Ce lundi 26 décembre est diffusé le documentaire Espagne, une monarchie au bord du précipice sur W9 à 21h05. Incarné par Bertrand Deckers, le spécialiste des têtes couronnées ce dernier revient pour Gala.fr sur la relation complexe qui unit la reine émérite Sofia d’Espagne et sa belle-fille Letizia. Amies ou ennemies ?
« Espagne, une monarchie au bord du précipice », tel est le titre du nouveau documentaire proposé par W9 ce 26 décembre à 21h05. Moins connus que les Windsor ou encore que les Grimaldi, les Bourbons d’Espagne ont pourtant aussi leur lot de scandales et de secrets cachés. En témoigne, le cas Juan Carlos, roi acclamé puis déchu, exilé à Abu Dhabi après des affaires de corruption et de maîtresses… Inflexible, son fils Felipe VI tient ferme sa couronne, alors que dans son ombre, sa femme Letizia semble véritablement tenir les rênes. Mais quel rôle pour la bien-aimée Sofia d’Espagne ?
Gala.fr : Comment Letizia d’Espagne a-t-elle été accueillie à son arrivée dans la famille royale ?
Bertrand Deckers : Sofia d’Espagne n’était pas du tout pour ce mariage, et n’a pas du tout applaudi des deux mains, lorsque Felipe a présenté, et même imposé Letizia. Les rapports entre les deux femmes n’étaient pas bons. Elle n’obtient aucune aide de sa future famille. Il n’y aucune main tendue. Et plus encore de la part de Juan Carlos. Après le coup d’État de 1981, Sofia et Juan Carlos rêvent vraiment d’un mariage royal pour asseoir cette couronne.
Gala.fr : Peut-on dire que Letizia d’Espagne est une anti-Kate Middleton, et donc une anti-Sofia, incapable de rentrer dans le moule ?
B.D. : Absolument. Et pire, on a l’impression qu’elle tient la couronne. Elle est très présente. Une Sofia et une Kate sont très effacées, par rapport à Juan Carlos et William. Ce comportement ne plaît pas du tout à Sofia. Elle donne son avis et son opinion sur des sujets qui même dans la sphère privée sont politiques. Elle a de longues discussions avec Felipe VI. Elle est plus qu’une éminence grise. En Espagne, on considère que c’est elle qui tire les ficelles. Felipe VI serait juste un très beau pantin. Sofia d’Espagne est quelqu’un d’extrêmement pointilleux, très perfectionniste, très à cheval sur le protocole. Elle est princesse de Grèce, elle est altesse royale par naissance, c’est l’incarnation même de la royauté, cela fait partie de ses gênes. Le total opposé de Letizia.
Gala.fr : Cette toute puissante Letizia d’Espagne que vous décrivez, autorise-t-elle la reine émérite Sofia à voir son fils Felipe VI et ses petites-filles Leonor et Sofia au palais de la Zarzuela ?
B.D. : Depuis le départ de Juan Carlos, les relations se sont nettement améliorées entre les deux femmes. Elles ont eu l’intelligence de comprendre que la couronne était dans une telle impasse, une telle fragilité, qu’il fallait faire front commun et resserrer les rangs pour afficher une image positive et être plus forts face au scandale. Elles vivent toutes les deux au palais de la Zarzuela, cet immense complexe situé à 40 kilomètres de Madrid. Elles se voient régulièrement, et les deux infantes Leonor et Sofia passent beaucoup plus de temps avec leur grand-mère depuis le départ de Juan Carlos.
Il y a toute une série de traumatismes qui ont fait que la reine émérite Sofia s’est remise en question, et qu’elle n’a aussi finalement pas vraiment eu le choix. Il y a eu le scandale de sa fille Cristina et son mari Iñaki Urdangarin, mais aussi son autre fille bien-aimée, l’infante Elena, qui divorce de Jaime de Marichalar. Tout cela a profondément blessé Sofia. Elle voit quand même son frère Constantin II qui perd son trône ! Elle n’était pas sûre d’être reine d’Espagne au moment où elle épouse Juan Carlos. Elle seule sait la fragilité de la couronne.
Sofia d’Espagne est très pragmatique. Elle comprend très bien que quand l’affaire de Juan Carlos éclate, elle va saisir finalement que Letizia d’Espagne a le profil pour sauver cette couronne qui n’a jamais été aussi fragilisée. Elle met de l’eau dans son vin, et se dit sans doute que sa belle-fille est la seule à pouvoir redorer le blason. Elle-même se sent trop vieille pour jouer ce rôle, alors elle s’incline.
Gala.fr : Il est inenvisageable que Sofia d’Espagne divorce de Juan Carlos ?
B.D. : En Espagne, dans un pays catholique, on ne divorce pas ! Le statut de veuve lui irait mieux que le statut de divorcée ! Je pense qu’il n’y a pas vraiment de très fortes mésententes au sein de leur couple. C’est elle qui est tombée amoureuse de lui. Lui va tomber amoureux de sa personnalité. Sofia vient de l’école de Salem en Allemagne, avec pour leitmotiv « apprendre aux enfants à faire face au triomphe comme à la défaite ». Cela fait partie des gênes de Sofia : le bateau prend l’eau mais on continue à y croire, on continue à avoir la tête haute, on affiche un profil royal. Elle sera profondément utile à Juan Carlos dans cette lutte pour réinstaurer la monarchie après les années Franco. Leur mariage deviendra une union plus de raison que d’amour.
Gala.fr : Sofia d’Espagne et Juan Carlos sont-ils toujours en contact ?
B.D. : Entre eux, pas de forts griefs, elle savait qui elle épousait, mais c’est une autre éducation et une autre époque. Elle ne s’est jamais offusquée qu’il ait des relations et qu’il ne soit pas fidèle. En revanche, elle s’est offusquée de l’affaire Corinna Larsen parce qu’il a exposé cette femme. Autant elle a beau savoir, autant elle ne veut pas voir. Hors de question pour elle d’être bafouée devant les yeux du monde entier. A ce moment-là, il y aura de vives tensions dans le couple. Juan Carlos était éperdument amoureux de Corinna. Il avait même évoqué un divorce pour pouvoir épouser sa maîtresse. A l’époque, elle se serait fâchée, prétextant qu’ils étaient mariés à l’Espagne ! Il paraît qu’ils ne se voient plus, mais qu’ils se parlent un peu par téléphone. La dernière fois qu’ils se sont croisés, c’était aux funérailles nationales d’Elizabeth II.
Gala.fr : Sofia d’Espagne arrivera-t-elle a imposer des funérailles d’Etat pour Juan Carlos à son fils Felipe VI ?
B.D. : Sofia d’Espagne se demande ce qu’il va se passer quand Juan Carlos va mourir. Les discussions sont déjà en cours. On doit quand même à Juan Carlos l’instauration de la monarchie en Espagne. Sans lui, aucun d’eux ne serait là ! Ne pas avoir de funérailles d’État serait complètement inenvisageable. Mais il serait bien possible que la couronne communique sur un enterrement purement familial. Ce serait un affront, mais je ne vois pas aujourd’hui les Espagnols venir se recueillir sur la tombe de Juan Carlos. On est dans une société de l’image et Juan Carlos est grillé. A moins d’un rebondissement de dernière minute, il n’y aura pas de funérailles d’État pour Juan Carlos. Et Sofia d’Espagne s’en montrera triste et contrariée.
Bertrand Deckers – Auteur du livre « I love Elizabeth II » aux éditions Robert Laffont
Crédits photos : GTRES / BESTIMAGE
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