César : une présidente en attendant la révolution ?

Avec 23% des nominations cette année, les femmes restent peu représentées aux César. Un déséquilibre qui devrait être amené à évoluer rapidement. Outre sa volonté de s’approcher de la parité chez les votants, l’Académie vient de nommer la productrice Margaret Menegoz, comme présidente intérimaire.

On aurait pu croire que le nouveau millénaire verrait les femmes décrocher davantage de César. L’année 2000 et sa majestueuse parité laissaient présager d’une nouvelle ère : neuf César sur dix-huit furent attribués à des femmes (hors César d’honneur) cette année-là. Et parmi ceux-ci, celui de la meilleure réalisatrice, décerné à Tonie Marshall pour Vénus Beauté (Institut), également couronné meilleur film et meilleur scénario. Las, la fille de Micheline Presle reste la seule femme, à ce jour, à avoir été récompensée dans cette catégorie. Cette année, Céline Sciamma peut y prétendre pour Portrait de la jeune fille en feu, face à sept autres concurrents masculins, dont Roman Polanski.

Historiquement, les femmes ont toujours gagné moins de César que les hommes. Depuis la toute première cérémonie, en 1976, elles n’ont récolté que 27,4% des récompenses. Leurs catégories phares : les costumes et le montage.

En vidéo, la sélection complète des César 2020

Une présidente par intérim

Cette année, les femmes représentent en moyenne 23% des nommés dans les catégories mixtes (excluant donc les catégories de genre, comme celles de meilleurs acteurs ou des meilleurs espoirs). L’Académie des César, chargée de les départager, compte actuellement 35% de femmes parmi ses 4700 membres. Mais une réforme est engagée pour tendre vers la parité d’ici à 2021. À la suite de la démission collective du conseil d’administration et de son président historique, Alain Terzian, c’est d’ailleurs une femme, Margaret Menegoz, qui en a été nommée présidente temporaire le 26 février.

Née en 1941 à Budapest, monteuse de formation et directrice des Films du Losange, Margaret Menegoz a produit des films de Rohmer, Haneke ou Brisseau. Membre du jury du festival de Cannes en 1991, elle a été présidente d’UniFrance, l’organisme chargé de la promotion et de l’exportation du cinéma français à l’étranger de 2003 à 2009. Elle occupera cette fonction jusqu’à une assemblée générale extraordinaire qui se tiendra le 20 avril, «afin d’adopter de nouveaux statuts et remplacer provisoirement les membres démissionnaires, dans l’attente de la mise en place d’une gouvernance définitive», a-t-il été indiqué dans un communiqué du Centre national du cinéma. Une nouvelle assemblée se tiendra cet été, pour procéder «à l’élection d’un conseil d’administration dont la composition devra être conforme aux principes de représentativité, de diversité et de parité».

Des « meilleures actrices » plus âgées

Un progrès cependant. Si les comédiennes couronnées par le César de la meilleure actrice sont traditionnellement plus jeunes que leurs homologues masculins (six ans de moins, en moyenne), un changement notable est survenu : depuis 2000, les César ont récompensé dix fois des femmes plus âgées que le meilleur acteur. Elles sont même 7 quinquagénaires à avoir décroché la récompense suprême depuis 2005, parmi lesquelles Isabelle Huppert (2017), Catherine Frot (2016) et Isabelle Adjani (2010). Reste à savoir si les années 2020 seront véritablement celles du changement.

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