Suite à un grave accident de voiture, l’acteur a été placé en soins intensifs…
Les premiers rayons du soleil transpercent le ciel quand les sirènes du Samu qui arrive à toute berzingue à l’hôpital d’Avignon, déchirent le silence. La mine des ambulanciers est celle des mauvais jours et leur inquiétude commence à poindre. Sur le brancard, Daniel Auteuil peine à rester éveillé. L’acteur vient d’avoir un accident de voiture dont il ignore encore la gravité. Son pronostic vital est engagé et il est immédiatement transféré en soins intensifs.
De la Coccinelle Volkswagen dans laquelle il avait pris place à l’arrière, il ne reste plus rien. Daniel apprendra plus tard qu’Annette, la sœur aînée de son ami d’enfance, cette jolie jeune fille de 25 ans qui conduisait la voiture, est morte sur le coup. Lui perd connaissance et va rester trois jours dans le coma.
Prévenue par les gendarmes, Yvonne, sa mère, n’est pas autorisée à entrer dans la chambre pour le réconforter. « Tambourinant à la porte de toutes ses forces, elle appelle son fils chéri, inconscient », écrit Nathalie Simon dans la biographie qu’elle consacre au comédien (Daniel Auteuil : sous le masque, éditions L’Archipel). Elle poursuit : « Cette voix adorée lui permet sans doute de s’accrocher. Il passera trois mois à l’hôpital. » Le bilan est sérieux : mâchoire, bassin et fémur sont fracturés. Celui qui a marqué le cinéma français dans Jean de Florette sait qu’il revient de loin. Étrangement, cet accident traumatisant, il ne l’a que brièvement évoqué, en 2016. « La vie est un miracle, concédait-il à nos confrères de Gala. J’ai la conscience aiguë que tout est rare, que rien n’est acquis, que tout peut basculer d’un instant à l’autre. Il vaut mieux éviter de gaspiller le temps pour rien et le consacrer aux gens qu’on aime. »
Ce drame, survenu l’année de ses 18 ans, va pourtant le marquer au fer rouge et lui laisser des séquelles. « Daniel se déplace en boitant et doit suivre des séances de rééducation », peut-on encore lire dans la biographie.
Frôler la mort va d’ailleurs le ramener sur terre, lui qui rêve alors de faire l’acteur, et le décider à entrer dans l’administration. Un an plus tard, sa vocation reprend le dessus et il gagne la capitale pour tenter sa chance. Trois échecs au concours d’entrée du Conservatoire national supérieur d’art dramatique ne le décourageront pas. En 1970, il accède enfin à la lumière dans Early Morning puis dans la comédie musicale Godspell, où il va rencontrer Dave, un de ses plus proches amis.
Philosophe, il affirmait encore à Gala : « Je compte bien profiter de la vie jusqu’à la dernière goutte en vivant très très vieux. » On le croit sur parole.
Évincé par Frédéric Mitterrand
Pendant des semaines, il a fait le pied de grue devant sa boîte aux lettres, espérant recevoir une réponse enfin positive. Daniel Auteuil vient d’avoir 9 ans, mais cela fait des années qu’il clame son envie de jouer la comédie. C’est dire s’il attend beaucoup du rôle de “fils de Michèle Morgan” dans le film Fortunat que prépare Alex Joffé, et pour lequel il a candidaté. Cerise sur le gâteau : Bourvil, dont Auteuil est un grand admirateur, va tourner dans ce long-métrage (sortie en 1960). « Las, la lettre de refus finit par arriver. Elle est sans appel », écrit Nathalie Simon dans son livre. Un autre enfant, un certain Frédéric Mitterrand, a été préféré par le réalisateur. Daniel évoquera cet épisode des années plus tard avec l’ancien ministre de la Culture. « Il se souvenait du rôle mais ignorait que j’avais été sur le coup », confesse, beau joueur, le comédien dans la biographie qui lui est consacrée.
Loïc Torino-Gilles
Source: Lire L’Article Complet