Jusqu’à sa mort inattendue en 1963, Edith Piaf enchaîne les chansons à succès et s’affirme comme une icône de la scène française. Cette image la suit et la propulse au statut de légende voire mythe.
Encore aujourd’hui, ses chansons sont murmurées entre les générations, chantées à tue-tête dans les soirées, ou même utilisées comme référence au cinéma.
Retour sur la vie tumultueuse d’Édith Piaf.
Enfance et mensonges
Édith Giovanna Gassion, plus connue sous le nom d’Édith Piaf, est née le 19 décembre 1915 à Paris. Au 72, rue de Belleville, dans le 20e arrondissement de Paris, lieu où elle serait née, se trouve une plaque apposée au mur en 1966. Très vite, une légende autour de sa naissance se crée. Édith Piaf aurait été « abandonnée à deux mois par sa mère, enlevée par une de ses grand-mères, frappée de cécité puis miraculeusement guérie… », explique au Point Robert Belleret, auteur de la biographie Piaf, un mythe français.
Le journaliste retrace dans son oeuvre, documents officiels à l’appui, la véritable enfance de la chanteuse. « À deux ans, elle vit dans le bordel que tient sa grand-mère paternelle. Elle fréquente très peu l’école : elle a une intelligence extrêmement vive, mais pas de culture. » Bien qu’elle n’ait jamais été aveugle, elle avait néanmoins « des problèmes aux yeux ».
Elle a su entretenir son mythe et développer le mystère. Elle ne parlera jamais de son père « contorsionniste » et « il faut le dire, sale type ». Elle taira aussi le reste de « sa famille où tout le monde, oncles, tantes, cousins, cousines, est acrobate, artiste, saltimbanque ».
C’est pourtant en accompagnant son père sur la route des spectacles, qu’elle découvre son talent et sa passion pour le chant. Ces mystères, voire ces quelques mensonges, ont continué à l’âge adulte, pendant l’Occupation.
« Elle aurait pu se contenter de dire qu’elle avait été obligée d’aller chanter en Allemagne, qu’il s’agissait pour elle d’apporter un peu de réconfort aux prisonniers français. Mais non ! Elle invente un énorme canular en faisant croire que plus de 100 prisonniers se sont évadés grâce à elle – prisonniers dont on n’a évidemment pas trace, et qui ne se sont jamais manifestés », raconte Robert Belleret.
« La Môme Piaf » avant Édith
Dans les années 1930, Édith Piaf quitte sa vie itinérante pour se lancer dans une carrière solo à l’âge de 15 ans. Elle commence par chanter dans les rues, toujours accompagnée de sa meilleure amie Simone Berteaut, dit « Momone ». Elle se produit dans les rues de Pigalle et de Belleville.
Puis, par hasard, elle rencontre le gérant d’un cabaret. Louis Leplée, directeur de Le Gerny’s des Champ Élysées, l’engage et la rebaptise. Son premier nom de scène est « La Môme Piaf ». Sa voix transperce l’univers artistique de Paris, elle commence à se faire un nom et être repéré ici et là.
Jacques Canetti, un producteur très réputé à l’époque, est envouté par sa voix. Après l’avoir fait signer dans son label Polydor, Édith Piaf enregistre son premier disque en 1936, Les mômes de la cloche.
Mais tout bascule lorsque Louis Leplée est assassiné. Les soupçons pèsent sur les artistes qui ont travaillé avec lui. Fautes de preuves, l’affaire est classée. Mais Édith Piaf et sa carrière sont entachées par cette histoire.
Elle se relève en faisant la connaissance de Raymond Asso. Il devient son auteur attitré, ainsi que son amant. Début 1937, elle enregistre Mon Légionnaire. Un titre qui marque le début de sa carrière en tant qu’Édith Piaf, et non plus la Môme.
Chanteuse et actrice internationale
Elle se produit sur scène, ses chansons passent à la radio, elle connait un véritable triomphe. Elle s’essaye aussi au cinéma et rencontre finalement Yves Montand. L’actrice en tombe amoureuse alors qu’elle joue à ses côtés dans Étoile sans lumière (1946). Elle le prend sous son aile et le propulse sur le devant de la scène.
Elle a fait ses débuts au cinéma dans le film Montmartre sur Seine, sorti en 1941. Cet autre talent lui vaudra de tourner dans une dizaine de films. Après la Seconde Guerre Mondiale, on la retrouve aussi au cinéma interprétant son propre rôle. C’est notamment le cas dans Paris chante toujours de Pierre Montazel en 1952 ou dans Boum sur Paris de Maurice de Canonge, en 1954.
