L’artiste belge d’origine italienne nous a quittés ce 24 juin, usé par une longue bataille menée avec courage contre le cancer et ses propres démons.
La nouvelle nous a tous profondément attristés. Claude Barzotti, le « Rital » le plus italien de Belgique, qui chantait si bien l’amour et la nostalgie, nous a quittés ce 24 juin emporté, à l’âge de 69 ans, des suites d’un cancer du pancréas qui s’était généralisé. Après des mois de souffrance, il s’est éteint chez lui, non loin de Bruxelles en Belgique « dans son lit, entouré de ses deux filles », a révélé son manager Laurent Comtat sur les ondes de RTL. « Barzotti […] était un écorché vif, un vrai sensible, qui a bu pour lutter contre son trac », a-t-il précisé, encore sous le choc.
À France Dimanche, nous sommes d’autant plus émus que nous connaissions bien le chanteur. Nous l’avions suivi, depuis ses débuts en 1981, où il avait ravi les ondes et le cœur des femmes avec son premier tube, Madame, extrait de son opus initial, Souvent je pense à vous, Madame, qui en appellera beaucoup d’autres, en tout une quinzaine d’albums studio. Toute une vie…
Chanteur d’émotions
©STEPH / VISUAL Press Agency
En 2020, après d’ultimes galas avec la bande de la tournée Âge tendre et Têtes de bois, l’artiste, en proie à de graves problèmes de santé, avait décidé d’arrêter de se produire sur scène… Une décision qui lui avait brisé le cœur ! Mais il avait, de son propre aveu, trop maltraité son corps à coups d’alcool pour espérer pouvoir se tenir face à son public le temps d’un tour de chant.
Privé de la scène, il ne lui restait plus que sa famille, son autre joie dans l’existence, ses deux filles, Vanessa et Sarah, ainsi que ses petits-enfants. À l’été 2016, il n’avait pas caché son bonheur de devenir grand-père pour la seconde fois, sa fille Vanessa ayant donné le jour à une petite Mia. « Je suis un grand-père gâteux et surtout gâteau, je suis très amoureux de mes petites-filles ! » confiait-il alors au site Sudinfo.be, évoquant aussi sa seconde petite merveille, Assia, née de sa fille Sarah. Récemment, l’arrivée de Baya, la petite dernière, avait comblé de bonheur ce célibataire endurci, lui faisant oublier ses effroyables problèmes de santé.
Car Claude, en véritable force de la nature, aura longtemps lutté. Son combat aura été ponctué de nombreuses et lourdes opérations chirurgicales. Hélas, après des mois de souffrances, son organisme épuisé a fini par lâcher.
Bien que né en Belgique, à Châtelet (Hainaut), c’est à l’Italie qu’il rendait hommage dans ses chansons. Au fil de ses 15 albums studio, il ne cessera d’évoquer cette botte dont étaient originaires ses parents et où il a passé beaucoup de temps durant son enfance. C’est là qu’il avait commencé à aspirer à devenir chanteur, un rêve réalisé avec son premier tube, Madame, sorti en 1981. Deux ans plus tard, le succès était à nouveau au rendez-vous, avec Le Rital, composé par ses soins et coécrit par lui. Dans ce texte antiraciste, hymne à la différence et à la fierté de ses origines, transparaît la grande sensibilité d’un artiste authentique.
Hélas, ce qu’il appelait ses « démons », à savoir une angoisse profonde qu’il tentait d’amadouer en ingurgitant jusqu’à sept bouteilles de whisky par jour, ont eu raison de sa santé. Peut-être Claude souffrait-il aussi de son enfance déracinée. Il avait été élevé par son grand-père en Sicile, et avait ensuite retrouvé ses parents en Belgique, puis en Suisse et au Luxembourg, avant de s’en retourner au pays de Jacques Brel. Grâce à de sérieuses études de musique, huit ans de solfège et de guitare, Claude avait trouvé sa voie. Mais il avait arrêté l’école à 14 ans et travaillé comme maçon, peintre en bâtiment, mécanicien de vélo, avant de devenir directeur artistique chez Vogue…
Aujourd’hui, le Rital, cet éternel séducteur qui a tant fait rêver l’actrice Mathilde Seigner – en 2012, le chanteur belge lui avait d’ailleurs dédié le titre Mademoiselle M S –, nous a quittés. Lui qui se définissait comme « un chanteur d’émotions » nous en laisse d’intenses, à commencer par la tristesse de son départ mais aussi la joie de l’avoir connu…
Ses obsèques auront lieu le 1er juillet à Court-Saint-Étienne, au sud de Bruxelles, là où il s’est éteint.
Laurence PARIS et Valérie EDMOND
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