EXCLU – Le prince Harry, le grand déballage

Il promettait des Mémoires inspirants, le récit de son parcours jusqu’à l’homme libre qu’il est devenu. Le duc ravive les blessures du passé et accable les Windsor, avec un ouvrage sans aucune pudeur ni garde-fou. Effarant. Et inquiétant…

C’est, que l’on croie ou non à ses accusations, le plus effroyable constat. A 38 ans, le prince Harry, émancipé de la famille royale depuis bientôt trois ans, est devenu son pire bourreau. Une bombe humaine dont il faut redouter l’implosion finale. Les six épisodes de Harry & Meghan, documentaire des Sussex pour Netflix, mis en ligne en décembre dernier, étaient une escalade dans leur discours victimaire. Racisme rampant au Royaume-Uni, dépendance des Windsor aux tabloïds, mensonges de Charles III au moment de négocier leur avenir d’altesses royales à temps partiel, harcèlement de William et de ses affidés après leur grande évasion transatlantique… Ces premières déflagrations, sans aucun contre-témoignage ni le moindre mea culpa, ont ahuri le monde entier. Et forcé « la Firme » à se retrancher dans un silence stratégique, en attendant le prochain bombardement : la publication des Mémoires de Harry, annoncées depuis l’automne pour ce 10 janvier. On en connaissait le titre, Spare, en V.O., ou Le Suppléant, dans sa version française éditée par Fayard. Le Times affirme que la sortie de l’autobiographie a failli être annulée par son auteur, après sa participation au jubilé de la reine, en juin dernier. Il n’aura pas fallu attendre la date officielle de publication pour découvrir les intentions kamikazes du duc, le contenu explosif de ces quelque 550 pages co-écrites avec le journaliste J.R. Moehringer. Des extraits d’interviews promotionnelles avec les journalistes Anderson Cooper, pour la chaîne américaine CBS, et Tom Bradby, pour la chaîne britannique ITV, ont d’abord crépité sur les réseaux sociaux. Confuses, contradictoires. Au premier, curieux de savoir s’il pourrait « un jour » revenir au sein de la famille royale, Harry oppose un non catégorique. Au second, qui l’interroge sur sa participation au couronnement de son père, le 6 mai, il répond que « la porte reste toujours ouverte« , que « la balle est dans leur camp ». Le prince répète que Meghan et lui ont été victimes de fuites de Buckingham auprès des tabloïds, et n’ont jamais été défendus par les Windsor au point que « leur silence est devenu une trahison« . Mais il n’admet pas avoir tout autant nui aux siens en énumérant ses griefs face à Oprah Winfrey, début 2021, ou devant les caméras de Liz Garbus, réalisatrice de Harry & Meghan pour Netflix. Il s’étonne même que la famille royale ne fasse « aucun effort de réconciliation« . Osé. Et inexact.

Les Sussex avaient été conviés à rendre visite à la reine à Balmoral et à séjourner à Birkhall, le manoir écossais de Charles, l’été dernier. Ils n’ont jamais saisi l’invitation, et c’est devant le cercueil d’Elizabeth II qu’ils ont dû se recueillir, en septembre. Dans son premier discours de roi, peu après la mort de sa mère, Charles III n’a pas manqué de rappeler son « affection » pour le duc et la duchesse. Le souverain a également refusé de soutenir un projet parlementaire visant à les dépouiller de leurs titres. Credo de père, mais aussi de monarque, de chef de l’Eglise anglicane et du Commonwealth : aucune polémique avant son couronnement à l’abbaye de Westminster. Selon le Times, à défaut de bannir son fils cadet de la cérémonie, le roi a fait annuler le rituel d’allégeance des ducs. Harry, s’il vient, ne jouera ainsi aucun rôle. Chasteté mise à l’épreuve.

