Après son César, Mounia Meddour reçoit le Gold Fellowship Award pour "Papicha"

L’Académie des Oscars, en partenariat avec UniFrance et Swarowski, a décerné ce mardi 3 mars le Gold Fellowship Award à la réalisatrice de Papicha, au sein de l’hôtel Lutetia, à Paris. Récit d’un événement qui met en lumière les femmes.

Il est déjà midi et les premiers invités font leur entrée dans le salon Cristal de l’hôtel Lutetia, dans le VIe arrondissement de Paris. Dans cette ambiance feutrée, les serveurs s’affairent à dresser les tables aux nappes grises surmontées de tissu blanc – on y distingue de petits cartons aux noms de Camille Cottin, Rosalie Varda ou encore… Juliette Binoche. La voici justement qui s’offre une entrée remarquée, rayonnante en blouse noire à motifs blancs et pantalon taille haute noir. L’actrice de 55 ans rit de bon cœur et se prête au jeu des photos avec les convives, près de statues grandeur nature à l’effigie du trophée des Oscars.

Une parité « nécessaire »

Tous viennent assister, ce mardi 3 mars, à la remise du Gold Fellowship Award, une récompense décernée par l’Académie des Oscars, soutenue par UniFrance et Swarowski. Le discours inaugural de Juliette Binoche y est, notamment, très attendu. «C’était important pour moi d’être ici aujourd’hui, car c’est une réunion pour les femmes, confie-t-elle au micro de Madame Figaro. Dawn Hudson (la directrice de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS), NDLR) fait tout un travail de parité. Une parité sans doute nécessaire pour un temps, pour que dans l’inconscient et le subconscient des hommes et des femmes, les femmes aient la possibilité (…) d’avoir des postes importants dans le monde du cinéma.»

13h05. La comédienne se prépare à entrer en scène. Les invités prennent place autour de leurs tables respectives. Ici, Camille Cottin, en top vert, s’installe face à Dawn Hudson, également de vert vêtue. Là, Maïmouna Doucouré, la réalisatrice de Mignonnes (2019), se tourne sur son siège pour ne pas perdre une miette de l’événement. Il faut dire que la cinéaste de 35 ans est aussi la lauréate de l’édition précédente. Daniela Elstner, directrice d’UniFrance, est la première à s’exprimer. Elle évoque la polémique autour de l’Académie des César : «On est toutes d’accord pour dire que l’on souhaite avoir une belle Académie des César, qui représentera le monde dans sa diversité et qui amènera au plus loin les films des femmes.» Elle se félicite également que les films réalisés par des femmes aient rencontré tant de succès l’an passé.

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Le mythe d’Adam et Ève

Elle cède ensuite sa place à Juliette Binoche. «Bonjour à toutes, et à tous, lance cette dernière, déclenchant l’hilarité de cette assemblée majoritairement féminine. La prochaine fois on partage nos tables, non ? Avec eux.» L’actrice débute son discours en évoquant le «mythe fondateur» d’Adam et Ève, auquel il faudrait «remonter pour comprendre le gros, le grand et le grave malentendu» entre les hommes et les femmes. L’actrice choisit de lire un passage d’un ouvrage d’Annick de Souzenelle, auteure de nombreux ouvrages de spiritualité. «Adam n’est pas seulement l’homme mais l’homme et la femme, c’est-à-dire l’humanité entière, énonce-t-elle. Ève n’est pas sortie de la côte d’Adam.»

L’auteure évoque notre «côté féminin» comme un «potentiel à découvrir». «Il faut comprendre que dans ce mythe qu’est la Genèse, notre masculin et notre féminin sont nos deux polarités intérieures.» L’intervention de Juliette Binoche est immédiatement suivie de deux discours, ceux de Dawn Hudson et de Lila Thibault, qui représente Swarowski. Cette dernière appelle sur scène Maïmouna Doucouré, qui remercie l’Académie des Oscars de l’avoir «soutenue et encouragée» dan son projet. «En janvier, j’ai assisté à l’avant-première de mon film Mignonnes, révèle-t-elle. À Sundance, il a gagné le prix de la meilleure réalisation et il y a une semaine, le film a reçu une mention spéciale au jury de la Berlinale.» Une nouvelle acclamée par la salle.

Un travail « douloureux mais nécessaire »

Il est temps pour la cinéaste de désigner sa successeure. Il s’agit de Mounia Meddour, la réalisatrice de Papicha (2019), déjà récompensé du César du meilleur premier film. «Merci d’encourager les femmes à raconter, à témoigner des histoires fortes, débute la réalisatrice, vêtue d’une combinaison noire. C’était mon cas. J’ai démarré le processus d’écriture de Papicha il y a sept ans. C’était un travail très douloureux mais nécessaire. C’est un travail de témoignages, de montrer le combat des femmes à travers l’Algérie en pleine guerre civile. J’espère que ce film ouvrira des portes à d’autres femmes qui vont libérer la parole.» Et la réalisatrice de conclure : «Je pense qu’aujourd’hui, main dans la main, homme et femmes, nous pouvons construire un monde universel, un monde fort, puissant, et cinématographique.» Gageons que ses prières seront entendues.

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