Conseillère de l’ombre qui prend malgré elle de plus en plus la lumière, comment Sarah Knafo a-t-elle rencontré Éric Zemmour ?
Du même village berbère à la Seine-Saint-Denis. C’est par l’histoire familiale que Sarah Knafo a d’abord approché le polémiste, elle qui le présente comme « un ami de la famille« , qu’elle a connu « il y a une dizaine d’années« , selon nos confrères du Monde. Avant de bifurquer, les Knafo vers le Maroc et les Zemmour vers l’Algérie, leurs aïeuls auraient vécu dans le même village berbère, une identité que le polémiste revendique par ailleurs, se qualifiant de « juif berbère » plutôt que de juif arabe. Des décennies plus tard, c’est dans des communes voisines, de Montreuil, et des Pavillons-sous-Bois, que les familles s’établissent, et que leurs enfants naissent : Éric Zemmour en 1958, Sarah Knafo en 1993.
Dès lors, cet ami de la famille apparaît à la jeune femme, brillante, cultivée et ambitieuse, comme un modèle à suivre, qui pourrait partager sa même conception de l’identité, au vu de la proximité de l’expérience. Le sentiment, chez Sarah Knafo, qu’Henri Guaino, un de ses mentors en politique, résume après du Monde, dans des termes qui sont chers à l’extrême droite : le « sentiment de s’être fait remplacer deux fois, au Maghreb et dans le 93« . La jeune femme marche dans les pas de son futur client de haut rang, en intégrant comme lui Sciences-Po, en 2014, où elle commence à brandir ses convictions politiques.
Éric Zemmour, de l’ami de la famille au mentor
Elle adhère à l’UNI, syndicat étudiant classé à droite, qui invitera quelques années plus tard Éric Zemmour à la journée de « convergence » pour les 50 ans de l’organisation, mais aussi à l’association conservatrice de l’école « Critique de la raison européenne« . L’organisation vise à mettre en place des conférences dans l’institution de la rue Saint-Guillaume pour les élèves souverainistes, à droite et à gauche. Parmi les invités : Henri Guaino, qui deviendra un de ses proches, Jean-Pierre Chevènement, Hubert Védrine, Jacques Sapir, Marie-France Garaud, Alain Finkielkraut… Mais aussi un certain Éric Zemmour, dont l’invitation, plus tard annulée par la direction de l’école, aurait été faite par l’entremise de Sarah Knafo. Quand elle doit préparer l’après Sciences-Po, c’est l’ami de la famille qui l’aide, entre autres à préparer le concours de l’ENA. Les deux partagent un même attachement à la littérature, (elle est à la tête d’une association, Alexandre et Aristote, qui propose des conseils de lecture personnalisés), et une même vision de leur identité.
Une directrice de campagne qui ne prend pas de gants
Dans le livre d’Alexandre Devecchio, Les Nouveaux Enfants du siècle (éd. du Cerf), la jeune énarque avoue se reconnaître dans “le parcours d’assimilation” d’Eric Zemmour et « dans son détachement par rapport à l’identité juive. » « Je suis de confession juive, mais je me sens de culture chrétienne« , expliquait-elle. Pour preuve, elle cite un auteur que son nouveau mentor brandit régulièrement : « Chez moi, Charles Péguy est aussi important que la Torah« .
Depuis la fin du mois de novembre 2019, elle est de plus en plus dans le sillage d’Éric Zemmour, mais c’est en février que son engagement se fait plus fort : d’après nos confrères du Monde, depuis février 2021, elle « pilote dès février les initiatives pro-Zemmour, filtre les recrutements, met les volontaires en contact, échafaude le plan médias, distille le récit officiel aux journalistes… » Avant de devoir prendre congé de son poste de magistrate de la Cour des comptes, poste qu’elle occupait depuis sa sortie de l’ENA, en 2019. Moins dans l’ombre qu’elle ne l’aurait souhaité, l’amie de la famille devenue directrice de campagne ne quitte désormais plus Éric Zemmour, jusqu’à l’admonester en public quand le candidat putatif déclenche une énième polémique.
Crédits photos : Lafargue Raphael/ABACA
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