Avant, les mères confiaient leurs secrets de beauté à leurs filles et les initiaient aux codes de la féminité. Aujourd’hui, ce sont les jeunes générations qui font la loi dans la salle de bains. Dans cette transmission inversée, la complicité, elle, n’a pas changé. Témoignages.
Colette et Andie Masazza
Madame Figaro. – Comment décririez-vous votre rapport à la beauté ?
Andie Masazza. – De par mon métier, je suis amenée à me maquiller sur scène. Dans mon quotidien, en revanche, j’essaie de ne pas en faire trop. Je mets un peu de mascara et de liner. Par contre, j’adore le rouge à lèvres, qui est vraiment pour moi une astuce bonne mine. Côté soin, j’étais comme ma mère jusque très récemment : j’utilisais très peu de produits. Mais le confinement m’a permis de prendre du temps pour moi. J’ai notamment trouvé un réel réconfort en fabriquant mes propres soins à base de fruits et d’huiles végétales.
Colette Masazza. – Je suis très naturelle. Je ne me maquille jamais, sauf une touche de mascara. Et côté soin, je vais vraiment à l’essentiel. J’ai une crème de jour anti-âge Clarins, une crème pour le corps Uriage et un gel pour les cheveux Leonor Greyl. Le seul élément auquel je suis fidèle, c’est mon parfum Chanel N° 5.
Qu’avez-vous la sensation d’avoir appris à votre mère ?
A. M. – Quand ma mère a eu des soucis de perte de cheveux, j’ai mis à profit mon expérience. Sur scène, entre la laque et les lissages, ma chevelure a souvent eu besoin de coups de pouce. Il y a les huiles de ricin et d’argan, bien sûr, mais aussi les compléments alimentaires René Furterer ou le masque de nuit Hair Rituel by Sisley. D’ailleurs, je me renseigne beaucoup sur les blogs, sur Instagram et sur YouTube en regardant les tutos coiffure.
C. M. – Ma fille m’apporte des réponses dès que j’en ai besoin. Quand j’ai commencé à perdre mes cheveux, c’était logique que je me tourne vers elle. Elle m’a également poussé à assumer ma féminité. Quand je sors avec mes deux filles, je fais attention à mon look, je délaisse mes jeans et mes pulls pour oser des choses plus cintrées, de la couleur, des talons… J’essaie d’être à la hauteur !
En quoi la nouvelle génération vous semble-t-elle différente ?
C. M. – La différence entre moi et ma fille, c’est certainement le nombre de nos produits. Sa salle de bains est remplie. Moi, à son âge, j’avais peut-être un tube de crème ! Mais j’aime la façon dont elle assume sa féminité, même si je trouve qu’elle y passe trop de temps.
A. M. – J’ai autant de soins parce que ça me fait du bien au moral ! Mais je suis assez d’accord sur le fait qu’on nous impose une vision trop sophistiquée de la beauté. Avec les filtres sur les réseaux sociaux, on nous transforme trop. Je trouve que cela crée des complexes, car on se sent obligées de se conformer à l’image qui nous est vendue. Et finalement, ma référence beauté, cela reste ma mère, 100 % naturelle.
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Sophie et Émilie Di Serio
Sophie Di Serio, directrice du design (49 ans), et sa fille Émilie, lycéenne (16 ans). Sophie : Tee-shirt Monoki. Maquillage Maud Eigenheer. Coiffure Martyn Foss Calder.
Madame Figaro. – Comment décririez-vous votre rapport à la beauté ?
Émilie Di Serio. – Je suis assez naturelle, comme ma mère. Mais certains jours, j’aime me maquiller. Pour moi, pas pour les autres. J’ai aussi ma routine de soins, qui oscille entre des marques très naturelles, comme Léa Nature, et des marques que j’ai repérées sur TikTok, telles The Ordinary ou CeraVe. Notamment pour cibler les imperfections.
Sophie Di Serio. – J’aime le naturel, tout en étant impeccable. Je me maquille assez rarement la journée, uniquement pour sortir. En revanche, je ne fais jamais d’entorse à mon rituel de soin : double nettoyage (le matin avec une solution micellaire et le soir avec une huile démaquillante), une crème antirides et un incontournable à mon âge : un contour des yeux et des lèvres ! Je m’offre aussi, une à deux fois par semaine, un masque, de préférence dans le bain. Côté marques, je suis assez peu fidèle, car j’aime innover. Je me tourne plutôt vers des marques très pointues, comme La Mer et Biologique Recherche…
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Qu’avez-vous appris à votre mère ?
