INTERVIEW – François-Xavier Ménage (La bataille de l’Élysée) : « C’est intéressant de voir comment Éric Zemmour apprend »

Ce lundi 17 janvier, TF1 diffuse le deuxième épisode de sa série documentaire La bataille de l’Élysée. Pour l’occasion, François-Xavier Ménage, qui fait partie des trois journalistes à suivre les candidats pendant cette campagne présidentielle, a accepté de répondre aux questions de Gala.fr.

Des candidats comme vous les avez rarement vus auparavant. Ce lundi 17 janvier, à 22h55, TF1 diffuse le deuxième épisode très attendu de La bataille de l’Élysée, série documentaire qui raconte les coulisses de la campagne présidentielle. Pendant plusieurs mois, François-Xavier Ménage, Elisa Helain et Claire Leising ont suivi les candidats dans leur préparation à ce marathon autant physique qu’intellectuel, afin d’en savoir plus sur leur stratégie, leurs alliances, mais aussi leur personnalité. Entre deux tournages, François-Xavier Ménage a accepté de se confier à Gala.fr.

Gala.fr : Ce lundi 17 janvier, TF1 diffuse le deuxième épisode de la série La bataille de l’Élysée ce 17 janvier. Comment est née cette série documentaire ?

François-Xavier Ménage : C’est vraiment l’idée de Thierry Thuillier (directeur de l’information du groupe TF1) et Pascal Pinning (directeur des magazines). Ils ont voulu faire du reportage comme le fait TF1, mais version politique. Il y avait deux défis. D’abord, on devait faire des documentaires une fois par mois jusqu’à la présidentielle, donc ça veut dire montrer des coulisses pendant la campagne. Or, la plupart des candidats sont d’accords pour montrer les coulisses mais après que les électeurs aient décidé. Là, on a été très clairs sur les conditions. Le deuxième enjeu, c’était de réussir à avoir des coulisses qui disent quelque chose. Quand vous êtes avec une caméra dans une réunion stratégique en 2022, alors que la communication est surpuissante, on ne peut pas dire qu’ils oublient la caméra, mais ils se passent quand même des choses.

Gala.fr : Le fait d’avoir suivi les candidats sur le long terme ne vous a-t-il pas aussi permis de gagner leur confiance d’une certaine façon ?

François-Xavier Ménage : On est allés les voir en octobre dans leur QG pour leur expliquer notre démarche. On ne voulait pas de séquences volées, mais du frontal devant la caméra, de la politique en train de se faire. Rien ne tombe du ciel, on se bat tous les jours pour avoir des séquences. Mais c’est vrai qu’au fur et à mesure, je ne sais pas si on peut parler de confiance, mais il y a une certaine habitude qui s’installe. On est une petite pièce d’un rouage énormissime pour les candidats – qui font un marathon physique, intellectuel, intense – donc il faut qu’on arrive au bon moment et que ça dise quelque chose. On a voulu apporter du vrai, c’est un enjeu et c’est un combat de tous les jours.

A trois mois de la Présidentielle, les réunions stratégiques dans les QG, les confidences des candidats, les coups de bluff et les ralliements.
Tout monte en puissance.
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La Bataille de L’Elysee
Épisode 2
Rdv Lundi prochain (17 Jan)
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Gala.fr : Certains candidats ont-ils imposé des conditions avant d’accepter l’exercice ?

François-Xavier Ménage : Aucun. Malgré le risque que cela comportait pour eux, ils ont tous accepté de le faire. Je pense qu’on a quand même la puissance de TF1 avec nous et un certain savoir-faire. Il y a Guilaine Chenu qui est rédactrice en chef de ces quatre épisodes, je travaille aussi avec Elisa Helain et Claire Leising qui connaissent le magazine depuis longtemps. Quant à moi, j’ai une petite expérience en politique. En vérité, on a des séquences assez dingues. Récemment, on est parti à Mayotte avec Marine Le Pen et aux Antilles avec Jean-Luc Mélenchon.

