1 Heure avec… Natasha St-Pier : "À 40 ans, je construis pleinement ma vie !"

Natasha St-Pier L’éloignement de ses proches et de son public, à l’heure du Covid ? Il s’est doublé pour la star canadienne d’une rupture avec son mari. Pourtant, elle reste calme. Zen, soyons zen…

Public : Avec votre nouveau livre, Yoga pour parents débordés, vous proposez de nous déstresser. C’est possible, en confinement ?

Natasha St-Pier : Oui, mais c’est une démarche volontaire. Dans une période angoissante, on a tendance à se recroqueviller : être proactif demande un effort. Se concentrer sur sa respiration, méditer, tout cela prend du temps. Idéalement, j’y consacre deux heures par jour, ce qui n’est pas toujours facile. Plus globalement, j’essaie de ne pas pratiquer le yoga mais de le vivre.

Cette forme de spiritualité complète votre foi catholique, chantée dans vos derniers albums ?

Oui, c’en est la partie concrète. On associe souvent la spiritualité au recueillement. Mais ça peut être plus que cela.

Ce sont les problèmes cardiaques de votre fils de 5 ans, opéré à la naissance, qui vous ont fait voir la vie autrement ?

Oui. Cette sensation d’avoir traversé le pire, ce moment où je ne savais pas si Bixente survivrait, tout cela a pour conséquence que rien ne me semble vraiment grave. Mais j’ai mis du temps : je suis restée tendue des mois après son opération. Puis, le jour où il a eu 1 an, j’ai relâché les épaules et tout le stress de ses premiers mois de vie. J’ai commencé à étudier le yoga quand il était bébé.

Après ces épreuves, vous avez tendance à le couver ?

Non, mais nous partageons beaucoup. Je l’initie d’ailleurs à la « méditation de l’amour », qui consiste à prendre un moment pour penser à tous les gens que l’on aime et les nommer. Cela provoque un état de bien-être.

La maternité est au centre de votre vie, alors qu’initialement, vous ne vouliez pas d’enfant.

Ce n’était pas un vrai souhait, en effet. J’ai eu Bixente assez tard, à 35 ans. Me dire que la vie ne tournerait plus autour de moi me faisait peur. Je voulais avoir la certitude que je serais à la hauteur, ce qui est impossible. Durant ma grossesse, je cherchais des solutions avant même que les problèmes existent ! Le futur m’angoissait.

Vous voudriez un autre enfant ?

Je suis partagée. La peur de revivre la naissance d’un petit malade est présente. Et l’issue pourrait ne pas être aussi heureuse. Affronter ce qu’Ingrid Chauvin a traversé avec sa fille, je ne sais pas si j’en aurais le courage. En même temps, j’ai grandi avec un frère que j’adore : j’aimerais que mon enfant connaisse ça.

« Avoir un second enfant ? Je suis partagée »

Vous avez sorti un single à 12 ans, un premier album à 14… Avez-vous quand même eu une enfance ?

Mes parents ont veillé à ce que j’aie une vie et pas juste un métier. J’ai joué aux billes, fait du vélo, des feux de camp avec mes amis… Malgré les cours de chant dès 8 ans et les spectacles le week-end !

Vous étiez sociable, même avec cette vie un peu décalée ?

Pas tant que ça. Je n’exprimais pas beaucoup mes émotions. J’ai toujours été très timide, ce qui peut parfois avoir l’air de snobisme.

En étant connue dès l’adolescence, on prend forcément le melon ?

Non. En revanche, avec le recul, j’aurais aimé que certaines choses se réalisent plus tard. À l’Eurovision, j’avais 19 ans : je n’avais pas la maturité ni la distanciation pour savourer. J’ai d’ailleurs fait une dépression à la suite de cette défaite.

L’échec est relatif : vous avez quand même obtenu la 4e place pour la France !

Oui. Mais j’avais toujours été en avance, au niveau sportif, académique et musical. Je n’avais jamais appris à perdre. Le vivre à 19 ans, c’est un peu tard !

Avec la pandémie, comment gérez-vous l’impossibilité de voyager, et de voir votre famille au Canada ?

C’est compliqué. Je me partage entre les Landes et la région parisienne. Mais mon fils me dit qu’il a hâte d’être vacciné pour aller voir mamie au Canada. Quand on attend de se faire piquer, à 5 ans, c’est qu’il y a un manque.

Dans votre livre, vous dites vous être séparée il y a quelques mois de Grégory, votre mari depuis huit ans. Que s’est-il passé ?

Vous savez, on est en perpétuelle croissance. On se développe même en tant qu’adultes. Parfois, on grandit différemment, cela fait aussi partie de la vie.

La quarantaine, que vous venez de fêter, vous a poussée à la réflexion ? Non. Plus jeune, j’avais l’impression qu’à 40 ans, on était âgée. Mais je ne me sens pas vieille. Je ne suis pas à l’époque des bilans. Je construis encore pleinement ma vie.

Comment gérez-vous la séparation avec votre fils, les jours où il est avec son père ?

Vous dire que je le vis bien serait un mensonge. Mais je suis une adulte, je dois me raisonner. L’important, c’est le bien-être de Bixente : un enfant de 5 ans a besoin d’équilibre et il faut donc que je m’en sépare parfois.

“M’être séparée de mon mari fait partie de la vie.”

Avez-vous retrouvé l’amour ? Vous évoquez un certain Vincent dans les remerciements… Peut-être votre pianiste Vincent Bidal ?

(Rires) J’ai de belles relations autour de moi, des gens très importants. Mais je n’ai pas encore refait ma vie. Mon divorce n’étant pas prononcé, je ne peux pas me dire complètement engagée. Je suis séparée, dans un entre-deux. J’essaie de vivre au jour le jour, ce qui est le mieux en période d’incertitude. Comme le confinement nous l’a montré.

1. 10 février 1981

Natasha voit le jour à Barthust, au Canada. Enfant, elle ne rêve pas de scène. « Je voulais être vendeuse de glaces à vélo ! »

2. 12 mai 2001

Elle représente la France à l’Eurovision et obtient une honorable 4e place, qu’elle ressent comme un échec.

3. 13 novembre 2015

Natasha et son mari, Grégory Quillacq, ont Bixente. Atteint d’une cardiopathie congénitale, il a été opéré bébé.

Février 2021

Ce 10 février, jour de ses 40 ans, elle sort Yoga pour parents débordés, chez Flammarion.

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Propos recueillis par Maëlle Brun

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