En postant le 11 mars une photo d’elle allaitant son bébé, Emily Ratajkowski n’a pas seulement annoncé sa naissance au monde entier. Elle a aussi fait plusieurs gestes militants en une seule image. Décryptage.
Avec elle, un nude n’est jamais un «simple» nude. Et une photo de naissance n’est pas juste faite pour qu’on s’attendrisse dessus. Vendredi 11 mars, Emily Ratajkowski a posté sur son compte Instagram la toute première photo de son enfant, né trois jours plus tôt : «Sylvester Apollo Bear nous a rejoint sur terre. Sly est arrivé le 8 mars 2021 durant la matinée la plus surréaliste, la plus belle et emplie d’amour de ma vie», a-t-elle écrit dans un message accompagné d’un cliché où elle allaite son nourrisson.
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Un post devenu depuis viral avec plus de 3 millions de likes. L’annonce de la grossesse d’Emily Ratajkowski, le 26 octobre dernier, avait déja enflammé Instagram. Le top y avait dévoilé une photo où elle posait en nuisette, reprenant le visuel d’une couverture digitale de l’édition américaine du Vogue.
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Un corps militant
Le corps féminin : un enjeu au centre de la carrière du top de 29 ans, qui en a fait non seulement un outil de travail, mais aussi de revendications féministes. En 2016, celle que l’on a découverte en petite culotte dans le clip de Blurred Lines, de Robin Thicke, se fend d’un texte pour Lenny, newsletter créée par Lena Dunham et Jennifer Konner –, où elle incite les femmes à ne pas avoir honte de leur corps et de leur sexualité. «Je veux un monde dans lequel les femmes peuvent porter ce qu’elles souhaitent, coucher avec qui elles le désirent et poster sur Instagram les photos qu’elles veulent sans avoir peur d’être critiquées. Pourquoi la vue d’un sein doit-elle générer des propos vulgaires et sexistes ? Moi, j’aime mes seins et je me trouve belle.»
Si on les voit à peine, ce sont encore ses seins qu’Emily Ratajkowski expose sur son post Instagram. Pour une activité ne comportant aucune charge sexuelle : allaiter son nouveau-né. Une posture innocente, et pourtant : l’image d’une femme donnant le sein à son bébé en public fait encore polémique, a fortiori sur les réseaux sociaux, où toute exposition de chair doit répondre à des règles précises, sous peine d’être censurée. En choisissant précisément cette image, le top revendique, encore une fois, son droit, ainsi que celui de toutes les femmes, à disposer de son corps librement.
Bonnet rose et sacré prénom
Deuxième prise de position : celle concernant le genre de son enfant. En annonçant sa grossesse, Emily Ratajkowski avait (encore) pris la plume, cette fois pour l’édition américaine du magazine Vogue. Elle y expliquait qu’elle et son époux souhaitaient se montrer «progressistes» quant à l’identité sexuelle de leur premier enfant, et ne pas la révéler tout de suite. «Nous aimons dire que nous ne connaîtrons pas le sexe avant que notre enfant n’ait 18 ans et qu’il nous le dira alors à ce moment-là, a-t-elle affirmé. La vérité est que nous n’avons finalement aucune idée de qui – plutôt que de quoi – grandit dans mon ventre. Qui sera cette personne ? De quel genre de personne deviendrons-nous parents ? Comment va-t-elle changer nos vies et qui nous sommes ?» Et de conclure : «C’est un concept merveilleux et terrifiant, qui nous rend à la fois impuissants et humbles.»
Aujourd’hui, le prénom de l’enfant, Sylvester, alias Sly, comme un certain acteur réputé pour ses rôles testostéronés, ne laisse guère de doute sur le fait qu’il s’agirait bien d’un garçon. Que le top a tout de même coiffé d’un bonnet rose, histoire d’envoyer un message «non genré» sur sa toute première photo. Dans sa tribune au Vogue, elle disait avoir longtemps souhaité avoir une petite fille, mais craignait que celle-ci, comme le faisait sympathiquement remarquer son mari Sebastian Bear-McClard, ne ressente «beaucoup de pression» à l’idée de se montrer à la hauteur de sa mère. Emily Ratajkowski se sentait tout aussi anxieuse dans le cas où l’enfant serait un garçon : «Je n’ai pas peur d’élever un « bad guy », comme la plupart des hommes que j’ai connus, qui abusent de leur pouvoir de manière intentionnelle. Mais je suis terrifée à l’idée de cultiver chez lui, inconsciemment, l’indifférence et le manque de prévenance qui sont si pratiques pour les hommes.»
Pour finir, le top ajoutait qu’elle avait toujours été adepte de la «pensée magique», cette habitude superstitieuse qui nous persuade qu’il suffit de vouloir très fort quelque chose pour qu’il se produise : «Mais je n’essaie pas de visualiser de couverture bleue ou rose dans mes bras.» Aujourd’hui, c’est avec un bonnet rose que le petit Sylvester fait son entrée dans le monde. Il jouera au foot, à la poupée. Ou peut-être aux deux.
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