Gala.fr : Dans ce deuxième épisode, Jean-Luc Mélenchon vous confie qu’il n’a pas souvenir d’un climat aussi « glauque » que celui que la société traverse actuellement. Qu’est-ce que ça dit ?

François-Xavier Ménage : On voit un candidat qui en est à sa troisième élection présidentielle et qui est abattu en évoquant le climat actuel. Ça se voit physiquement. Il est tout seul devant sa feuille, en train de rédiger le discours qu’il va donner quelques heures plus tard, et c’est comme s’il se prenait une porte dans la figure. Il ajoute : ‘On se doit de ne pas avoir des mots trop pessimistes sinon on va tous s’enfoncer encore un peu plus.’ C’est intéressant pour décrypter le climat et ce que chaque candidat entend insuffler dans cette campagne. À côté, vous avez Fabien Roussel, qu’on voit dans son QG en train d’arroser ses plantes et de faire des blagues avec les militants. Il regarde un tableau vide avec les dates de meeting qui ont été effacées à cause du Covid et il dit : ‘Ah vous avez écrit que le jour de l’élection, on fera la fête parce que j’arriverai à l’Élysée, arrêtez de penser qu’à faire la fête tout le temps’. Et il se marre. On voit bien que c’est de l’auto-persuasion, mais il est dans l’optimisme absolu, contrairement à d’autres candidats qui ont un discours beaucoup plus pessimiste…

L’agenda du candidat ⁦@Fabien_Roussel⁩ au Qg du ⁦@PCF⁩ à la date du 24 avril…
Les coulisses de campagne demain
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La Bataille de l’Elysee
Épisode 2
23h @tf1 ⁦@TF1Info⁩ pic.twitter.com/j1ucNi3ZbE

Gala.fr : Olivier Faure se montre lui très sévère avec le PS. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette séquence ?

François-Xavier Ménage : Les mots qu’il emploie sur le PS sont assez fous. Il y a cette primaire populaire, avec l’idée d’un référendum géant organisé par deux militants associatifs qui n’ont rien à voir avec les partis politiques. À un moment, ils vont voir Olivier Faure pour lui demander s’il est d’accord avec ce référendum. Et Olivier Faure, qui devrait porter une parole positive, dit que le gauche est en train de s’enfoncer mois après mois et que quand un parti baisse à gauche, les autres se cassent la figure dans les mêmes proportions. Le constat qu’il fait est accablant. Ça dit aussi quelque chose de ce climat délétère qui règne en ce moment à gauche.

Gala.fr : Comment s’opère le suivi des candidats ?

François-Xavier Ménage : On fait des choix parce qu’on ne peut pas les suivre tous en permanence. On se partage le gâteau avec Elisa Helain et Claire Leising. On fait en sorte de toujours suivre les mêmes, pour qu’il y ait une relation qui s’installe avec les candidats. On choisit les déplacement qui ont le plus de sens et les moments politiques qui sont les plus importants. On a par exemple eu la chance d’assister à une réunion de travail entre Éric Zemmour, Sarah Knafo et Philippe de Villiers. Ils sont autour d’une table et parlent des parrainages. On voit la position d’Éric Zemmour qui découvre ce qu’est une présidentielle en tant que candidat, Sarah Knafo qui est très stratégique et Philippe de Villiers qui ouvre son carnet d’adresses. En quelques minutes, on restitue le rôle de chacun dans cette campagne.

Gala.fr : Vous mettez en lumière la proximité d’Éric Zemmour et Sarah Knafo, qui est très influente au sein de la campagne…

François-Xavier Ménage : À travers cette série documentaire, on voit comment ce binôme travaille. Ce n’est pas de la communication, puisqu’ils déroulent des arguments politiques, on les voit échanger sur la stratégie et on découvre le rôle de chacun. Elle est vraiment au centre de la campagne d’Éric Zemmour, on a la preuve en images.

Derrière le candidat Eric Zemmour, il y a Sarah Knafo.
Pour comprendre comment fonctionne leur duo, il faut regarder ce soir La Bataille de l’Elysee. Episode 1.
Ce soir 22h55 @tf1 pic.twitter.com/TeDMuL8PAG

Gala.fr : Selon vous, Éric Zemmour est-il suffisamment préparé pour cette campagne présidentielle ?

