1H avec… Selah Sue : "Je renais depuis que j'ai arrêté les antidépresseurs"

Après un début de carrière explosif, l’interprète de "Raggamuffin" s’est accordé une pause, entourée de sa famille. Aujourd’hui, elle dévoile Persona, un troisième album plein de surprises…

Public : Après plus d’1 million de disques vendus, ressentez-vous encore du stress avant de sortir un nouvel album ?

Selah Sue : Oui bien sûr. Pour être honnête, je me fiche de gagner beaucoup d’argent, mais je sais que si mon album ne se vend pas, je ne pourrais pas faire de grosses tournées, ni payer décemment les gens qui travaillent avec moi et qui comptent sur moi pour nourrir leur famille. Donc, forcément, ça met un peu la pression.

Sept ans se sont écoulés depuis Reason, c’est une longue pause…

C’est très long et je n’attendrai certainement pas autant la prochaine fois. Mais j’avais besoin de ce temps pour me consacrer à mes deux garçons (ndlr : Seth et Mingus). J’ai lu beaucoup de livres de psy qui expliquent que les mille premiers jours de la vie d’un enfant sont primordiaux dans leur construction donc j’ai fait en sorte d’être à 100 % disponible pour eux. Je les ai allaités jusqu’à ce qu’ils aient deux ans, j’ai été présente, je leur ai apporté la sécurité émotionnelle pour qu’ils deviennent plus autonomes et maintenant qu’ils sont plus grands je peux retourner plus sereinement à la musique.

« J’ai sombré dans la dépression vers 15 ans »

Sans culpabiliser ?

Presque ! J’ai manqué l’anniversaire de mon cadet la semaine dernière et ça m’a brisé le cœur, mais on s’est bien rattrapé après.

Vous êtes du genre maman poule ?

Je suis une mère câline, mais pas du tout anxieuse. Je les laisse libres de faire leurs expériences, de tester des choses sans projeter ma peur sur eux. Mais j’aimerais pouvoir les garder des journées entières dans mes bras tellement j’adore les sentir contre moi. Ils doivent littéralement me repousser pour que je les lâche. Ils veulent sans cesse aller jouer dehors, courir et monter dans les arbres, mais moi je ne veux que des câlins !

Vous étiez déjà comme ça petite ?

J’ai toujours été très proche de ma mère et, enfant, j’étais un vrai petit rayon de soleil. Je souriais tout le temps, je faisais des blagues, je courais partout. À l’adolescence, tout s’est compliqué. Je suis devenue consciente du regard que l’on posait sur moi, je détestais mes nouvelles formes et j’ai sombré dans la dépression vers 15 ans.

Bien avant Stromae, vous avez été l’une des premières personnalités à évoquer sans tabou vos problèmes de santé mentale, où avez-vous trouvé le courage de parler ?

Ça m’a semblé très naturel parce que dans ma famille, on parle de ça sans tabou. Mes deux grands-mères ont été internées. Et je me souviens qu’on allait leur rendre visite à l’hôpital psychiatrique tous ensemble. Je suis en thérapie depuis que j’ai 14 ans.

Cela vous a aidé ?

C’est primordial, ça m’a permis, il y a six mois, d’arrêter les antidépresseurs que je prenais depuis quatorze ans. Ça a été très compliqué pour moi de stopper le traitement. Quand le faire ? Quand j’étais bien, j’avais peur que ça me fasse rechuter et quand je me sentais mal, je me disais que ça allait être encore pire. Il a fallu trouver le bon timing. Aujourd’hui je renais. Je n’ai jamais eu autant envie de croquer la vie à pleines dents. Parler m’a beaucoup aidée, être bien entourée aussi…

« Damso est un homme hyper respectueux et talentueux »

Justement, vous travaillez avec votre compagnon (Joachim Saerens), le père de vos enfants, il vous aide à trouver un équilibre ?

Il est un de mes piliers. Nous sommes ensemble depuis douze ans et il m’est essentiel aussi bien dans mon travail que dans ma vie personnelle. C’est un excellent musicien, un homme équilibré et ancré, un père exceptionnel. Nous avons de la chance de nous être trouvés.

Vous vivez en Belgique, mais travaillez souvent à Paris, n’avez-vous pas été tentée de vous installer en France ?

On me demande pourquoi je ne m’offre pas un grand appartement à Paris, mais j’adore vivre dans ma campagne. J’adore la nature, les animaux, le calme. Et puis j’habite à dix minutes de mes parents et de ma sœur. Je n’aimerais pas être loin d’eux.

Sur cet album, vous vous êtes offert un featuring avec Damso, comment s’est passé votre rencontre ?

C’est ma maison de disque qui m’a parlé de lui et, dès qu’on s’est rencontrés, on a eu un super feeling. C’est un homme très respectueux et bourré de talent.

Le milieu du rap n’est pourtant pas un univers facile pour les femmes…

Je n’ai jamais eu de problème avec les rappeurs que j’ai rencontrés. Tout le monde s’est bien comporté avec moi. On parle beaucoup du Me Too de la musique, mais de mon côté, personne ne m’a jamais posé problème. Je n’ai eu que des expériences positives. Peut-être parce que j’ai toujours été la boss. Il n’y avait pas de relation de hiérarchie qui aurait pu permettre à un homme de prendre l’ascendant sur moi.

Dates clés

1. 3 mai 1989

Sanne Putseys n’est pas une enfant de la balle. Sa mère est infirmière et son père comptable à sa naissance à Louvain (Belgique).

2. 2011

En parallèle de ses études de psychologie, elle écrit et compose son premier album dont est issu le titre Raggamuffin.

3. 2015

Une collab avec Prince avait été annoncée mais, épuisée, Selah Sue la décline. Elle sort un second album sublime aux sonorités plus électro.

4. 2022

À 32 ans, Selah Sue se dit plus heureuse. Son nouvel album, Persona est éclectique et surprenant. On y découvre un featuring avec Damso.

À voir également : Exclu Vidéo : Selah Sue : son live privé à Paris, on y était !

Propos recueillis par Sarah Lévy-Laithier

Source: Lire L’Article Complet