A 40 ans, la chanteuse Chimène Badi fait son grand retour avec un album et un concert hommage à Edith Piaf. Pour Gala, elle s’est confiée à deux voix avec son père, Mohammed, celui qui a lui a fait découvrir les légendes de la musique.
Chimène Badi a deux amours : la musique et sa famille. Après avoir conquis Paris, cette aînée de trois enfants est retournée vivre à Villeneuve-sur-Lot non loin de ses parents. Le 22 janvier, elle retrouvera la capitale. Après son vibrant hommage à Michel Polnareff à la télévision, c’est sur la scène de l’Olympia qu’elle reprendra le répertoire d’Edith Piaf. Deux jours plus tôt sera sorti l’album Chimène chante Piaf (Warner Music France), avec sa version des standards la « môme », disparue il y a tout juste 60 ans. Pour l’occasion, la chanteuse a accepté d’évoquer pour Gala une autre filiation : celle qui la lie à Mohammed, son papa, dont la venue surprise sur un plateau en 2019 l’avait déjà émue aux larmes. C’est donc avec cet ancien agent pénitentiaire de 70 ans qu’elle a fait un premier saut depuis son Lot-et-Garonne, il y a quelques jours. En attendant de découvrir toutes les photos de cette rencontre dans le numéro de Gala en kiosque ce jeudi 5 janvier, voici leurs confidences
GALA : Chimène, votre père a-t-il été votre premier modèle ?
CHIMÈNE BADI: Oui, c’est l’un des hommes de ma vie, donc j’ai puisé en lui pas mal de choses. Je lui ressemble beaucoup. J’ai la sensibilité de ma mère mais la force de mon père.
MOHAMMED BADI: Je confirme !
C.B. : C’est un battant. Il s’est retrouvé orphelin de père à 11 ans, c’était le plus âgé de la fratrie, donc il a eu des responsabilités très jeune. Il s’est bagarré et a réussi à arriver là où il avait envie d’être.
GALA : Et vous, Mohammed, avez-vous été le premier fan de votre fille ?
M.B. : C’est sa mère qui l’a entendue la première. Au départ, je n’étais pas très chaud pour qu’elle chante, je ne voulais pas qu’elle néglige ses études. Mais c’est parce que je ne l’avais pas entendue. Vers l’âge de 13 ans, elle m’a chanté Part Time Lover de Stevie Wonder a cappella. Ce jour-là, j’étais de service de nuit et je peux vous dire que la nuit est passée très vite parce que je ne faisais que penser à ça.
C.B. : [ouvrant des yeux ronds] Ah, bon ? Je ne savais pas…
M.B. : Dès le lendemain matin, une fois ma douche prise, j’ai filé dans un magasin de disques lui acheter un double album de gospel. Je trouvais que ça correspondait bien à son timbre de voix.
GALA : Vous étiez vous-même artiste ?
M.B. : Non, mais j’étais amoureux de la musique : gospel, rythm and blues… Je lui ai fait découvrir tout ça sur mes vinyles.
C.B. : Ma mère était plus chanson française : Piaf, Brassens, Ferrat, France Gall… Je lui piquais ses cassettes pour les écouter dans le baladeur que mon oncle m’avait offert.
GALA : Vous écoutiez la musique de vos parents plutôt que celle de votre génération ?
C.B. : Oui. Je me souviens qu’un jour, à l’école, il fallait proposer une chanson sur laquelle on allait danser. Tout le monde était arrivé avec La chenille, sauf moi qui avais proposé Stevie Wonder, justement. Les autres m’avaient regardée avec des yeux ronds. J’étais un peu décalée…
M.B. : J’aimais la musique noire américaine mais ma grande idole, c’était Johnny Hallyday, parce il y avait beaucoup de ses chansons qui résonnaient avec ma propre histoire. Un titre comme Je suis né dans la rue, ça me parlait. Johnny, c’était quelqu’un qui comptait dans la vie.
