Depuis plusieurs semaines, les fans d’Ici tout commence vivent au rythme du Secret des Delobel. Au cœur de cette intrigue intense – où l’on évoque le thème des violences familiales -, l’acteur Mikaël Mittelstadt. L’interprète de Greg s’est confié à Voici.fr
Christelle Reboul
Voici.fr : Tu es au cœur de l’arche narrative “Le Secret des Delobel”. Une intrigue assez riche en rebondissements et très forte émotionnellement. C’est un cadeau pour un jeune comédien de porter ce genre d’histoire ?
Mikaël Mittelstadt : C’est au-delà d’un cadeau. Je me revois écrire aux auteurs, il y a deux semaines – à l’aube de la diffusion – pour les remercier car c’est une marque de confiance avant tout. Et personnellement, j’ai pu apprendre tellement de choses. C’est une mise en abîme avec le personnage de Greg qui, lui, vit une remise en question totale et cherche des endroits vers lesquels il n’est jamais allé. Et moi en tant qu’acteur, ça m’a amené à faire la même chose. C’était très intéressant ! J’en sors changé, comme Greg.
Comment vis-tu l’évolution de ton personnage ? Est-ce qu’il y a des éléments du scénario qui t’ont surpris ?
Même les auteurs ne savaient pas que Greg allait évoluer de cette manière, ils me l’ont confié récemment. Tout ça est venu entre-temps. Et ils ont réussi à créer cette intrigue très intéressante pleine de suspense. Moi, je ne l’ai pas vu venir du tout, ce qui est d’autant plus cool à jouer car il y a une certaine surprise – que le personnage vit lui-même. Et j’adore les surprises ! A un moment donné, on a d’ailleurs voulu m’annoncer que mon personnage allait se poser notamment des questions sur son orientation sexuelle, environ 30 épisodes avant qu’il y ait cette amorce. L’auteur m’avait dit : « Je sais ce qu’il va se passer. Je peux te le dire mais ça va affecter ton jeu ». Alors je lui ai demandé de ne pas me le dire. Après, quand j’ai reçu le scénario, je me suis dit : « Ah ouais d’accord ».
Beaucoup de téléspectateurs ont été choqués par la scène des coups avec Christelle Reboul (qui joue Delphine Delobel, la mère de Greg). Comment s’est passé le tournage de cette séquence ?
C’était en fin de journée, on était épuisé. Et la plupart des acteurs diront que dans ce genre de situation, cette fatigue accumulée aide énormément. J’avais un prof aux États-Unis qui disait que quand on est fatigué ou malade, on produit souvent notre meilleur résultat en tant qu’acteur car on n’a plus de système de défense. L’émotion vient tout de suite. Et au final, c’est vrai. À la fin de cette journée, j’étais donc épuisé, j’avais tourné toute la journée à l’appartement des Delobel. Christelle Reboul – que je connais depuis plusieurs années – a vu la ceinture. C’était une ceinture en mousse ! Les accessoiristes ont vraiment bien fait leur boulot car quand elle a vu ça, elle n’arrivait pas à différencier la vraie de la fausse. Et elle disait au réalisateur : « Mais ça va lui faire mal ça ! » Il l’a fait sur son bras, puis sur moi et elle a vu qu’on ne ressentait rien. C’était impressionnant. La première prise avait presque un coté mignon parce qu’elle avait encore peur de me blesser… Mais Christelle est tellement phénoménale qu’au bout de la deuxième, ça y est, elle était hystérique. On l’a fait en deux-trois prises cette séquence. J’étais tellement surpris par son énergie que j’ai vraiment essayé de la calmer. Ce n’était même plus Greg (rires) !
Est-ce que c’était plaisant de jouer aux côtés de Christelle Reboul et Joseph Malerba qui ont tous les deux de très belles carrières ?
C’était génial parce qu’ils sont totalement différents. Christelle est très rigoureuse, très sérieuse, elle va se donner à fond dès la première répétition. Joseph va plutôt se réserver pour les prises et faire des blagues. Ce qui fait qu’il y a une sorte d’oxymore qui se crée, totalement absurde, improbable. Ça s’équilibre et moi je me retrouve entre les deux, perdu dans ce tourbillon d’énergies contraires. Et ça fonctionne bien, ça sert l’histoire des Delobel. Car il y a un déséquilibre entre les secrets que partagent la mère et le fils, puis le père qui ne voit rien. C’était un plaisir de travailler avec Joseph. Un tournage peut être très stressant, surtout quand on a des scènes intenses. Et il sait comment détendre l’atmosphère tout de suite.
De nombreux téléspectateurs ont immédiatement comparé Joseph Malerba à Philippe Etchebest. Est-ce que l’équipe l’a chambré sur cette ressemblance sur le plateau ?
Honte à moi, je ne connaissais pas Philippe Etchebest. Mais pour ma défense, je vivais à l’étranger depuis 3 ans. J’étais revenu à Paris pour faire des essais avec Joseph et j’avais partagé secrètement l’info avec Lucien Belves (qui joue Lionel) – car on est très proche aussi dans la vraie vie – et il m’a dit : « On dirait Etchebest ! » Et j’ai fait genre que je savais qui c’était. Puis je suis allé voir sur Google qui il était et je me suis rendu compte que c’était vraiment son sosie. Donc Joseph m’a raconté son histoire où il l’a rencontré. Il est allé à son restaurant et il a attendu Philippe Etchebest à une table et la serveuse s’est fait avoir. Elle lui a dit : « Chef, vous voulez voir la carte ? » Alors que le chef était juste derrière. Sur le plateau, la ressemblance ne s’est pas du tout ressentie par contre, elle l’est plus du côté des fans.