François-Xavier Ménage : Dans le deuxième épisode, il se tourne vers Philippe de Villiers et lui demande : ‘Comment on fait pour convaincre les maires ? Pourquoi les maires qui me parrainent le font ? Et pourquoi les autres bloquent ?’ Il veut le regard de Philippe de Villiers pour expliquer ce qui se passe. Il pose des questions comme quelqu’un qui découvre une présidentielle côté candidat. Après, il a 30 ans de journalisme politique derrière lui, je pense qu’il sait mieux que quiconque comment marche la présidentielle, mais pas avec un costume de candidat. D’ailleurs, quand on lui demande : ‘À tous ceux qui disent que vous n’êtes pas du tout préparé, vous répondez quoi ?’ Et il nous dit : ‘On verra bien le 24 avril.’ Il y a une évolution entre le premier et le deuxième épisode. C’est intéressant de voir comment Éric Zemmour apprend.

« Voilà ce que tu dois dire aux maires »
La quête des parrainages chez Zemmour
Les coulisses de campagne
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Épisode 2
Lundi soir 23h @tf1 pic.twitter.com/1CTDPER6iN

Gala.fr : Parmi tous les candidats, lequel a le plus évolué depuis que vous avez commencé votre tournage ?

François-Xavier Ménage : J’aurais envie de dire Éric Zemmour, comme tout est neuf chez lui. Mais dans ce deuxième épisode, vous allez aussi voir deux vieux loups, qui sont Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Ils en sont à leur troisième présidentielle et ils sont différents de ce qu’on a pu voir en 2012 et 2017. Ils mettent en avant leur expérience, les mots qu’ils utilisent, la tension avec laquelle ils parlent de cette présidentielle sont des moments différents de ce qu’on a pu voir avant chez eux. C’est intéressant de voir l’expérience de ces candidats, à l’opposé de certains qui se lancent pour la première fois.

Gala.fr : Vous dites que cette campagne présidentielle s’annonce « violente« . N’est-elle pas le reflet de la société actuelle ?

François-Xavier Ménage : Après le ‘j’emmerde’ d’Emmanuel Macron, on a eu accès à deux personnalités qui ont conseillé le chef de l’État au début de son quinquennat : François Bayrou et Philippe de Villiers. Ce dernier a aujourd’hui des mots extrêmement violents envers le président. Cette violence-là, François Bayrou en parle très bien. Il dit : ‘Moi j’ai fait plusieurs campagnes présidentielles, ce n’est jamais serein, c’est toujours violent. Mais là, cette fois-ci, on atteint un sommet.’ De l’avis général, il n’y en a pas un pour dire que cette campagne présidentielle se passe de manière sereine.

« Emmerder les non vaccinés »…
Bayrou, soutien politique principal de Macron , aurait-il employé ces mots ?

La Bataille de l’Elysee
Épisode 2
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Gala.fr : Ce n’est pas la première fois que vous couvrez une élection présidentielle. En quoi cet exercice vous plaît-il ?

François-Xavier Ménage : À la base, je ne suis vraiment pas journaliste politique. Je bosse au service news de TF1. Mais comme j’ai couvert plusieurs présidentielles, je retrouve quelques réflexes. Même si c’est très difficile de travailler journalistiquement sur cette présidentielle, parce que les accès sont difficiles et que les candidats verrouillent énormément, c’est aussi passionnant parce que ça révèle quelque chose du thermomètre de la France. On a beaucoup de chance de pouvoir travailler dans ces conditions-là, avec nos âmes de reporters, et pour moi, ça reste le meilleur métier du monde ! Et puis, on essaie d’avoir aussi le point de vue des électeurs, des militants, des indécis et je trouve que c’est une photographie saisissante de ce qui se passe en France. Journalistiquement, c’est passionnant, mais en tant que citoyen, c’est vrai que ça pose plein de questions…

Crédits photos : RALPH WENIG/TF1

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