GALA : J’imagine votre émotion quand Chimène a fait la tournée des stades avec lui, à l’été 2003 !
M.B. : [encore ému] Le moment le plus fort, c’est quand on a dîné avec lui après un concert en Corrèze : j’étais à table avec Johnny et ma fille qui venaient de chanter en duo Je te promets. Je ne sais pas comment vous décrire ce que j’ai ressenti…
GALA : Revenons à l’adolescence de Chimène. Est-il vrai qu’à l’époque, vous étiez prêt à hypothéquer votre maison pour qu’elle puisse percer dans la chanson ?
M.B. : C’est vrai. On vivait dans le Lot-et-Garonne et c’était assez difficile d’accéder à des producteurs. Il fallait monter à Paris et, pour en avoir les moyens, vendre la maison. Et j’étais prêt à le faire. Je croyais dur comme fer qu’elle allait y arriver !
C.B. : Pour moi, mon père voulait vendre notre maison, rembourser le crédit et utiliser le reste de l’argent pour s’installer à Paris, enregistrer des maquettes. J’ai refusé parce qu’on était une famille, il fallait qu’on garde notre maison. Mais c’était une magnifique preuve d’amour, et papa y croyait plus que moi à l’époque. Sans lui, je ne pense pas que j’aurais passé le casting de Popstars à Bordeaux, où il m’a d’ailleurs accompagnée.
GALA : C’était il y a pile vingt ans, ce télé-crochet de M6 que vous n’avez pas gagné mais qui a été décisif…
C.B. : Le plus fou, c’est que mon père l’avait prévu. Il m’avait dit : « tu sais, Chimène, j’espère que tu ne feras pas partie du groupe, mais que tu décrocheras un contrat d’artiste ». Et c’est exactement ce qui s’est passé !
GALA : Pourquoi être retournée vivre à Villeneuve-sur-Lot, il y a une dizaine d’années ?
C.B. : Parce que ma mère est tombée malade. Naturellement, j’étais là. Et puis, je suis restée.
M.B. : C’est réconfortant de l’avoir près de nous. C’est ma grande, c’est l’aînée [Chimène a un frère, Karim, qui travaille dans la sécurité, et une sœur, Déborah, dans le médical, ndlr]. Si j’ai besoin de parler d’un problème, j’ai ma confidente.
C.B. : Et je suis celle qui n’a pas d’enfant, donc c’est plus simple de venir vers moi.
GALA : Il y a deux ans, vous nous affirmiez qu’avoir des enfants n’était pas dans vos plans. C’est toujours le cas ?
C.B. : Oui, je suis toujours dans le même état d’esprit. Mais dans la vie, rien n’est jamais figé, on ne sait pas ce qui peut se passer…
GALA : Où en est votre vie privée ?
C.B. : [Elle coupe court] Elle va très bien, je suis très heureuse. [se tournant vers son père] L’homme de ma vie est là et c’est merveilleux !
GALA : Le 30 octobre dernier, vous avez eu 40 ans. Comment avez-vous passé ce cap ?
C.B. : L’après-midi, mes neveux étaient là, j’ai soufflé mes bougies avec eux. Et le soir, j’étais avec mes cousines. Je ne me suis jamais sentie aussi bien qu’à 40 ans. Déjà, à 30 ans, c’était plus agréable, mais alors à 40, c’est Babylone !
GALA : Pourquoi ?
C.B. : Parce que j’ai lâché prise sur plein de choses : les angoisses, le jugement des autres. Je sais ce que je veux et ce que je ne veux plus, j’ai appris à dire non. Avant, parfois, j’ai dit oui pour faire plaisir, en étant intérieurement en mille morceaux. J’ai l’impression que plus le temps passe, plus je retrouve vraiment qui je suis alors que je m’étais un peu perdue au début.
M.B. : Je confirme aussi !
Crédits photos : Thomas Lavelle
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