Haya de Jordanie en guerre contre son époux : ces effroyables tentatives d’intimidation reconnues par la justice

Durant l’été 2019, Haya de Jordanie fuyait les Emirats Arabes Unis et par la même son mari, l’émir de Dubaï qu’elle jugeait dangereux. Réfugiée depuis à Londres avec ses deux enfants dans l’attente de son divorce, la princesse Haya a remporté une victoire juridique importante ce jeudi 5 mars, lors d’une audience durant laquelle le tribunal a reconnu les méthodes illicites de son époux.

A la fin du mois de juin 2019, la princesse Haya de Jordanie, 45 ans, fille du roi Hussein et de la reine Alia, fuyait son foyer – aux Emirats Arabes Unis – et son mari – l’émir de Dubaï,Mohammed ben Rachid Al Maktoum, 70 ans, épousé en 2004, devenant ainsi sa sixième épouse. La raison ? Celle qui a eu deux enfants avec l’émir – Al-Jalila, 11 ans, et Zayed, 7 ans -, était soupçonnée par ce dernier d’avoir entretenu (et d’entretenir encore ?) une romance avec son garde du corps – un dénommé Russell Flowers, ancien fantassin britannique âgé de 36 ans qui a divorcé de sa femme en 2018 -, mais surtout, Haya de Jordanie craignait que l’émir marie (comme il l’avait prévu) sa jeune fille Jalila (11 ans à l’époque) avec le prince hériter d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman Al-Saoud, âgé de 34 ans. Il n’en avait pas fallu plus à la princesse Haya pour sentir la menace maritale au-dessus de sa tête et de ses enfants – d’autant plus réelle que le tribunal de la famille de Londres vient de révéler les méthodes utilisées par son mari pour faire pression sur elle. A l’époque, la princesse de Jordanie n’avait selon elle d’autres solutions que de fuire les Emirats Arabes Unis pour se réfugier dans la capitale anglaise avec ses enfants (et accessoirement environ 36 millions d’euros).

Depuis donc neuf mois, c’est dans sa maison de Kensington Palace Gardens que la princesse Haya (qui a grandi en Angleterre et a étudié dans les meilleures écoles, notamment à Oxford, faisant d’elle l’incarnation de la femme musulmane moderne, une sorte de pont culturel entre Orient et Occident) attendait impatiemment le procès pour son divorce qui s’est ouvert ce jeudi 5 mars – après une première audience en juillet 2019 concernant la garde des enfants (qu’elle avait remporté). Une nouvelle ausience qui lui a également été positive hier, puisque le tribunal londonien jugeant le divorce du couple royal a mis en lumière les effroyables méthodes mis en oeuvre par Mohammed ben Rachid Al Maktoum pour faire pression sur elle.

Kidnapping, harcèlement, menaces

Malgré sa demande d’interdire la divulgation des documents du procès, l’émir de Dubaï a vu sa requête refusée par le tribunal de la famille londonien et les condamnations ont été publiées. En les découvrant, on comprend mieux pourquoi l’émir a tenté d’empêcher la publication officielle de ces documents, où l’on apprend notamment qu’il a tenté de kidnapper la princesse Haya de façon héliportée, a déposé illégalement et secrètement des armes à son domicile, a harcelé son épouse quotidiennement, a essayé de divorcer de façon unilatérale et sans la consulter, a menacé de lui enlever ses deux enfants, et a publié des dizaines de messages de haine sous forme de poèmes sur les réseaux sociaux. Mais surtout, pour mettre en évidence toute la dangerosité de l’émir, le tribunal britannique a prouvé qu’il était bien le responsable de la disparition de deux de ses filles, les princesses Chamsah et Latifa.

Au moment de prononcé le divorce, Sir Andrew McFarlane, juge du tribunal de la famille de la capitale anglaise a relevé dans son verdict que les agissement de l’émir étaient « contraires au droit pénal anglais et gallois, aux lois internationales, aux lois internationales maritimes et aux règles de droit de l’Homme acceptées dans le monde entier », avant de souligner : « Le père a mené une campagne, par différents moyens, dans le but d’harceler, d’intimider ou de mettre la princesse Haya en grand danger. Par respect pour Chamsa et Latifa, il est prouvé qu’elles aient été gardées par la famille de leur père, privées de leur liberté. »

Avant Haya de Jordanie, d’autres avaient déjà tenté de fuir

A Dubaï, les princesses à avoir tenté de fuir l’ordre établi sont nombreuses. Comme le rappelait en 2019 le site du magazine Challenges, aux Emirats Arabes Unis – pays stratégique de la région du Golfe -, ces histoires de « princesses émancipées » n’ont eu de cesse de faire parler ces dernières années, agaçant fortement dans les plus hautes sphères les dirigeants du pays et son ultra-protectionnisme familial. Très attaché à l’image qu’il renvoie hors de ses frontières, cet état du Golfe veut garder l’attraction de ce grand centre financier international qu’il est et ce paradis du luxe pour les touristes. Alors inutile de dire que la médiatisation de ces « affaires » d’enlèvements est clairement mal venue. En 2000 déjà, la princesse Shamsa, l’une des filles de l’émir de Dubaï (déjà), avait tenté de fuir alors qu’elle n’avait que 18 ans à l’époque. Elle passait des vacances en Angleterre et avait décidé que c’était le bon moment pour disparaître. Retrouvée après deux mois de fuite, voilà des années qu’elle est supposée être emprisonnée à Dubaï, comme l’avait confié sa sœur Latifa début 2018 : « Elle n’a aucune liberté (…) Elle est entourée d’infirmières et elle doit prendre des médicaments qui contrôlent ses pensées. »

Dernier exemple en date avant la fuite de la princesse Haya à l’été 2019 ? Toujours en 2018, Latifa Al Maktoum, justement, 32 ans, une autre des filles de l’émir (eue avec une autre de ses six femmes) avait fugué (pour la deuxième fois) aidée par l’une de ses amis (une Finlandaise nommée Tiina Jauhiainen), avant que les deux jeunes femmes ne soient retrouvées quelques jours plus tard sur un bateau navigant sur les eaux territoriales indiennes. Dans la foulée, l’émir les avait fait emprisonner et torturer (ce qui avait déjà été le cas pendant trois ans pour Latifa après sa première tentative) avant de relâcher et d’expulser l’amie finlandaise. À ce jour, Latifa Al Maktoum – toujours détenue par son père – n’est pas réapparue vivante depuis décembre 2018. C’est donc dans la peur que la princesse Haya attendait son procès à Londres, et aujourd’hui que le divorce est prononcé, elle peut enfin profiter d’une liberté bien méritée.

Crédits photos : Bestimage

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