« Greg va redevenir l’élève turbulent et impertinent »
L’arche des Delobel touche bientôt à sa fin. Comment va évoluer ton personnage ? Est-ce qu’on retrouvera un nouveau Greg ou la tête à claques ?
C’est un entre-deux. Je suis très curieux de découvrir la réaction des fans car au début, on adorait le détester et maintenant on s’y attache beaucoup, de par son histoire. Il s’est retrouvé, il arrive à assumer un peu plus qui il est, notamment grâce et avec Eliott. Il va redevenir le turbulent et l’impertinent qu’il est de nature. On va avoir un peu plus d’humanité qu’avant, tout en gardant la folie et la déconnade du personnage.
La relation avec Eliott (incarné par Nicolas Anselmo) va-t-elle évoluer elle aussi ?
Complètement et ça va amener une autre intrigue que je ne spoilerai pas ! Ça va ouvrir d’autres portes, ça va se décliner en une autre histoire qui va s’étaler encore sur plusieurs épisodes. Ce sera nouveau et inattendu !
Comment se passe ta relation avec Nicolas Anselmo sur le tournage ?
Très bien ! J’appréhendais un peu les scènes hot avec lui, car ce n’est pas quelque chose que j’ai l’habitude de faire avec un mec. Mais il était super bienveillant. On a parlé et ça a vraiment été formateur. En revenant des Etats-Unis, où le #metoo et le mouvement concernant le harcèlement sexuel sur les plateaux de tournage sont extrêmement frais, on prend conscience de l’importance d’installer une confiance entre les deux partenaires de jeu sur un plateau. J’étais donc beaucoup plus aux aguets. Et je me suis dit que finalement ce qu’il faut c’est une conversation, mettre en confiance et de toute manière, on joue la comédie. Et avec Nicolas, ça s’est fait tout seul.
Est-ce que tu apportes un peu de toi à ce personnage de Greg ? Le look ? On voit par exemple sur Instagram que tu as aussi des boucles d’oreilles.
Je ne suis pas un acteur difficile sur le plateau. En revanche, au niveau du look, je fais mes caprices (rires). Il y a des comédiens qui adorent se faire des biographies complètes du personnage en s’inventant des vies, et moi je ne suis pas comme ça. J’aime faire avec ce que j’ai, dans l’instant. Mais le look, je ne sais pas pourquoi, c’est très important pour moi. En juillet dernier, quand je suis parti pour la première fois faire des essayages de costumes, j’avais une idée en tête. D’habitude, il y a des conflits qui se créent mais là ça s’est super bien passé avec la cheffe costumière. On était sur la même longueur d’onde. Et j’ai insisté sur ce que je voulais qu’il porte. Je voulais qu’il ait absolument des pantalons assez skinny – pour le côté un peu étriqué, étouffé qu’il a au sein de sa famille – tout en gardant le côté rock et un peu déconneur. Les boucles d’oreilles, on a gardé les miennes. Il a des colliers dont il ne se sépare jamais. Ce qui est rigolo, c’est qu’on a donc repris ce truc d’être étriqué par les vêtements pour symboliser son emplacement émotionnel et plus l’intrigue avance, plus les pantalons deviennent moins étroits !
On a cru comprendre que comme lui, tu as aussi un côté insolent !
Alors, il y a « insolent » qui veut dire manque de respect et borderline total. Mais il y a aussi « insolent » qui mène à quelque chose. Et moi, j’ai toujours oscillé entre les deux, c’est vrai. À l’école, je faisais le bon élève, je prenais sur moi et en dehors des cours j’étais très insolent ! Et c’est grâce au théâtre que j’ai pu comprendre qu’au final c’était ma plus grande arme.
Et côté cuisine, tu as quel niveau ?
Franchement, ça va. Je cuisine beaucoup plus vite, car on a l’habitude maintenant, on a le coup de main, on ne se coupe plus les doigts. Et ça, ça change ! J’ai plein d’anecdotes avec Lucien, car on aime beaucoup la bonne cuisine. On a fait pas mal de scènes ensemble et on est très intrigué par ce que les chefs et les accessoiristes culinaires préparent. Ça nourrit une certaine curiosité au point de tester quand on rentre chez soi ! Ils nous ont fait un plat au tofu fumé une fois, et Lucien est parti acheter tout ce qu’il fallait pour le refaire le soir.
Tu as passé des castings pour plusieurs personnages. Est-ce que tu auras aimé joué un autre rôle que celui de Greg ?
C’est difficile. Si on m’avait posé la question avant le début du tournage, sur le papier, j’aurais dit Louis ! Mais maintenant, c’est impossible d’imaginer quelqu’un d’autre que Fabian Wolfrom le faire, car il l’incarne à merveille.
Le rythme est assez intense sur une quotidienne. Cela doit être très formateur un jeune acteur.
Maintenant, j’apprends un texte en cinq minutes. Ce qui n’était pas le cas il y a six mois ! C’est une vraie gymnastique et un rythme qui se crée. Il y a quelques mois, je suis revenu à Paris pour un casting et le directeur de casting m’a dit : « Bon, je vais te faire une italienne, une répétition ». Et je lui ai répondu : « Non, non ! On y va direct ! » On a l’habitude d’aller super vite, donc ça aide beaucoup. On est quelques-uns, dont Benjamin Baroche (l’acteur qui interprète le chef Teyssier), à avoir suivi une formation théâtrale, donc on a l’habitude d’apprendre beaucoup de textes. Il y a cinq ans, j’avais fait un monologue de deux heures, de 80 pages. Et j’avais dû l’apprendre en trois semaines ! Au théâtre, on a un rapport aux mots, aux textes qui est sacralisé. Donc, tu peux me donner 12 séquences pour demain, même si je ne dors pas je les apprendrai !
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