Dès le 5 janvier, le quotidien britannique The Guardian, connu pour ses positions antimonarchistes, et Page Six, l’influente rubrique people en ligne du New York Post, ont dévoilé les premiers extraits du Suppléant. Le même jour, les Mémoires de Harry ont été mises en vente en Espagne. Accident industriel d’autant plus étonnant qu’un dispositif de mise en place à la dernière minute pour le 10 janvier, censé préserver le contenu du livre, avait été annoncé. Coup marketing des Sussex pour exciter la curiosité ou sabotage des Windsor pour torpiller les ventes ? Mystère. C’est peut-être le seul en suspens. Le Suppléant est un dégoupillage effarant, suicidaire même de la part du fils cadet de Charles III. La première grenade relayée par The Guardian a suscité autant le malaise que la stupeur. En 2019, William aurait confronté Harry au sujet de Meghan, « difficile », « irrespectueuse » et « abrasive« , à l’intérieur du Nottingham Cottage, occupé par les Sussex et Guy, le beagle de l’actrice, dans le parc de Kensington. « Bouillonnant de rage« , l’aîné aurait « empoigné par le col » son cadet, avant de le jeter au sol et de le laisser choir « dans la gamelle du chien », éclatée en mor-ceaux. William aurait quitté les lieux en demandant à son frère de ne rien dire à Meghan. Harry, vétéran de guerre en Afghanistan, pilote d’hélicoptère Apache qui aurait tué vingt-cinq Talibans « sans fierté ni remords », comme il l’écrit dans son livre, peu soucieux de la sécurité de sa famille à l’avenir, aurait subi la fureur de son aîné et, dans un élan post-traumatique, aurait appelé… son thérapeute. Au-delà du grotesque de la scène, digne d’un mauvais soap-opera, plus sensationnaliste que les tabloïds attaqués en justice par le prince, ce récit contredit le prétendu isolement mental des Sussex, leurs dires selon lesquels Meghan, enceinte d’Archie et traversée par des pensées suicidaires à la même époque, n’avait personne vers qui se tourner. Dans ce passage, Harry accuse William de « répéter comme un perroquet » les attaques de la presse de caniveau envers son épouse. Dès l’automne 2018, des collaborateurs des Sussex ont pourtant commencé à se plaindre d’un harcèlement moral de la part de Meghan… Très curieux portrait de William, « frère bien aimé« , mais « pire ennemi », « opposé polaire« , au fil des pages du Suppléant. Héritier enivré par sa position, grand frère lâche quand il s’agit de défendre son cadet à la fin de leur adolescence, premier opposant au remariage de Charles avec Camilla… Les accusations sont terribles. Le cri d’amour de Harry n’est vraiment plus audible quand il se moque de « la calvitie alarmante » de son aîné ou encore de sa « ressemblance fanée » avec Diana. Mais c’est un autre portrait, encore plus monstrueux, qui se dessine en creux. Celui d’un cadet jaloux, incapable de répondre à cette supplique de Charles à ses deux fils, après l’enterrement du prince Philip, en avril 2019 : « par pitié, ne rendez pas mes dernières années plus malheureuses« .

Selon Harry, l’éloignement avec William a débuté dès son mariage avec Kate Middleton, en 2011

L’affaire semble maudite dès le berceau. Le duc de Sussex, à l’évidence hypermnésique, soutient que son père, à sa naissance, aurait félicité Diana de lui avoir « donné un héritier et un suppléant ». Le fils d’Elizabeth II lui-même se serait rengorgé d’avoir « fait le job ». Ce qui n’empêche pas Harry de revenir cruellement sur la rumeur selon laquelle il serait le fils du rouquin Major James Hewitt, amant de Diana. Il la dément. Incontestable : le prince est né en 1984, deux ans avant le début de la liaison entre la princesse de Galles et l’officier de cavalerie. Harry accuse toutefois son père d’avoir lui-même plaisanté sur le sujet de sa filiation, ou d’avoir balayé le problème des moqueries subies par son fils à l’école, rappelant que lui-même, enfant, avait trouvé du réconfort en serrant fort ses ours en peluche. Insensible Charles expédiant, plus tard, l’annonce de la mort de Diana, sans une étreinte, juste une main sur le genou de son cadet, et ces mots : « Ça va aller ». Totalement sourd ensuite au vœu de ses fils qu’il ne formalise pas sa relation avec Camilla. Harry n’a pas oublié « l’air saoûlé » de celle-ci lors de leur première rencontre. Ni l’injonction de son père avant de se remarier en avril 2005 : « Ferme les yeux et ça passera. » Au début de la même année, le pauvre prince aurait déjà eu le malheur de se fier à William et Kate, approuvant le brassard nazi qu’il avait acheté pour une soirée sur le thème « indigènes et colons« . Soit. Est-on si peu responsable quand on a 20 ans ? Harry expédie plus rapidement avoir dû, quatre ans plus tard, s’excuser pour avoir traité un camarade de régiment de « petit Paki » dans un enregistrement, auquel son frère et sa future belle-sœur ne participaient pas.

