approcher pour voir les animaux les dérange et peut induire à force une baisse des populations, une fuite vers un endroit plus tranquille, ce qui peut avoir un réel impact négatif. On peut les écouter en lisière des forêts, sans chercher à aller au plus près.

À faire…

Zecamp

Chambres de 2 à 6 personnes, à partir de 88 € la nuit. Restaurant avec assiette repas (13 €) et menu entrée-plat-dessert (23 €) à base de produits locaux et bio.

À lire…

Dans Un tour de roue (éd. Salamandre), elle raconte avec humour sa reconversion et sa passion pour la région.

Julie BOUCHER

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