Accusations de viols contre Gilles Beyer : Sarah Abitbol entendue par la police

Depuis la sortie du livre de Sarah Abitbol, dans lequel la patineuse raconte les viols subis de la part de son entraîneur quand elle avait 15 ans, son histoire est devenue quasiment une affaire d’état. Si les faits sont aujourd’hui prescrits, l’enquête judiciaire a débuté avec son témoignage et se poursuivra avec celui de son agresseur présumée Gilles Beyer.

L’affaire « Sarah Abitbol », révélée au grand public depuis la parution du livre de l’ancienne patineuse – Un si long silence (sorti chez Plon le 30 janvier) -, dans lequel elle raconte les viols répétés subis de la part de son entraîneur Gilles Beyer alors qu’elle n’avait que 15 ans, est devenue une véritable affaire d’état remontée dans les plus hautes sphères politiques (elle doit rencontrer prochainement Brigitte Macron).

Mais au-delà du choc et des conséquences désastreuses pour la jeune femme et des répercussions au plus haut niveau de la fédération, ce qu’elle a eu le courage de dévoiler est avant tout un crime sordide, et une enquête judiciaire a naturellement été ouverte pour faire le jour sur cette affaire. Le journal Le Parisien avance ainsi ce mercredi 19 février, que Sarah Abitbol a été auditionnée ce lundi 17 février par les policiers de la brigade de protection des mineurs de la direction régionale de la police judiciaire de Paris.

Le quotidien ajoute que l’enquête débute seulement et que l’ancienne patineuse a été le premier témoin à être entendu dans cette affaire de viols sur mineurs et agressions sexuelles sur mineurs par une personne ayant autorité sur la victime. Les faits remontant à trente ans et Sarah n’ayant pas souhaité déposer plainte, il y a de toute façon prescription en ce qui concerne son cas – ce délai dans une affaire de viol est de dix ans à partir du jour où l’infraction a été commise ; toutefois, lorsque la victime a moins de 15 ans au moment des faits, le délai de prescription ne commence à courir qu’à partir du jour où la victime est majeure et sa durée est de vingt ans -, mais les enquêteurs pensent éventuellement lever le voile sur des faits plus récents et susceptibles, eux, de tomber sous le coup de la loi.

Un effet domino sur la fédération toute entière

Pour rappel, le parcours de Sarah Abitbol, 44 ans, fut on ne peut plus terrible durant son adolescence. Jeune patineuse talentueuse, elle a été très tôt prise en charge par la fédération. Si sa carrière a été couronnée de succès (dix fois champions de France avec son partenaire de toujours Stéphane Bernardis, ils ont aussi remporté la médaille de bronze aux championnats du monde en 2000, et sept médailles européennes), sa formation lors de ses jeunes années a été marquée par des viols répétés de la part de son entraîneur, Gilles Beyer, entre 1990 et 1992 (alors qu’elle avait entre ses 15 et ses 17 ans). Un traumatisme qu’elle a mis des années à dévoiler à ses parents, et encore plus longtemps à assumer en public. Aujourd’hui, c’est chose faite avec la parution de Un si long silence (disponible depuis le 30 janvier chez Plon), dans lequel elle raconte son long calvaire et les années pleines de souffrances et de névroses qui ont suivi. Une parole qu’elle a surtout voulu exprimer pour aider celles qui n’ont pas la force de se manifester, car selon elle, elles sont nombreuses dans son cas (plusieurs autres athlètes se sont d’ailleurs depuis manifesées), et elle ne serait que la pointe émergée de l’iceberg, qui cacherait de véritables prédateurs au sein de la fédération française de patinage artistique, entre autres ; car la patineuse ouvre même le débat et les suspcisions à d’autres fédérations qui forment de jeunes sportives.

Un véritable scandale au sein de l’institution nationale – d’autant que d’après certaines voix, beaucoup de monde était au courant de ses agissements -, où tous se repassent depuis la patate chaude, du président de la structure depuis plus de deux décennies Didier Gailhaguet (que Sarah accuse d’avoir fermé les yeux sur les agissements de son ancien entraîneur alors qu’il était d’après elle au courant depuis des années) aux anciens ministres des Sports Marie-George Buffet, Bernard Laporte et Jean-François Lamour. Si Didier Gailhaguet a depuis démissionné de son siège, rien n’est encore réglé et ceux qui prendront sa succession (que ce soit Nathalie Péchalat, ou encore Philippe Candeloro s’il décide de se présenter à la présidence de la fédération) auront du pain sur la planche pour nettoyer tout ça et redonner ses lettres de noblesse à ce sport et à ses athlètes.

Crédits photos : Bestimage

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