É. D. S. – Depuis que je suis petite, j’aime faire les choses moi-même. Alors, à partir de vidéos YouTube, j’ai pris l’habitude de fabriquer des gommages ou un exfoliant pour les lèvres au sucre. Je pense avoir encouragé ma mère à utiliser plus de produits naturels. Elle privilégiait des marques connues, mais en termes de composition, ce n’était pas du tout ça. Pour moi, l’important n’est pas le prix mais ce qu’il y a dans les produits et ce que l’on va mettre sur sa peau.
S. D. S. – Il est vrai que cette nouvelle génération a un rapport plus responsable à la beauté. Je ne me posais pas ce genre de question à son âge, nous n’y étions pas sensibilisées. Ma fille m’a vraiment appris à faire mes propres recettes avec des éléments que l’on trouve dans son réfrigérateur ou son placard : par exemple, des masques à l’avocat ou à l’aloe vera. Je n’en faisais jamais avant. C’est assez ludique, avec une approche naturelle et agréable.
En quoi la nouvelle génération vous semble-t-elle différente ?
É. D. S. – On a simplement un autre rapport à la beauté. On peut masquer une imperfection pour un post, mais on assume davantage nos différences. À l’image de la vague de body positivisme qui déferle sur les réseaux sociaux…
S. D. S. – Les jeunes ont été amenés beaucoup plus tôt que nous à s’intéresser à leur image à cause des réseaux sociaux. Mais aussi, grâce à cela, c’est une génération qui avance vite, qui a accès à tellement d’informations… Désormais, j’ai le réflexe d’aller regarder une vidéo sur YouTube ou de me renseigner sur Instagram. J’essaie de me mettre à la page !
Catherine et Kiara Amato
Catherine Amato, directrice de communication (47 ans), et sa fille Kiara, lycéenne (17 ans). Catherine : chemise Massco. Kiara : blouse ba&sh. Maquillage Maud Eigenheer. Coiffure Martyn Foss Calder.
Madame Figaro. – Comment décririez-vous votre rapport à la beauté ?
Kiara Amato. – Je me maquille le matin. Mais je n’en fais pas des tonnes : un peu d’anticerne, un peu de poudre et du mascara. Je ne suis pas très « soins », c’est plus la partie de ma mère. Je fais néanmoins des gommages et je teste des formules en institut (HydraFacial, HydraSkin…) que je lui fais découvrir.
Catherine Amato. – Moi, en revanche, j’ai une vraie routine de soins Clarins : avec un sérum, des crèmes de jour et de nuit. J’utilise aussi un roller de quartz pour un petit massage du visage le soir. En revanche, à part masquer mes cernes, je mise simplement sur un peu de blush et du gloss ou du rouge à lèvres.
Comment influencez-vous votre mère ?
K. A. – Elle me demande parfois de la maquiller. Je lui ai fait, par exemple, découvrir l’highlighter, et ma mère me pique souvent mes gloss. Je lui ai aussi appris à prendre soin de ses cheveux, à se faire des boucles avec un styler ou à utiliser les huiles végétales pures, comme celles de coco ou de ricin.
C. A. – Auparavant, je ne mettais sur mes cheveux que ce que me conseillait mon coiffeur. Ma fille m’a aussi poussée à tester les extensions de cils. Avec ça, plus besoin de maquillage pendant les vacances ! Et en plus, le matin au réveil, on est contente de se regarder dans le miroir. Pour ça, je peux lui dire merci ! Certes, je me sens parfois un peu à la traîne sur certaines choses. Pourtant, en même temps, elle m’aide à entretenir ce côté très féminin que l’on peut oublier un peu quand on devient mère ou quand on vieillit. Et je me dois d’ être dans l’air du temps, parce qu’elle l’est.
Qu’est-ce qui vous étonne dans la nouvelle génération ?
C. A. – Je suis impressionnée par les techniques que les jeunes montrent sur Instagram. Kiara a un nombre de pinceaux incalculable. Je ne savais même pas qu’on pouvait se mettre autant de choses sur le visage. Je remarque aussi que tout s’est démocratisé : que ce soit pour les ongles ou les cheveux, même en termes de prix. Nos enfants ont accès à bien plus de choses que nous. C’est bien. Mais pour notre génération, il y avait là quelque chose d’exceptionnel. Aujourd’hui, tout va trop vite, il y a une magie que les jeunes n’ont plus.
K. A. – Ce qui change aussi, c’est que sur les réseaux sociaux, on se retouche tous un peu. Mais je trouve dommage que certains sautent le pas de la chirurgie pour se conformer à une image, alors qu’ils sont déjà très beaux. Il y a quelque chose de malsain dans l’idée de se transformer pour ressembler à des gens sur Instagram, qui eux-mêmes sont retouchés.
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