De New York à Rio de Janeiro, plus de 200 musiciens se rassemblent pour un concert 100 % virtuel

Le compositeur, musicien et chef d’orchestre parisien Thomas Roussel, alias Prequell, a rassemblé dans un orchestre plus de 200 musiciens du monde entier dans un clip symphonique extraordinaire qu’il offre en exclusivité à Madame Figaro.

Une montée de frissons. C’est une œuvre poignante et magistrale qui met en scène le «Lockdown Orchestra», créé durant le confinement par Thomas Roussel : de prestigieux virtuoses jouant depuis New York, Pékin, Bruxelles, Londres, Rio de Janeiro, Paris ou le Moyen-Orient… tous réunis sous la baguette virtuelle de Thomas Roussel, à l’initiative du projet, qui les dirige en jouant également du piano. Du 100 % live, c’est le pari fou que s’est lancé ce compositeur visionnaire, auteur de l’album The Future Comes Before et de ce magnifique morceau, «Part I». Une œuvre qui va crescendo et dans laquelle les fabuleuses sœurs Berthollet, au violon et au violoncelle croisent leurs archets et s’unissent à une constellation d’instruments. Thomas Roussel poursuit son parcours errant dans le temps et l’espace, le classique, l’électro et la pop, qu’il instille dans ses musiques pour les grandes maisons de mode. Maître de la haute-couture musicale, il a créé les bandes originales des défilés et des clips de Chanel et de Dior… et l’on se souvient de la poésie de son récent concert pour le défilé Givenchy où les musiciens étaient suspendus dans les airs. C’était dans le «vieux temps», comme il dit en riant. C’était la collection printemps-été 2020… Interview.

Madame Figaro. – Le message qui accompagne cette vidéo hors normes ?
Thomas Roussel. –
Il est très simple : tous les instruments du monde, tous les musiciens du monde sont capables de jouer ensemble, de dialoguer. Même si nous ne sommes pas physiquement réunis, nous avons un langage commun qui est la musique écrite. La musique permet de créer une cohésion immédiate et c’est ce qu’on a voulu tester dans cette vidéo.

Quelle est la genèse de l’aventure «Part I» ?
C’est un titre que j’avais composé pour mon album The Future Comes Before et qui, à l’origine, était destiné à un orchestre à cordes. Pendant le confinement, j’ai voulu en faire une version très ouverte. Cette période est tellement flippante pour les artistes – je n’ai plus aucun concert, défilé, évènement – que j’ai décidé de me replier sur la composition. Tous ces musiciens que j’ai contactés avaient un grand besoin de jouer ensemble, d’être dans un projet collaboratif, pour se rassurer. J’avais vu des vidéos très réussies, comme celles de l’Orchestre National de France et de Lille. Faire la même chose n’avait pas d’intérêt. Je me suis alors dit que j’avais envie de recontacter tous les gens avec lesquels j’ai travaillé dans ma vie, pour créer un orchestre mondial et le diriger virtuellement. C’était le défi.

Comment avez-vous rassemblé les musiciens de cet orchestre et qui sont-ils ?
J’ai voulu encourager des musiciens classiques, mais aussi ceux qui jouent des instruments traditionnels, asiatiques, arabes ou d’Amérique du Sud. L’idée n’était pas de faire de la world music, mais une «Music of the world». J’ai eu la chance d’avoir à la fois tous les instruments de l’orchestre symphonique et des instruments étonnants comme le guzheng, une harpe chinoise, le Cristal Baschet, une sorte de piano en cristal et tiges de métal… ou encore un musicien avec lequel j’ai collaboré à Pékin et qui joue du taiko, un gros tambour chinois. J’ai réactivé tous mes réseaux et je suis heureux que de grandes pointures de la musique aient accepté de participer : Camille et Julie Berthollet, Maxine Kwock, premier violon du London Symphony Orchestra, Filip Pogady qui joue sur un Stradivarius à New York… des musiciens des orchestres nationaux et philarmoniques de Bruxelles, de Chine, du Qatar, de Nice… l’Orchestre Lamoureux de Paris… Mon agent, Yvan Striga, m’a beaucoup aidé.

Comment décririez-vous votre morceau ?
C’est l’un des morceaux les plus simples que j’ai composé dans ma vie. Il est fondé sur une série de quatre notes – la, si, ré, fa -, une petite cellule de quatre notes qui grandit et grandit. C’est une composition qui se prêtait bien à ce jeu : commencer seul au piano avec quelques arcs, puis de rajouter des violons, des contrebasses, des flûtes… et faire monter en puissance un orchestre de plus de deux cents personnes, en rajoutant des cuivres, des percussions et tous les instruments que l’on entend.

Comment avez-vous dirigé plus de 200 musiciens dans ces conditions ?
On a joué en direct, sans aucun playback. Quand on voit que les musiciens ne portent ni casque ni oreillettes, c’est que c’est du playback. C’est impossible de s’enregistrer et de jouer ensemble sans être dirigé dans l’oreille. Tout ce qu’on entend été enregistré en temps réel sur les téléphones portables des uns et des autres puis mixé par notre ingénieur son, Sylvain Denis, un faiseur de miracles, tout comme le monteur de la vidéo, Alex Brisa. J’ai créé un guide audio, une sorte de petit chef d’orchestre virtuel qu’ils entendaient dans leurs oreillettes : les musiciens l’ont suivi depuis chez eux, dans chaque pays. C’était comme de jouer dans une salle de concert, avec une émotion inédite.

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