Kate, longtemps décrite comme « une grande sœur » par le duc, apparaît comme une autre victime collatérale de ses sentiments contradictoires pour William. Le cadet des princes de Galles déplore la perte de son grand frère, de son « Willy », après le mariage des Cambridge, en avril 2011. Oubli de leur triumvirat à la tête de la Royal Foundation, des invitations à déguster un poulet rôti ou un curry dans les appartements du couple, à Kensington… jusqu’à ce que Meghan pose ses valises en Grande-Bretagne. Kate n’aurait fait aucun effort avec l’ex-actrice. Montrant du dégoût d’avoir à lui prêter un gloss pour les lèvres. Se comportant en hystérique pendant les préparatifs du mariage des Sussex, au printemps 2018. Harry donne sa version du premier bras de fer entre les belles-sœurs. Agacée par le tombé de la robe de sa fille Charlotte, l’une des demoiselles d’honneur, la duchesse de Cambridge, venant tout juste d’accoucher de son troisième enfant, Louis, aurait été encouragée par Meghan à « ne pas se laisser submerger par ses hormones ». Indignation de la jeune mère, intervention de William, refus de Meghan que son beau-frère la pointe d’un index menaçant et lui rappelle qu’on ne parle pas ainsi chez les Windsor. L’antagonisme entre les deux couples aurait atteint de tels sommets que Charles aurait demandé à Harry de ne pas venir accompagné de son épouse au chevet d’Elizabeth II, à Balmoral, le 8 septembre dernier. Le prince assure avoir appris la mort de la reine via le site de la BBC, à sa descente d’avion, en Ecosse. Un an et demi plus tôt, il aurait appris celle du prince Philip, son grand-père, par un appel de Sa Majesté en personne. En mai 2021, le très informé site TMZ racontait pourtant en détails que le shérif de Santa Barbara fut pressé par l’ambassade de Grande-Bretagne de se présenter au domicile des Sussex, qui ne répondaient pas à leurs téléphones… Au milieu d’anecdotes aussi scabreuses que la perte de sa virginité avec une femme plus âgée, à l’arrière d’un pub, ou, sa consommation de cocaïne – les deux dès l’âge de 17 ans –, Harry sème encore le trouble en évoquant sa mère, dont il garde des mèches de cheveux, dans une « boîte bleue », sur sa table de chevet, et avec laquelle il dit communiquer par l’intermédiaire d’une femme ayant des « pouvoirs ». En 2007, il aurait également demandé à un chauffeur d’emprunter plusieurs fois le tunnel de l’Alma, à Paris, à la même vitesse que celle de la Mercedes transportant sa mère, dix ans plus tôt. « Une mauvaise idée », reconnaît-il. « Je pensais que traverser ce tunnel mettrait fin à dix ans de souffrances. Cela a ouvert un deuxième chapitre de souffrances« , relate-t-il. En 2021, dans le programme The Me You Can’t See, conçu avec Oprah Winfrey pour Apple TV Plus, Harry, quitté sept ans plus tôt par Cressida Bonas en raison de ses colères incontrôlables, affirmait avoir cessé d’anesthésier son chagrin avec un excès d’alcool et de drogues. Sa rencontre avec Meghan Markle l’a-t-elle vraiment apaisé ? Les souvenirs qu’il brasse dans ses Mémoires laissent dubitatif. Depuis le Megxit, Harry promeut la santé mentale, en tant que « chief impact officer » de Better Up, start-up offrant un soutien moral en ligne, et cofondateur d’Archewell, structure philanthropique censée « inspirer » le monde. Il pratique la méditation au quotidien, via une appli, ainsi qu’on a pu le voir sur Netflix. Dans Le Suppléant, il crédite pas moins d’une douzaine de guérisseurs en tout genre pour sa sobriété et leur soutien psychologique. Mais il semble paradoxalement déterminé à nuire à sa famille. Quitte à perdre argent, honneur, raison. Et plus encore… Il n’est peut-être plus interdit de le craindre.

Cette interview est à retrouver dans le Gala N°1544 disponible le jeudi 12 janvier 2023.

Crédits photos : JLPPA / Bestimage

A propos de

  • Abonnez-vous à vos stars préférées et recevez leurs actus en avant première !

  • Harry d’Angleterre

  • William d’Angleterre

  • Meghan Markle

  • Charles d’Angleterre

Il vous reste 85% de l’article à découvrir

À découvrir en images

PHOTOS – Prince Harry : retour sur son évolution physique




Autour de

Source: Lire L’Article Complet