Incarcérée depuis trois ans: la princesse Basmah a enfin été libérée

La cousine du prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, a été relâchée et aucune charge n’a été retenue contre elle.

Cette semaine, la princesse Basmah bint Saud bin Abdulaziz Al Saud, âgée de 57 ans, a enfin retrouvé la liberté, après avoir passé les trois dernières années à croupir à Al-Ha’ir, un pénitentiaire en Arabie Saoudite. A ses côtés se trouvait l’une de ses filles, Souhoud Al Sharif. La mère et la fille avaient été arrêtées en mars 2019.

« Les deux femmes ont été libérées de leur détention arbitraire et ont pu rentrer chez elles à Jeddah, le jeudi 6 janvier 2022, annonçait ce samedi, leur avocat Henri Estramant. La princesse se porte bien mais devra faire des examens médicaux. Elle semble épuisée mais psychologiquement elle va bien et se réjouit de retrouver ses fils en personne». Les forces de l’ordre saoudiens n’ont pas encore commenté la libération de la princesse Basmah et de sa fille Souhoud.

En mars 2019, alors que la princesse, qui vît dans la ville de Jeddah, doit se rendre en Suisse pour des analyses médicales, Basmah et sa fille sont arrêtées par huit hommes armés, des représentants des forces de l’ordre. Pendant des semaines durant, elles disparaissaient totalement de la circulation. Un silence qui inquiète vivement le réseau activiste en Arabie Saoudite. Treize mois plus tard, Basmah réapparait sur Twitter de manière inattendue. En quelques lignes à peine, elle annonce avoir été incarcérée sans raison et souffrir de graves problèmes de santé sans recevoir les soins nécessaires à sa condition.

Une affaire de famille

Sans trop de surprises, les publications, envoyées depuis le centre de détention, sont rapidement effacées et le mystère de sa disparition reste entier. D’après d’autres activistes saoudiens, l’arrestation de la princesse Basmah aurait eu lieu après plusieurs prises de parole durant lesquelles elle critiquait avec ferveur les actions du prince héritier, Mohammed Ben Salmane, son cousin. Un franc-parler qui a eu des conséquences désastreuses pour elle et sa famille proche. De surcroît, Bashmah aurait réclamé une partie d’un héritage de plusieurs milliards de dollars, laissé par son père l’ancien roi Saoud. Une demande jugée inappropriée par le prince.

Al-Ha’ir est désormais une prison tristement célèbre car d’autres activistes et féministes militantes y ont été incarcérées. Entre autres: Loujain al-Hathloul qui avait défendu publiquement le droit des femmes à obtenir leur permis de conduire. Une question qui divise toujours la société en Arabie saoudite.

L’un des membres de la famille Saoud a commenté l’affaire dans les colonnes du journal « The Guardian », affirmant : « Basmah pensait que son rang et ses liens familiaux la protégeraient mais MBS (NDLR. Mohammed Ben Salmane) a emprisonné des membres de la famille plus importants qu’elle».

La princesse Basmah est la benjamine des 115 enfants du roi Saoud ben Abdelaziz Al Saoud, qui avait été contraint d’abdiquer en faveur de son frère Façal en novembre 1964. Née quelques mois plus tôt de la même année, sa dernière fille n’a que très peu côtoyé son père avant sa mort prématurée en 1969. Exilée d’Arabie Saoudite, Basmah grandit à Beirut au Liban auprès de sa mère, d’origine syrienne mais lorsque la guerre civile éclate, la famille se réfugie un temps à Londres et en Syrie. Elle étudie par la suite aux Etats-Unis.

Mariée puis divorcée de Shuja bin Nami bin Shahin Al Sharif, Basmah est mère de cinq enfants et a vécu quelques années au Royaume-Uni avant de retourner vivre en Arabie Saoudite où elle a fondé plusieurs entreprises, dont une chaîne de restaurants. Entrepreneuse et militante pour les droits de l’homme, la princesse Basmah n’a sans doute pas dit son dernier mot.

Crédits photos : Getty Images

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