En parallèle de ses nombreuses casquettes, Édith Piaf se met aussi à composer. Fin 1945, elle écrit ce qui sera l’un de ses plus grand succès international, La Vie en Rose.
Elle connaît également un léger succès aux États-Unis grâce au groupe les Compagnons de la chanson, qu’elle lance dans les années 1940. E,, 1947, ils chantent Les trois cloches, et se retrouvent en tournée à New York. Prévu pour une semaine, les Compagnons de la chanson restent quatre mois à l’affiche.
C’est à cette période qu’elle fera ses plus belles rencontres, sa fidèle amie Marlene Dietrich et l’amour de sa vie, Marcel Cerdan. De cette histoire d’amour naît l’iconique chanson Hymne à l’amour.
Edith Piaf et Marcel Cerdan
Toute sa vie, la chanteuse a mêlé sa vie privée et sa vie professionnelle, sa vie d’artiste et sa vie amoureuse, aidant certains de ses amants à accéder à la célébrité. La chanteuse a aussi vécu une succession de drames personnels.
De sa première histoire d’amour avec Louis Dupont, qu’elle surnomme « Ptit Louis », naît une petite fille en 1933. Mais à seulement deux ans, Marcelle meurt d’une méningite foudroyante.
Au cours de sa vie de parisienne et de chanteuse, Édith Piaf aura plusieurs amants comme Raymond Asso mais aussi Yves Montand et Georges Moustaki. Mais c’est à New York qu’elle rencontre l’homme qui a marqué sa vie, Marcel Cerdan.
Le français est un boxer, et surtout déjà marié. Ce qui ne les empêche pas de vivre une histoire passionnelle et magique, mais aussi dramatique. Les deux amants se rencontrent un soir d’été en 1946, dans un restaurant parisien. Leur relation débute en octobre1947, mais prend brutalement fin quelques mois plus tard. Le 27 octobre 1949, Marcel Cerdan meurt dans un accident d’avion, alors qu’il venait la rejoindre à New York.
Très marquée par cette perte, elle aura du mal à s’en remettre. Elle est mariée à Jacques Pills, un chanteur français, entre 1952 et 1956.
À la fin de sa vie, Édith Piaf rencontre Théo Sarapo. Elle épouse le jeune chanteur grec, de 20 ans son cadet, en 1962.
La mort d’une icône
Les dernières années de sa vie, Edith Piaf est rongée par la dépression, l’alcool et sa dépendance à la morphine. Elle fait ses premiers adieux sur scène au Carnegie Hall (New York) puis en 1961 à l’Olympia (Paris). Elle y chante son très connu tire Non je ne regrette rien.
Avec son second mari, Théo Sarapo, elle part vivre dans le Sud de la France, d’abord à Saint-Jean-Cap-Ferrat, puis dans le quartier de Plascassier, à Grasse. Elle donne son dernier concert, très affaiblie, à Lille en mars 1963, quelques mois avant sa mort.
Édit Piaf décède le 10 octobre 1963, à la suite d’une rupture d’anévrisme. Comme elle souhaitait être enterrée à Paris, son corps a été transportée illégalement de Grasse vers la capitale, sans la nuit du 10 au 11 octobre. Le lendemain, un médecin vient à son domicile parisien pour constater le décès. Dans l’annonce officielle publiée à cette époque, Édith Piaf serait morte le 11 octobre à 7h du matin.
Ses obsèques ont lieu le 14 octobre. La veille, 100 000 personnes seraient venues se recueillir devant son domicile. Malgré une courte vie, l’univers musical lui doit des titres intemporels ainsi que la découverte de nombreux artistes comme Charles Aznavour, Yves Montand ou encore Georges Moustaki.
En 2007, Olivier Dahan réalise un film autobiographique sur la chanteuse, intitulé La Môme. C’est Marion Cotillard qui a la lourde tâche d’interpréter l’icône française. Pour ce rôle, elle remporte l’Oscar de la Meilleure actrice. Le film remporte aussi quatre BAFTA, cinq César et un Golden Globe.
Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent pour faire entrer Édith Piaf au Panthéon. Après Simone Veil et Joséphine Baker, sera-t-elle la prochaine femme à y reposer, au côté des 75 hommes et 6 femmes.
Edith Piaf
Edith Piaf
Edith Piaf
Edith Piaf
Edith Piaf et Yves Montand
Edith Piaf
Edith Piaf
Edith Piaf et Théo Sarapo
Edith Piaf
Edith Piaf et les Compagnons de la chanson
Edith Piaf
- Brigitte Bardot, l’icône ultime
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