LES SCENES LES PLUS TORRIDES DU CINEMA. Cet été, Gala vous propose de retrouver les grandes sagas qui ont illustré le magazine au fil du temps. Retour en 1986. Cette année-là, sort le film de Jean-Jacques Beineix, 37°2 le matin, avec l’aspirant Jean-Hugues Anglade, mais surtout l’incandescente Béatrice Dalle. L’actrice a alors 21 ans et crève l’écran avec sa présence hypnotique.
Pour beaucoup, il constitue le film de toute une génération. Lorsque 37°2 le matin débarque le 9 avril 1986 dans les salles de cinéma, un parfum de soufre le précède. Le long-métrage est alors interdit aux moins de 16 ans et a failli ne pas voir le jour en raison de sa longue scène d’ouverture explicite, entre deux acteurs jusqu’ici inconnus, Jean-Hugues Anglade et Béatrice Dalle. La jeune femme, à peine âgée de 21 ans, crée déjà le scandale et ne quittera plus les pages glacées des magazines. Si dans un premier temps l’image du film la poursuit, la jeune femme réussit à imposer son caractère entier à des réalisateurs de renom. Jacques Doillon, Jim Jarmusch ou encore Claire Denis acceptent de tourner avec elle. Devenue une égérie du cinéma d’auteur, Béatrice Dalle n’en finit plus de fasciner avec sa vie privée mouvementée. Après une liaison avec Arno Klarsfeld et une longue histoire d’amour avec le rappeur JoeyStarr, l’actrice épouse en 2005, Guénaël Meziani, un homme incarcéré pour viol. Elle divorcera huit ans plus tard pour cause de violences conjugales. Loin de s’être assagie, Béatrice Dalle poursuit sa carrière iconoclaste et continue de briller dans des rôles variés. Retour sur le rôle qui a décorseté sa sensualité…
« Ça faisait une semaine que j’avais rencontré Betty, on baisait toutes les nuits, ils avaient annoncé des orages pour le soir. » Sur un lit, un couple fait l’amour. Avec intensité et sensualité. Travelling avant discret pour mieux se rapprocher des corps en fusion. Le mouvement de la caméra s’arrête et scrute leurs orgasmes simultanés. En deux minutes, les premières images du film, 37° 2 le matin, entrent dans la légende du cinéma avec cette scène devenue culte. Ce coup de maître est signé Jean-Jacques Beineix qui a cependant reconnu n’en avoir eu l’idée qu’après le tournage, en salle de montage.
« Je me suis dit : ‘Enlevons la première bobine, l’acte un et commençons par là !’ Quoi de plus simple qu’un plan séquence à partir du moment où vous avez deux acteurs d’une beauté incroyable, d’une présence extraordinaire ? » Ces acteurs, ce sont Jean-Hugues Anglade, trente ans, qui démarre tout juste sa carrière, et Béatrice Dalle, vingt et un ans, qui fait ses grands débuts au cinéma. S’il s’inspire de Valérie Kaprisky et Gérard Lanvin en écrivant le scénario, adapté d’un roman de Philippe Djian, le réalisateur souhaite deux inconnus pour incarner Zorg et Betty. Il repère Anglade dans L’homme blessé de Patrice Chéreau, et Dominique Besnehard, responsable du casting, lui propose Béatrice Dalle qui fait alors la une du magazine Photo. Sexy en diable, d’un naturel désarmant et dotée d’un fort tempérament : Betty, c’est elle.
Face à Jean-Hugues Anglade, Beatrice Dalle force sa pudeur : les acteurs atteignent « une frontière »
Sur le plateau, l’entente entre les deux acteurs fonctionne à merveille. Au-delà des espérances de Beineix. « Nous avions forcément des bouffées de sentiments, mais qui émanaient directement des personnages, confie Jean-Hugues Anglade. Nous étions tellement identifiés et portés par eux qu’on vivait une espèce de symbiose, d’osmose, assez sidérante. »
En revanche, pour la fameuse scène d’ouverture, si réaliste, l’acteur est catégorique : « J’ai toujours été très clair par rapport à ça, on n’a pas fait l’amour devant la caméra. » Tant pis pour la légende. Il ajoute néanmoins : « On est à une frontière, c’est très limite cette scène. » Il explique ensuite qu’elle a été difficile à tourner. Une seule prise en une matinée, mais un long travail de préparation et de mise en place. Des scènes de sexe, moins fortes, mais tout aussi marquantes, les deux acteurs en tourneront d’autres dans le film. Béatrice Dalle a confié vingt-cinq ans plus tard: « Je me demande vraiment comment j’ai pu les tourner. C’était un cauchemar. Je suis très pudique. »
Autre protagoniste du film, Clémentine Célarié s’illustre également avec une scène et une réplique très osées
Clémentine Célarié a, elle aussi, été rendue célèbre par 37° 2 le matin. Un rôle court, mais frappant : celui d’Annie, jeune maman débordante de désir parce que son mari ne la touche plus, qui saute littéralement sur Jean-Hugues Anglade en lui mettant le visage entre ses cuisses. « J’ai quand même commencé au cinéma en disant : ‘Bouffe-moi la chatte’ », plaisante-t-elle aujourd’hui tout en se demandant ce que le public avait bien pu lui trouver parce qu’elle ne se considérait « pas assez belle » pour le grand écran.
Un avis que ne partage pas Jean-Jacques Beineix. « J’étais très épris de Clémentine Célarié, j’étais fasciné par sa spontanéité, sa folie, c’est une vraie panthère, elle est incroyable et ce qu’elle fait dans le film est absolument sidérant. » Il a reconnu l’avoir choisie parce qu’elle venait d’avoir un enfant et qu’elle avait des seins énormes. La scène a valu à l’actrice une réputation sulfureuse qui l’a accompagnée toute sa carrière et qu’elle a tenu à démentir trente ans plus tard sur RMC : « Je ne suis pas du tout obsédée par le sexe. »
Interdit au moins de seize ans, 37° 2 le matin a attiré dans les salles obscures 3,6 millions de spectateurs venus chercher un frisson érotique tout en se laissant embarquer par cette sublime histoire d’amour. Film générationnel, il a surtout révélé la tornade Béatrice Dalle. Le cinéma français n’avait pas connu un tel phénomène depuis Brigitte Bardot. Trente-trois ans après, la température n’est toujours pas retombée.
Texte de Jean-Christian Hay
Cet article a été initialement publié dans le magazine Gala n°1366, paru le 15 août 2019.
Crédits photos : AGENCE / BESTIMAGE
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