On le croit grande gueule et hâbleur, mais l’ambianceur de nos étés est plus complexe qu’il n’y paraît. Rencontre avec Kevin, plus que Keen’V…
Public : Vous avez sorti Équilibre début juillet. Vous êtes dans quel état ?
Keen’V : Fatigué, mais content, grâce aux retours du public. On échange sur les réseaux sociaux… C’est hyper sympa.
Vous n’êtes pourtant pas tendre avec les réseaux, dans la chanson Magalie !
Mais ils peuvent être un super outil ! Je suis extrêmement heureux de lire les commentaires des gens, de leur dire bonjour le matin. Je crée du positif. En revanche, certains influenceurs me dérangent. Je déteste la perversité des boîtes de bonbons qu’ils vous font acheter à 1 €, avant de vous refourguer les suivantes à 49€, juste parce que vous leur avez fait confiance ! De la même façon, je trouve écœurant de lancer une cagnotte pour des enfants qui ont faim à Madagascar, et de garder ensuite l’argent pour soi. C’est un ticket d’or pour les portes de l’Enfer ! Mais les réseaux ne doivent pas être blâmés pour les déviances de quelques-uns.
“J’étais un ado rebelle et râleur”
Quoi de neuf dans ce onzième disque ?
À la base, je ne comptais pas forcément le sortir maintenant, mais c’était une façon de fêter mes quinze ans de carrière. Il synthétise mieux l’équilibre entre ce qu’aime écouter Kevin et ce qu’aime faire Keen’V… J’ai trouvé l’équilibre parfait, je crois, d’où le titre. Les textes sont personnels et musicalement, c’est ce qui me plaît, à moi.
Cet été, vous parrainez aussi la tournée Paradis des Stars, des Campings Paradis. Pourquoi avoir accepté ?
J’estime énormément Laurent Ournac. C’est la personne avec qui je me suis le mieux entendu pendant Dals. Il est bienveillant, gentil : ce n’est pas qu’une image ! Quand il m’a proposé de parrainer la tour- née, j’ai sauté sur l’occasion. Et puis je vais au camping depuis l’enfance, à Argelès.
Quel genre d’enfant étiez-vous ?
Turbulent et insolent. J’étais pourtant bon élève ! Ma mère me disait : “À quoi ça sert de décrocher ces notes-là, si c’est pour avoir un comportement pareil ?” Les commen- taires des profs gâchaient les bons résultats. Ils écrivaient “Bon élève, mais…”
Et ado ?
J’étais rebelle, râleur. Je me souviens avoir manifesté parce qu’on n’avait pas de chauf- fage au lycée. Je vivais ma meilleure vie à cet instant !
Vous étiez dragueur ?
Pas du tout ! J’étais super timide. Je le suis toujours d’ailleurs ! La peur du non me paralysait. Aujourd’hui, j’essaie de me libérer de ces craintes. Je me suis rendu compte que l’on se crée nos peurs dans nos têtes.
Comment avez-vous décidé de vous lancer dans la musique ?
Ça s’est fait en plusieurs étapes. J’ai commencé à m’y intéresser vraiment à 12 ans. Puis, je m’y suis mis sérieusement au lycée : je passais les cours à écrire des textes. D’ailleurs, j’ai redoublé deux fois, ce qui est beaucoup pour un bon élève ! En revanche, je n’ai vraiment cru que ça pouvait marcher qu’à 21 ans.
Vos parents l’ont bien pris ?
C’est un milieu qui ne les intéressait pas, et pour son enfant, on veut un truc stable ! Ma mère me dit qu’ils m’ont quand même épaulé, mais je me suis convaincu du contraire ! J’avais besoin de penser qu’elle ne me soutenait pas pour lui prouver que je pouvais y arriver…
Vous avez été DJ puis chanteur : des métiers où vous êtes très entouré. Pourtant, vous dites vous sentir seul !
C’est par période. Quand je suis en dépression, j’ai beau être entouré, j’ai l’impression d’être seul. Mais dans l’ensemble, je me sens mieux aujourd’hui.
Vous êtes sorti de la dépression ?
On ne peut jamais dire jamais, c’est une vraie maladie. Mais j’ai compris que ça partait de ma tête, et j’essaie de ne plus nourrir mes fixettes !
“J’ai perdu cinq kilos dans Mask Singer”
Vous avez été aidé ?
Oui, on ne peut pas guérir seul. J’ai lu, parlé à des amis. La prochaine étape est une thérapie, pour aller plus loin. C’est nécessaire de se connaître, de s’aimer.
Surtout que vous êtes récemment redevenu célibataire, non ?
Oui, je ne suis plus avec ma femme. Nous sommes séparés. Ça aurait été égoïste de ma part de continuer quelque chose alors quejenesuisjamaischezmoi. Tunepeux pas demander à une personne qui est avec toi depuis plus de quinze ans de vivre avec un fantôme ! Ce n’est pas ça, l’amour !
Vous êtes sûr de votre choix ?
On ne peut jamais être serein avec une décision tant que l’on ne sait pas si on a pris la bonne. Mais il faut faire des choix.
Fin janvier, vous avez fêté vos 40 ans. Comment vous l’avez vécu ?
C’était cool car c’est un anniversaire avec un 0, et mes amis en ont fait des caisses. Mais je n’ai pas senti de gros change- ments, de vraie claque.
Vous vivez toujours à Rouen ?
Oui. Je ne pourrais pas habiter Paris. Ce serait un échec pour moi. J’ai besoin de l’air de Rouen. C’est vert, les gens sont moins stressés… C’est à mon rythme.
L’été dernier, vous tourniez Mask Singer. Quel souvenir en gardez-vous ?
C’était en pleine canicule, et porter un costume rembourré était complexe. J’ai perdu cinq kilos en quelques jours. Mais l’expérience était incroyable ! Qu’est-ce que c’était génial !
Le premier single de l’album a été Tu mentais. Votre plus gros mensonge ?
Dire que je ne mens pas.
Propos recueillis par Maëlle Brun
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