Femme de l’ombre, Geneviève Delpech a mis son don aux services de grandes affaires. Dans « Les Enquêtes d’une médium », paru le 11 juin 2020 chez First, elle raconte toutes ces fois où la police a eu recours à ses visions… sans que personne ne le sache. Par téléphone, l’auteure a accepté de nous en dire davantage à propos de son parcours extraordinaire.
Purepeople : D’où vous est venue cette envie de raconter toutes ces histoires ?
Geneviève Delpech : Je n’ai jamais eu la moindre envie de les raconter ! C’est ma rencontre avec le Père Brune, qui a écrit une centaine de livres sur la vie après la mort, qui a provoqué tout ça. Quand je lui ai raconté tout ce qui s’était passé dans ma vie, il m’a dit qu’il fallait l’écrire, que ça aiderait les gens en deuil. Pour moi, c’était hors de question. Je porte un nom connu, je ne voulais pas dire à tout le monde que j’étais médium. Puis j’en ai parlé à Michel qui m’a dit qu’il fallait le faire. D’ailleurs, il a mis ses dernières forces à m’aider à faire la liste de tout ce que nous avions vécu d’irrationnel depuis qu’on se connaissait, c’est-à-dire trente-cinq ans.
Qui sont les personnes à qui vous dédiez ce livre ?
Je le dédie à Pascale, une amie très proche qui me soutient beaucoup. Les autres sont des jeunes femmes pour lesquelles j’ai fait des recherches. J’ai aidé leur famille, la police à chercher leurs corps. Elles sont toujours en moi. Tiphaine, Estelle, dont on n’a pas retrouvé le corps…
Vous avez découvert ce don très tôt, à l’âge de 10 ans…
C’est de famille. Ma grand-mère était très médium. Ce n’était pas son métier, c’était une mondaine. Depuis toute petite, elle disait à mon propos « elle a le don« . Mais je ne m’en rendais pas compte. Heureusement, j’ai été élevée par des femmes très modernes. Cette grand-mère, ma marraine, écrivaine surréaliste… C’est plus tard, en grandissant, que ça a été compliqué. Quand j’étais au lycée, que je voyais des accidents, des morts et qu’on ne me croyait pas.
On s’habitue à voir toutes ces horreurs ?
Michel m’a beaucoup aidée sur ce chemin-là. Au début, je le vivais comme une charge de titan sur les épaules plutôt qu’un don. Maintenant j’ai l’expérience. Je me suis rendu compte que ça pouvait aider. J’ai vu des situations qui ont permis à certaines personnes de ne pas mourir. Mais ce n’est pas toujours facile à porter. Surtout quand on ne vous écoute pas et que quelqu’un meurt, comme Balavoine par exemple. J’avais vu une explosion et deux orphelins. On ne me croyait pas parce qu’il n’avait qu’un enfant. Or, sa femme était enceinte quand il est mort…
Est-ce que vous avez transmis ce don à vos enfants ?
C’est héréditaire visiblement. Ma soeur est médium, ma nièce l’est aussi excessivement. Mon fils Emmanuel, que j’ai eu avec Michel, qui est compositeur de musique, a aussi le don. Je pense que ça joue avec l’hyper sensibilité. Depuis tout petit, il voit des choses. Il s’en défend, il ne veut pas en entendre parler, mais c’est évident. Dans la famille, tout le monde y croit. Mes enfants en entendent tellement parler qu’ils en ont même presque marre ! Mais ils sont obligés de faire avec. Ça a sauvé la vie d’un de mes fils…
Vous avez formé un drôle de binôme avec Karl Zéro…
C’est vrai. On avait fait un dîner à la maison, Michel et moi, où j’avais invité le papa d’Estelle Mouzin. J’aidais beaucoup cette famille à l’époque. On est toujours très amis d’ailleurs. Ce soir-là, on a invité Karl et sa femme. Quand il a entendu ce qu’on racontait de moi, Karl m’a dit « Mais attends, je suis en contact permanent avec la police, avec des juges pour mes enquêtes. Ça m’intéresse« . Quand il y avait une disparition, il m’appelait. Il a très souvent fait le lien entre nous. Je lui ai fait vivre des choses assez folles, alors qu’il n’y croyait pas du tout.
Vous avez aidé à résoudre de grandes affaires, pourquoi on entend très peu votre nom ?
Pendant très longtemps, je n’ai pas voulu que ça se sache. Et puis quand j’aide la police à retrouver quelqu’un, ils n’annoncent certainement pas : « Ce n’est pas nous, c’est la voyante. » Je sais que ça reste entre nous. Quand je vais sur une enquête, ce qu’on me dit en premier, c’est que personne n’y croit, que c’est la famille qui a voulu. Puis on note ce que je dis. Et quand on retrouve un corps, je n’ai plus de nouvelles. Il y a une sorte de honte en France à avoir recours à une médium. Aux États-Unis, c’est monnaie courante. En Angleterre, ça ne choque personne, ni dans les pays du nord, la Russie… Et pourtant, auprès des personnages importants qui nous gouvernent, je peux vous dire qu’il y a un voyant à côté. Tout le temps et depuis toujours.
Vous ne gagnez pas d’argent en tant que médium. Vous payez même vos frais de voyage. Comment vous en sortez-vous ?
Je gère tout. Je vais bientôt partir au Japon pour une affaire à mes frais. Les gens qui font appel à moi viennent souvent de familles démunies, ne sont pas très riches. Moi, je ne gagne pas ma vie grâce à mon don. J’ai des droits d’auteur de Michel, la SACEM. Si je paye mon billet d’avion, c’est que je peux le faire. Ceci dit, c’est parfois compliqué. Mais quand bien même je n’aurais rien à manger, je ne me ferais pas payer pour ça…
Propos recueillis par Yohann Turi. Toute reproduction interdite sans la mention de Purepeople.
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