Son fils chéri, le prince Andrew, ne sera pas jugé pour agression sexuelle sur mineure. Il n’ira jamais en prison. Un accord à l’amiable a été passé avec la plaignante. La reine Elizabeth II a accepté de payer. Décryptage
La Couronne britannique est entrée dans une ère de transition. Elizabeth II, qui fête cette année ses 70 ans de règne, est certes toujours aux commandes installée au château de Windsor, mais son fils aîné, le princes Charles, futur roi, gère désormais dans l’ombre. De plus en plus présent dans les affaires du royaume. Il est désormais consulté pour chaque décision, donne son mot sur tout, a obtenu que Camilla devienne reine consort. La reine l’écoute, lui a donné toute sa confiance, le laisse diriger. De mois en mois, il écrit les grandes lignes de sa monarchie qu’il voudrait exemplaire, moderne et resserrée autour de lui et de son fils le prince William. Son obsession ? Se débarrasser des scandales. Un fantasme pour l’instant.
Avec sa mère, il a donc œuvré pour que son cadet, le prince Andrew, 61 ans, accusé d’avoir violé Virginia Roberts Giuffre, en 2001, alors qu’elle avait 17 ans, échappe à la justice américaine. Le prince de Galles redoutait que le jubilé de platine de Sa Majesté, dont les festivités se déroulent du 2 au 5 juin, soit terni par cette affaire et que son propre règne s’ouvre par les démêlées judiciaires d’Andrew. C’était sa hantise. Il a agi vite. Peut-être trop vite, sans une réelle sérénité, mais le temps jouait contre lui… Alors, la souveraine a payé pour sauver la peau de son troisième enfant. Selon le quotidien britannique The Telegraph, Elizabeth II aurait accepté d’aider son fils, le prince Andrew, à payer la somme de 14,3 millions d’euros à la plaignante Virginia Giuffre (le journal The Guardian avance, lui, une somme supérieure à 8 millions d’euros).
La reine, qui a déjà financé à titre privé les frais de justice de son fils à hauteur de plusieurs millions d’euros, aurait réglé une partie de l’argent réclamé grâce à ses revenus personnels provenant du duché de Lancastre, dont les actifs ont été récemment évalués à 27 millions d’euros. Il n’y aura donc pas de procès au civil aux Etats-Unis. Andrew ne sera pas jugé pour agression sexuelle sur mineure, des faits qu’il a toujours contestés. Il n’aura pas à témoigner sous serment, le 10 mars prochain, face aux avocats de Virginia Roberts Giuffre. Les Windsor ne défileront pas à la barre cet automne (on citait déjà les noms du prince Charles, de Meghan, de Sarah Ferguson). Il n’y aura aucun grand déballage en public. Affaire réglée à l’amiable. Les termes exacts de l’accord, eux, demeureront secrets.
Le 15 février, les deux parties, jusqu’à présent campées sur leur position, ont publié un court communiqué où était stipulé le versement d’une compensation financière par le prince Andrew à la plaignante pour mettre fin aux poursuites judiciaires. « Le prince Andrew a l’intention de faire un don substantiel à l’association caritative de Mme Giuffre en faveur des droits des victimes », détaille le document. Virginia a en effet créé Speak Out, Act, Reclaim, en 2021, pour aider les victimes d’abus sexuelles. D’après les informations du journal Mirror, le règlement de 14,3 millions d’euros consisterait en deux versements : « 2 millions de livres sterling (2,3 millions d’euros) pour l’association et 10 millions de livres sterling (près de 12 millions d’euros) pour Virginia Giuffre ». Dans ce communiqué, le prince Andrew a aussi tenté de se racheter une conduite et s’est excusé d’avoir fréquenté le proxénète et pédophile, Jeffrey Epstein, qui lui avait présenté Virginia. « Le prince Andrew regrette son association avec Epstein et salue le courage de Virginia Roberts Giuffre et d’autres survivantes qui ont pris leur propre défense et celle des autres », est-il écrit dans le document. Et de préciser : « Il est connu que Jeffrey Epstein a exploité d’innombrables jeunes filles pendant de nombreuses années. »
Mais malgré ce mea-culpa, et en l’absence d’un procès au civil à New York qu’il avait demandé pour se défendre, Andrew reste coupable aux yeux de l’opinion publique qui se souvient de sa désastreuse interview à la BBC en 2019 où il prétendait ne pas se souvenir de Virginia en dépit d’une photo les montrant ensemble. Ses propos étaient alors jugés catastrophiques pour la Couronne et la reine avait tranché immédiatement en l’excluant de la vie publique de la Firme. Il lui était alors interdit de représenter la famille royale. Depuis, il restait cloîtré chez lui, au Royal Lodge, dans le château de Windsor et rendait visite à sa mère dont il est resté très proche. Mais l’affaire devenait des plus embarrassantes pour les Windsor. A la mi-janvier, il a été déchu de ses titres militaires et parrainages d’association par la reine. Il est désormais contraint de vivre loin de la Firme. De se faire oublier. De se taire à jamais. On murmure même que Charles voudrait qu’il quitte Royal Lodge. Certains prétendent que cet accord est un soulagement pour Andrew, d’autres que c’est l’humiliation de trop imposée par Charles. Andrew, héros de la guerre des Malouines, attendait ce procès pour tenter de sauver son honneur. Il n’en sera rien. Il restera à jamais le paria des Windsor. Le pire des titres.
Crédits photos : AGENCE / BESTIMAGE
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